Chapitre 62 : Tentation

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— Mon bain ? répète la jeune femme, tout bas, incrédule.

— Ton bain. Rien qu’à toi. Moussant et parfumé, avec des bougies tout autour, ajoute-t-il d’une voix enivrante, chaude et grave.

— Vraiment ? C'est... très gentil, parvient-elle à prononcer alors que la bouche d'Erwann s'égare dans son cou, provoquant une multitude de frémissements le long de sa colonne vertébrale.

Tendue, elle réalise qu'elle commence à trembler malgré elle, comme si elle appréhendait ce rapprochement inévitable entre leurs corps. Et pourtant, Dieu sait si l'idée la grise encore plus qu'elle ne l'effraie...

— J’en profiterai pour préparer la soupe de légumes pour ce soir et me laver aussi, dans l’autre salle de bain. Quand tu redescendras, tu n’auras plus qu’à mettre les pieds sous la table et te régaler de ma délicieuse recette aux potimarron et lait de coco.

— Hum, tout cela a l’air succulent. Le bain, la soupe… continue-t-elle énigmatique, tandis qu’il parcourt sa nuque de baisers de plus en plus intenses.

Elle sent son bassin contre sa chute de reins, et bien qu’il ne soit pas complètement collé à elle, elle peut imaginer l’effet que cette position lui procure. Ce qui est sûr, c'est que de son côté, elle frôle le malaise, tant sa tension est montée d'un cran.

— Je te montre tout ça, suis-moi, l’invite-t-il en se reculant et en la prenant par la main pour l’emmener à l’étage.

La maison est très grande et pour la parcourir, il faut emprunter de larges couloirs dont les murs sont habillés avec goût. Y sont suspendus appliques décoratives élaborées et tableaux en tous genres. Des portraits photographiques anciens et plus récents se disputent l’espace avec diverses peintures de paysages ou de personnes. L’ensemble est hétéroclite et donne la sensation d’une maison vivante et dynamique, qui n’est pas restée figée dans le passé de son ancien propriétaire, le père d’Erwann.

De nombreuses plantes naturelles viennent apporter une touche de couleur et raviver le blanc immaculé des espaces qu’ils traversent.

Gwendoline ne s’attarde pas sur la décoration, suivant le rythme de son chevalier servant, qui l’emmène vers sa suite parentale : une chambre avec un grand lit à baldaquin, avec terrasse donnant sur la mer et salle de bain attenante. L’odeur de fleur d’oranger s’est propagée dans toute la pièce et il y fait une chaleur telle qu’elle n’a qu’une hâte : retirer ses vêtements expressément.

Il lui montre les produits de soin : savon, gel douche, gommage, gant de toilette, fleur de douche et serviette moelleuse d’une blancheur impeccable, qu’il dispose sur une petite console prévue à cet effet. En vrai gentleman, Erwann s’apprête à s’éclipser pour la laisser profiter de ce moment en paix, mais la jeune femme ne l'entend pas de cette oreille.

— Attends… lui lance-t-elle, le coeur battant, alors qu’il franchit le pas de la porte.

Erwann se fige, un sourcil relevé en guise d’interrogation.

— Aide-moi, s’il te plaît… A me déshabiller, précise-t-elle rougissante, sans baisser les yeux pour autant, afin d’observer sa réaction.

Il approche doucement, un léger sourire aux lèvres et se place devant elle, la dominant de plus d'une tête et demie. Intimidée, Gwendoline essaie cependant de soutenir son regard perçant, réalisant un peu tard l'ampleur de sa proposition.

Le photographe semble impassible, ne laissant aucune émotion traverser son beau visage franc.

— Sûre ?

— Sûre.

Alors, dans un silence de cathédrale, il commence à la dévêtir.

D’abord, il retire son pull léger, manche après manche et découvre, lorsqu’il le passe par-dessus sa tête, qu’elle ne porte rien dessous. Il marque un temps d’arrêt, observe sa poitrine menue, légèrement tombante, souvenir d’une grossesse et des années qui se sont écoulées. Il n’ose pas la toucher, l’effleurant à peine, pour ne pas réveiller le désir violent qui couve en lui depuis des jours et qui pourrait s’embraser comme un feu de forêt en pleine canicule.

Cherchant des yeux son regard, il relève le menton de la jeune femme de sa main et plonge dans ses iris d’un vert profond, dans lequel dansent les flammes dorées des bougies disposées autour d’eux. L’éclairage de la salle de bain est léger et met en valeur sa peau hâlée, couleur miel de fleurs. Il l’embrasse doucement, du bout des lèvres et demande, incertain :

— Je continue ?

C’est à peine si elle parvient à déglutir, alors parler… D’un signe de tête, elle l’invite à poursuivre.

Debout face à elle, Erwann commence à s’occuper de son bas de Yoga, dont il dénoue le lien lentement, savourant à l’avance ce qu’il va trouver sous le tissu. Tout en suivant le mouvement du pantalon qu’il fait glisser sur ses hanches, il s’accroupit et découvre, au fur et à mesure, son sexe entièrement nu, brun, non épilé, et moyennement fourni. Son souffle se coupe et il s’oblige à rester calme et maître de lui-même.

Continuant son effeuillage, Erwann dénude ses cuisses lisses et galbées, ses mollets dessinés et ses chevilles aux attaches fines, jusqu’à ses pieds manucurés.

Elle les soulève au fur et à mesure qu’il retire complètement le pantalon, s’agrippant à ses épaules massives pour ne pas tomber. Toujours accroupi à hauteur de ses jambes, il embrasse le dessus de sa cuisse gauche, puis la droite, l’effleure avec son nez, tout en remontant vers son bassin, puis vers son visage.

— Tu es magnifique, déclare-t-il troublé. Extrêmement désirable.

— Merci.

— Je t’en prie.

— Et merci pour ton aide, ajoute-t-elle, agréablement surprise par le self-control dont il fait preuve pour ne pas la prendre sur-le-champ sur le lavabo à double vasque.

— Tout le plaisir est pour moi, conclut-il avec un clin d’œil en s’éloignant vers la porte, une protubérance nettement visible au niveau de son entrejambe.

Lorsqu’il est dehors, Erwann s’éloigne de quelques pas dans le couloir, puis s’adosse doucement au mur en pierres apparentes. Il expire une grande bouffée d’air en rejetant la tête en arrière, avec cette impression d’avoir complètement arrêté de respirer tout au long de l’insoutenable exercice. Il remet son sexe en place dans son boxer et secoue la tête, pour en évacuer les idées toutes plus obsédantes les unes que les autres. Ses seins, ses hanches, son sexe, ses cuisses, ses fesses, toutes les parties de son corps lui reviennent en mémoire et il a un mal fou à se contenir, tant les visions qui le traversent réveillent en lui une libido trop longtemps restée en berne. Comme pour atténuer la virulence de son désir, il se tourne face au mur et pose son front dessus, puis le tape à deux reprises, dans l’espoir vain d’assommer son obsession. Peine perdue, elle ne fait que croitre.

Le cœur encore battant la chamade après l’expérience qu’il vient de vivre, il redescend au rez-de-chaussée et se met en quête des légumes dont il a besoin dans le garde-manger pour préparer la soupe qu’il lui a promise.

Bien qu’occupé à préparer le repas, son esprit est avec elle dans la salle de bain, alors qu’il l’imagine complètement nue et trempée dans la baignoire, entièrement recouverte de mousse, les seins pointant en dehors de l’eau.

Il a beau se concentrer pour couper les légumes avec rapidité et dextérité, dans l’espoir de détourner son attention de ce qu’il se passe au premier étage, son esprit est toujours dans les bulles avec elle, à tel point qu’à maintes reprises, il pense à la rejoindre.

Pourtant, il ne le fait pas. Il veut lui laisser du temps, lui montrer qu’il ne s’intéresse pas à elle que pour ça. Et même si elle le teste, même si elle le torture, volontairement ou non, il s’oblige à aller aussi doucement que possible. Elle peut faire monter le désir entre eux, s’amuser de cette attente interminable et de cette envie depuis trop longtemps contenue, il saura résister. Même si cela doit le rendre complètement marteau.

Elle joue avec lui.

Et il aime ça.

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