Chapitre 74 : L’autre visage de l’homme à la pipe

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Il la regarde intensément et attend quelques secondes pour savourer l’effet que ses mots ont sur elle, pour voir son impatience monter encore d’un cran. Elle semble à présent dévorée de curiosité. Alors, tout en continuant à danser, il déclare :

— J’ai envie de te prendre en photo.

— Ici ?

— Oui.

— Tu veux que je me mette en colère pour rester dans le thème de la mer déchainée ?

— Absolument pas. J’aimerais qu’on allume toutes les bougies que l’on trouve dans cet endroit et que l’on prenne des photos de cette jeune femme perdue dans un phare en pleine tempête, qui s’ennuie et attend le retour de l’être aimé…

— Je ne m’ennuie pas, proteste-t-elle. Et je n’attends pas ton retour, tu es déjà là, argumente-t-elle, avant de réaliser trop tard sa confession sibylline.

— Fais comme ci, ajoute-t-il avec un clin d’œil, avant de partir à la recherche du plus grand nombre de bougies à leur disposition.

Au cours de leurs fouilles dans le bâtiment maritime, ils font la découverte de deux magnifiques chandeliers, de bougeoirs décorés et même d’une petite guirlande électrique en parfait état de marche.

— Étrange, tout cet attirail dans un phare ! remarque Gwendoline, en désignant leurs insolites trouvailles.

— J’ai toujours soupçonné Gaston d’être un grand romantique. A coup sûr, il amenait ses conquêtes ici lorsqu’il était…

— Encore en état de marche ? le coupe-t-elle en souriant, ce qui déclenche aussitôt d’irrépressibles éclats de rire chez Erwann.

— Voilà.

Ce dernier, animé par l’énergie de sa passion dévorante pour la photographie, semble reprendre du poil de la bête, après sa lutte au corps à corps avec les éléments marins. Son enthousiasme reprend le dessus sur sa fatigue au fur et à mesure de l’installation du décor de leur shooting improvisé.

— Dans quelle tenue veux-tu que je pose ? Je te préviens tout de suite, je n’ai que ma tenue d’aujourd’hui et un rechange, et cela ne colle pas forcément avec l’ambiance romantico-dépressive que tu veux créer.

— Elle n’est pas dépressive, elle est mélancolique. Mets ton pyjama en satin.

— Je croyais que tu ne l’avais pas pris.

— Je plaisantais. Je voulais voir ta réaction. C’était très mignon quand tu as rougi à l’idée de dormir entièrement nue à mes côtés.

— Goujat ! s’offusque-t-elle en riant et en lui jetant un coussin à la tête.

— Il est tout au fond de mon sac, sous ma trousse de toilettes, dit-il imperturbable, en reposant le coussin qu’elle lui a lancé. Je vais shooter en noir et blanc. Cela fera mélancolique, pas dépressive du tout.

— Bonnet blanc et blanc bonnet. Si tu es mélancolique, tu vis dans le passé, et si tu vis dans le passé, tu te voiles la face d’un présent qui ne te convient pas. Tu ne peux donc être que dépressive, renchérit-elle en attrapant son pyjama noir au fond du sac à dos et en se déshabillant, comme si de rien n’était.

Elle retrouve ses réflexes de modèle et se prépare sans pudeur, retirant son pull en laine à grande encolure pour enfiler le caraco léger et délicat. Le poêle bien alimenté par Erwann a réchauffé l’ensemble de l’étage, où il fait meilleur à présent.

— Ça se tient, poursuit-il en se tournant vers elle avec un grand sourire. Attend, ne bouge pas. Garde ton jean pour le moment, s’il te plaît. C’est joli avec tes pieds nus et le top en dentelle.

Il déplace le gros fauteuil où ils étaient assis face au feu de bois et ajoute une commode derrière, sur laquelle il dépose et organise la multitude de bougies, bougeoirs et autres photophores qu’ils ont dégotés lors de leurs recherches dans tous les étages du bâtiment.

La lumière sourde et déclinante du jour apporte une atmosphère presque inquiétante à la pièce uniquement éclairée par la flammèche des diverses loupiotes.

Lorsque tout est prêt, il l’invite à s’installer, ce qu’elle fait aussitôt, en se mettant instinctivement dans une position recroquevillée, inspirant la fameuse attitude mélancolique qu’il désire.

Erwann commence par quelques réglages et, patiente, la modèle attend son feu vert pour se concentrer. Lorsqu’il est prêt, elle tourne le visage vers la fenêtre, les bras enveloppants ses jambes, imitant une jeune femme pensive, affichant un air un peu désabusé. Il se déplace autour d’elle comme un félin autour d’une proie et se met en quête d’un cadrage plus approprié.

Gwendoline dégage une certaine forme d’intensité, avec un regard très expressif qui le trouble toujours un peu. Il monte sur un tabouret et se met au-dessus d’elle pour obtenir une vue plongeante sur son visage grave et ses beaux yeux verts. En arrière-plan, se dessine son décolleté, d’où apparaît la naissance de ses seins.

Un court instant, il se revoit les lécher avec délectation en début d’après-midi et doit faire preuve de beaucoup de self-control pour rester stoïque et continuer à fixer son objectif.

Pour la séquence suivante, il lui propose de se mettre debout face à la fenêtre et la mitraille de côté, puis de dos. Les ombres portées sur le mur apportent de la gravité à la scène qui semble se dérouler dans un phare hanté.

— J’aimerais bien que tu te retires ton pantalon comme si tu te déshabillais, avant d’aller dormir. Lentement, pour que je puisse capter chaque étape. Et toujours tournée vers la fenêtre pour que la lumière aille directement sur ton cou et ton décolleté.

Gwendoline hoche la tête, très sérieuse, et s’exécute, sentant une légère montée de désir en elle. Elle ne le montre pas et commence à déboutonner son jean, doucement, comme lors d’un striptease. Suivant les indications d’Erwann, elle entreprend de baisser son pantalon avec une lenteur exagérée, en se tortillant un peu, pour faire glisser le jean froid et moulant. Comme à son habitude, elle ne porte rien sous son pantalon, et son intimité se dévoile sous les yeux du photographe qui n’en perd pas une miette.

Troublée par le regard scrutateur d’Erwann, elle essaie tant bien que mal de ne rien laisser paraitre de sa nervosité, ni de l’envie charnelle qui se manifeste dans son corps. Pourtant, ce dernier la trahit malgré elle lorsque la pointe de ses seins durcit sous le tissu léger et que sa vulve se gorge d’excitation sans aucun moyen de le camoufler. Son sexe gonflé et moite est libéré de son étouffante enveloppe de tissu. Une sensation agréable l’envahit lorsque le froid vient caresser sa peau nue.

Erwann se baisse presque au niveau du sol, sur les genoux et commence à appuyer sur le déclencheur, à intervalles réguliers, immortalisant chaque étape de son effeuillage. Lorsque le jean arrive à mi-cuisse, il lui demande de s’arrêter et de ne plus bouger.

Dans la lumière douce, chaude et orangée de la pièce, son corps s’habille d’ombres mouvantes et d’une délicieuse couleur miel. La modèle se tient de profil et la toison brune de son sexe apparait en-dessous de son bas-ventre.

Erwann déglutit à cette vision mais, imperturbable, continue à appuyer sur le déclencheur de sa mitraillette à images…

— A quoi penses-tu ? s’aventure-t-elle à le questionner, voyant ses pupilles noisette briller d’une nouvelle lueur de désir.

Reprenant le ton badin avec lequel il a coutume de la taquiner, il déclare :

— Que c’est une bonne chose qu’il y ait la tempête cette nuit. Après cette séance photo, j’ai envie de t’entendre crier.

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