Chapitre 77 : Un cri dans la nuit (round II)
La jeune femme se frotte à lui, nue et humide, en quête de plaisir. Erwann comprend le message. Elle l'invite à descendre plus bas. Il pose ses mains sur ses seins, stimulant ses mamelons durs, puis s’aventure vers son ventre plat, qu'il embrasse tendrement, avant de se diriger vers son con doux et brûlant.
D’abord, il le contourne, suscitant en elle une frustration agréable, une attente délicieuse. Ses lèvres aspirent doucement la peau ferme de ses cuisses, remontent peu à peu vers son entrejambe. Puis se dirigent vers l’aine, se rapprochant peu à peu de son pubis, qu’il adore. Il en rêve depuis qu’il l’a vu furtivement lors de leur shooting, et depuis, chacune de ses masturbations se termine avec l’image de sa bouche collée contre son intimité.
Lorsqu’il l’avait touchée plus tôt dans l’après-midi, sa patience avait déjà été récompensée, mais à présent qu’il s’apprête à la goûter, le photographe jubile.
Il saisit son appareil et capture l’image de sa vulve gonflée de désir, à peine dissimulée par sa toison légère, écrin de douceur. Au second plan, ses seins menus se dressent dans l’espoir de nouvelles attentions. Plus loin, son visage aux contours flous affiche une expression qui traduit son plaisir.
C’est le tableau « l’origine du monde » revisité.
Il prend un autre cliché, puis un autre encore, commentant ce qu’il voit avec la plus grande sincérité :
— Tu es si désirable, excitante…
— Vraiment ? demande-t-elle en quête d'autres compliments.
— Tu me rends fou.
Gwendoline est une cérébrale. Son point G se trouve au niveau de son imagination, stimulée par les paroles de son amant. Chaque mot échangé au cours de leurs étreintes, chaque compliment reçu et donné, sont pour elle autant de moyens d’atteindre le plaisir suprême.
Erwann l’a bien compris et use et abuse de cette particularité pour la faire grimper encore davantage.
— C’est beau, sensuel…
Il photographie ses lèvres gorgées de désir comme une œuvre d’art et immortalise à jamais l’offrande qu’elle lui fait. Absorbé par les courbes délicates de sa modèle, il appuie une dernière fois sur le déclencheur, avant de ranger l’appareil sur la cagette. Fini la phase d’observation, place à l’application. Il revient vers elle, ému et rempli d’envie, et se coule dans les bras qu’elle lui tend. Tremblante, elle soulève son bassin, plaquant son bas-ventre contre son sexe rigide. Erwann lui prend la bouche avec une violence contenue. Entre deux baisers, il déclare :
— J’en ai fini avec les photos, mais pas encore avec toi…
— Quel sort me réserves-tu ? s’enquit la jeune femme, en respirant plus fort.
— Il fait partie des quatre sorts interdits à Poudlard… explique Erwann embrassant son menton. Ses doigts pincent doucement un de ses mamelons.
Elle ferme les yeux, retient un cri.
— Je croyais qu’il n’y en avait que trois, murmure-t-elle, à bout de souffle.
— C’est parce que celui-ci est très… dangereux. A manipuler avec beaucoup de précaution.
Il glisse sa langue dans son cou, une main toujours sur son sein.
— Mon Dieu, c’est une menace ou une promesse ? demande-t-elle, amusée.
— Un peu des deux, je crois…
Sa bouche s’aventure à présent sur sa poitrine et emprisonne son autre téton entre ses dents ciselées.
— Non, c’est une promesse, en fait, reprend-il.
— Donne-moi le nom de ce sort, quémande-t-elle, dans une supplique presqu’inaudible.
— On l’appelle communément « le pétage de plombs », mais selon les écoles, tu le découvriras aussi sous le nom de « disjoncteur », ou encore de « petite mort »…
Son visage se rapproche de son intimité brûlante. Sa bouche trace des sillons sur son ventre, puis descend jusqu’à la naissance de son pubis, qu’il survole de son souffle chaud, avant de s’arrêter au-dessus de ses lèvres gonflées.
La jeune femme attend et redoute l’instant où… oh !
Erwann glisse sa langue avec une lenteur criminelle. La saveur est unique, indescriptible, enivrante…
Emportée par de nouvelles sensations, Gwendoline se crispe et serre la couette entre ses mains.
Avec le plat de sa langue agile, Erwann remonte de bas en haut, voluptueusement, une fois, deux fois, trois fois. Elle réagit un peu plus à chaque caresse. Sa salive se dépose passage après passage, mélange de fluides exquis.
Sa partenaire est tendue. Il le sent. Elle a peur. Alors, pendant de longues minutes, il s’attelle à sa tâche, rendant la zone plus mouillée, d’abord en s’occupant de tout son sexe puis peu à peu, en se concentrant sur son point sensible. Il découvre les secrets de son corps au fur et à mesure de son exploration.
Après ses doigts cette après-midi, c’est au tour de sa bouche de trouver avec aisance son clitoris, petite excroissance mouvante cachée dans les replis de son intimité. Il joue avec, tourne autour et plus il fait cela, plus sa partenaire gémit, surtout quand il lui stimule les mamelons au même moment. C’est la combinaison gagnante pour la faire s’envoler. Et Erwann est un excellent pilote.
Gwendoline se mord les lèvres, comme si elle avait honte de s’exprimer, de dire tout haut l’incroyable et tenace sensation de plaisir qu’il lui procure. Alors qu’elle devient de plus en plus excitée, Erwann aimerait l’entendre crier, hurler… mais se retient de lui donner des ordres, de peur de l’effrayer. Pourtant il ne rêve que d’une chose désormais : se montrer directif envers elle, pour ne pas dire brutal... Cette pulsion nouvelle le déroute. Stimulé par la sensualité de sa compagne, il devient un autre. L’attitude langoureuse de la jeune femme le fait sortir de ses gonds. Elle l’incite à se montrer autoritaire et à endosser un rôle de mâle dominateur. Elle le pousse dans son animalité, en dehors des barrières de la bienséance. Il ne s’est jamais senti aussi masculin, aussi viril que depuis qu’elle est dans sa vie. Qui est-il vraiment ?
Qui est-elle vraiment ?
— Continue, Erwann, continue, je t’en prie, supplie-t-elle, torturée de plaisir.
Elle n’a plus peur.
Elle veut jouir.
Elle veut qu’il la fasse jouir.
Il accélère le mouvement. Elle commence à lâcher prise et bouge son bassin en rythme et le soulève pour que la pression qu’il exerce augmente. Quelques secondes supplémentaires suffisent. La langue du jeune homme vibre si adroitement, si intensément, si précisément, qu’elle décolle avant même d’avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrive, propulsée aux portes de l’extase. Elle se contracte, se tend, s’arc-boute puis pousse un râle sauvage qui semble suspendu dans l’air. Suivi aussitôt d’un cri qui se répercute dans la pièce, contre toutes les parois du phare. Elle jouit sans retenue, envahie par une succession de spasmes qui l’assaillent et la délivrent tout à la fois.
Erwann exulte, ravi. Le photographe ne la stimule plus, mais garde un contact étroit avec son intimité, jusqu’à ce que sa respiration se fasse plus lente et que son corps se relâche.
Au fur et à mesure que décroit son orgasme, Gwendoline redescend sur Terre. Elle revient à elle, amorphe, avant de se sentir comblée et détendue.
En douceur, elle attire Erwann vers elle et ce dernier quitte son bas ventre pour remonter vers son visage, tout en parsemant de baisers son corps tatoué à l’odeur enivrante.
Il s’allonge sur elle, sans l’écraser. Elle l’accueille dans ses bras, reconnaissante, transportée d’amour et de bonheur. Il glisse sa tête dans son cou et ses cheveux viennent la chatouiller. D’un geste tendre et machinal, elle les recoiffe. Puis dégage les mèches rebelles de son visage et caresse la barbe de ses joues.
— C’était quoi ça ? demande-t-elle, d’une voix éreintée.
— Un orgasme, répond-il, le plus sérieusement du monde.
Elle se met à rire doucement, complètement épuisée.
— Sans dèc’ ? C’est donc ça… continue-t-elle à plaisanter à voix basse.
— Je t’avais prévenue, il fait partie des sorts impardonnables…
— Pour lequel, je pourrais, pourtant, très facilement te pardonner… achève-t-elle de dire, exténuée.
Erwann pose sa tête sur sa poitrine moite. L’oreille collée contre sa cage thoracique, il écoute les battements de son cœur ralentir au fur et à mesure. Ce son lui semble si apaisant, si vrai… comme s’il doutait parfois qu’elle soit bel et bien vivante. Tout ce bonheur est-il réel ?
Le silence a envahi la pièce, bien qu’à l’extérieur, la tempête fasse toujours rage, ce dont ils ne se sont absolument pas rendus compte. Les flammes des bougies font des ombres chinoises et dansent sur les murs et le plafond.
La jeune femme cligne des yeux. Ses paupières sont lourdes et difficiles à garder ouvertes. Elle frémit. Son hôte soulève la couette et l’aide à se mettre dessous. Puis part chercher deux plaids épais qu’il ajoute sur leur couche. Enfin, il déplace son appareil photo jusqu’à la commode et revient se mettre au chaud dans le lit, après avoir retiré son caleçon. Il a l’habitude de dormir nu et se doute qu’à ce stade de leur relation, elle ne verra aucun inconvénient à ce qu’il se mette à l’aise.
Gwendoline n’en prend pas ombrage lorsqu’il se glisse ainsi sous la couette. Elle ne bouge plus, plongée dans une torpeur agréable, le corps léger comme une plume. Erwann l’entoure de ses bras et se serre contre elle, la sentant peu à peu sombrer dans un état cotonneux.
— Je suis désolée, je n’ai plus la force de bouger…. Laisse-moi quelques minutes et je m’occuperai…
— Chut, l’arrête-t-il gentiment en posant un doigt sur sa bouche. Profite et repose-toi.
— Mais, toi…
— Moi, je vais très bien merci, répond-il, taquin.
— D’accord… Une dernière chose.
— Oui ?
— Est-ce que tu tiens toujours tes promesses ? demande-t-elle, la voix à peine audible.
Repensant à leur discussion pendant qu’il s’occupait d’elle, Erwann pouffe de rire. Il lui caresse le bras en de doux aller-retours et déclare, solennel :
— Je tiens toujours mes promesses, oui.
Gwendoline s’endort en quelques secondes, bercée par les caresses de son amant. Il la regarde de longues minutes, et plus il l’observe, plus son cœur se gonfle d’amour pour elle, si forte et si fragile à la fois. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti ce serrement dans la poitrine. C’est un doux mélange de bonheur et d’angoisse quand il réalise qu’elle ne peut pas lui appartenir, étant donné que c’est une personne à part entière, différente de lui. Elle ne pourra jamais être à lui, seulement être à côté de lui, ce qui n'est pas assez. Il voudrait la posséder corps et âme, et être à elle de la même manière. Ce qu’il ressent est à la fois merveilleux et effrayant… comment est-il possible qu’en si peu de temps, la jeune femme lui soit devenue aussi indispensable que l’air qu’il respire ? En attendant, profite, pense-t-il en se blottissant contre elle, pour se repaitre de son odeur, sa chaleur et son souffle régulier.
— Bonne nuit, mon amour…
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