Halloween
La fraîcheur de novembre approchait peu à peu et le vent était maintenant dominant dans les rues de New York. Néanmoins, la ville s'était étrangement métamorphosée avec l'apparition de nombreuses décorations d'Halloween. Les toiles d'araignées remplissaient les devantures des magasins, les citrouilles prenaient place au centre de celle-ci... On était vendredi, et la soirée s'annonçait d'enfer. Les jeunes enfants faisaient déjà du porte à porte afin d'obtenir des bonbons et d'autres cochonneries désappréciés des dentistes.
Dans l'appartement, la lueur tamisée des bougies créait une atmosphère mystique. Adam, toujours le fan ultime d'Halloween, était surexcité depuis plusieurs jours. Il avait prévu le déroulement de toute la soirée, du choix des jeux effrayants aux cocktails spéciaux.
Je n'avais jamais réellement eu l'occasion de fêter cette journée lorsque je vivais à Danbury, je n'avais pas d'ami avec qui le fêter et la tournée de bonbons avec ma mère remontait à mon enfance. Mon arrivée à New York signifiait donc symboliquement la possibilité de profiter de la fête d'Halloween. Et comme une première fois, jétais à la fois surexcité et terriblement angoissé. Ce dernier sentiment ne m'étais pas inconnu. Heureusement, je n'étais plus seul puisque j'étais entouré d'amis et d'une petite-amie pour profiter de cet évènement.
Adam avait donc ordonné à tout le monde de se retrouver à notre appartement pour 18 heures afin de se déguiser tous ensemble. Matthew et Chloe étaient les premiers arrivés et avaient apportés avec eux un sac rempli de costumes et décorations, Tiffany arriva juste après eux. Enfin Gwen et Julie finirent par arriver avec un peu de retard. Elles avaient pris une valise entière de maquillage et autres nécessaires pour que l'on puisse se costumer.
Une heure plus tard, nous fûmes prêt grâce aux talents de Gwen pour le maquillage et la peinture, nous étions terrifiants. Julie était en train de terminer de se maquiller en sorcière, appliquant soigneusement le maquillage noir autour de ses yeux. Elle me jeta un regard complice.
- Tu penses que je serai suffisamment effrayante ? demanda-t-elle.
- Oh, tu serais effrayante même sans maquillage. Tu as un talent naturel pour jeter des sorts.
Adam, en tant qu'organisateur de la soirée, se déguisa en vampire, avec des canines proéminentes et une cape noire. Il contempla son reflet dans le miroir et ajusta son costume puis ses cheveux qu'il avait plaqués pour l'occasion.
- Je suis prêt à hanter cette soirée, annonça-t-il.
Gwen, déguisée en fée, ajouta les dernières touches à son maquillage de sorcière. Elle se leva et fit une petite danse pour dévoiler sa transformation.
- Regardez, je suis une sorcière maléfique déguisée en gentille fée. Une véritable magicienne de l'illusion, dit-elle fière d'elle.
Matthew, grimé en loup-garou, riait avec Chloe, qui avait décidé de se déguiser en chat noir. Leurs costumes étaient choisis avec soin, et ils échangeaient des taquineries amicales sur la créativité de l'autre.
Tiffany, déguisée en Frankestein, avait préparé des cocktails pour l'occasion avec des noms tels que "Sang de Vampire" et Fumée de Sorcière". Nous trinquâmes aux délicieuses concoctions, en appréciant le mélange d'ingrédients exotiques et de glaçons fumants de nos verres.
La soirée se poursuivit avec des jeux de société effrayants, notamment un jeu d'évasion dans lequel nous devions résoudre des énigmes pour sortir d'une maison hantée. Les éclats de rire, les cris de surprise et les moments de tension rendirent le jeu encore plus excitant.
Matthew se leva pour animer la séance de contes d'horreur improvisée. Nous étions assis en cercle, à la lueur des bougies, et chacun raconta une histoire effrayante. Les récits varièrent du classique de la maison hantée à des histoires de monstres sous le lit. Tiffany raconta une histoire particulièrement sinistre sur un monstre vivant dans les placards de New York qui fit frissonner tout le monde.
- Et quand le monstre a ouvert la porte du placard, il n'y avait rien... sauf un regard vide qui le fixait dans le miroir, conclut-elle, ajoutant un effet dramatique en pointant vers un vieux miroir dans le coin sombre de la pièce.
La nuit avançait, et nous décidâmes de faire un tour dans les rues pour admirer les décorations d'Halloween. Les citrouilles illuminées lançaient une lueur surnaturelle sur les trottoirs, et les rues étaient toujours animées, même tard dans la nuit. Les citadins si banaux habituellement s'étaient métamorphosés en monstres en tout genre.
Nous atteignîmes finalement Greenwich Village où avait lieu la parade avec des milliers de monstres déambulant dans la joie et l'ivresse. Des sorciers, des zombies, des vampires, et tant d'autres monstres fantasques se dévoilaient dans les rues. Nous avançames dans la foule, mon coeur se mit à battre à tout rompre. L'angoisse se réveillait en moi tel un animal fantastique. Je regardai tout autour, mes amis admiraient le quartier, discutaient, rigolaient. Leurs mots me parvenaient déformés, amplifiés dans un sens, attenués dans l'autre. L'air frais me brûlait les poumons. Une main me serra la mienne. Je tournai la tête, c'était Julie qui me fixait avec inquiétude.
- Ça ne va pas ? m'interrogea-t-elle.
J'ouvris la bouche mais aucun son n'en sortit... Elle me serra dans ses bras.
- Tout va bien, tu n'es pas seul. Je reste avec toi.
Elle m'emmena vers une rue adjacente, me tirant miraculeusement de la foule. À mesure que nous avancions, les monstres présents diminuaient et se transformaient pour redevenir de simples passants, bien moins nombreux. Julie m'emmena vers un arrêt de bus afin que l'on puisse s'asseoir.
- Que s'est-il passé ? demanda-t-elle.
- J'ai... J'ai eu une crise d'angoisse, annonçai-je honteux.
- Tu en avais déjà fait ? continua-t-elle.
- Oui, j'en ai depuis plusieurs années, et c'est la deuxième depuis que je vis à New York, avouai-je. La première a eu lieu.............. et c'est Tiffany qui m'a secouru.
- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?
- Je me sentais nul.
- Mais il ne faut pas, j'aurais juste aimé savoir afin que je puisse t'aider, dit-elle.
- Pardon.
- Je ne t'en veux pas, tenta-t-elle pour me rassurer. Je vais envoyer un message à Gwen pour la prévenir que l'on rentre. D'accord ?
- Oui, je veux bien, acquiesçai-je lamentablement.
Nous partîmes en direction de son appartement, la fatigue et la honte pesaient sur mes épaules, et je n'avais qu'une hâte : arriver. Au bout d'une demi heure qui semblait être une éternité, nous arrivâmes. Le silence du salon m'apaisa plus que je ne l'avais espéré.
- Veux-tu un thé ou un chocolat chaud ? proposa-t-elle.
- Je veux bien un thé s'il te plaît, répondis-je tandis que je m'asseyais sur le canapé.
- D'accord, je m'en occupe. Tu nous cherches un film à regarder ? lança-t-elle tandis qu'elle se trouvait dans la cuisine.
- Quel genre ? demandais-je.
- Comme tu veux, c'est toi qui choisis ce soir.
Je décidai de mettre un film de super-héros que j'avais déjà vu mais que j'appréciais toujours regarder lorsque j'étais un peu déprimé. Julie revint avec deux tasses de thé fumant.
- Merci, dis-je en prenant la mienne.
La chaleur du thé me rechauffa lentement, dissipant l'angoisse qui m'avait envahi dans les rues animés de Greenwich Village. Nous nous installâmes confortablement sur le canapé, blottis sous un plaid, prêt à passer la fin de soirée à regarder un film. L'écran de la télévision s'illumina, et nous nous laissâmes emporter par l'action palpitante des justiciers masqués. La présence de Julie à mes côtés apaisa mon esprit torturé.
Le film se déroulait, et je m'immergeais progressivement dans l'histoire. Les personnages, les effets spéciaux et l'intrigue captivante m'aidaient à oublier l'incident de la soirée. Julie et moi partageâmes quelques rires, commentant certaines scènes.
Au fil du temps, la tension qui m'avait envahi commença à se dissiper, laissant place à un sentiment de détente. Julie me jeta un sourire compatissant et posa sa tête contre mon épaule. Je posai doucement mon bras autour d'elle, reconnaissant de sa présence réconfortante.
Le film toucha à sa fin, et nous nous regardâmes, satisfait de cette fin de soirée paisible. Julie posa sa tasse vide sur la table basse et se tourna vers moi.
- Ça va mieux ? demanda-t-elle doucement.
- Oui.
- Veux-tu en parler ? Peux-tu m'expliquer ce qui s'est passé exactement ? proposa-t-elle.
- Je veux bien, dis-je hésitant.
- Je t'écoute.
- Euh, alors... Lorsque j'étais au College, j'ai été harcelé par les autres élèves et j'ai subi des sévices. Je suis tombé en dépression et on m'a prescrit des médicaments. Mon départ pour New York était donc un espoir d'oublier tout cela. Cependant, j'ai fait des crises d'angoisse comme celle de ce soir, avouai-je finalement.
Je fixai maintenant les pieds de la table basse, j'avais honte mais je me sentais finalement soulagé par cet aveu qui me pesait énormément depuis plusieurs semaines.
- Merci de t'être confié. Ça ne doit pas être facile, mais je suis maintenant là pour toi. As-tu cherché de l'aide professionnelle depuis que tu es à New York ?
- Oui, je suis suivi par un psychiatre avec qui ont travaille dessus, expliquai-je.
- C'est génial ! Sache que je suis là si tu souhaites parler.
- Merci.
- Tu n'as pas à me remercier. Nous sommes là l'un pour l'autre et je ne te laisserai jamais tombé.
J'acquiesçai, sentant une bouffée de chaleur et de gratitude envers mes amis qui m'entouraient, prêts à m'aider dans les moments difficiles. Mais aussi Julie qui avait décidé de faire un bout de chemin avec moi et qui me procurait beaucoup de bonheur. Cette soirée d'Halloween avait peut-être commencé par une crise d'angoisse, mais elle se terminait dans l'apaisement et le soutien.
Nous restâmes là, à profiter de la tranquillité de l'instant, appréciant la présence l'un de l'autre, tandis que les rues de New York continuaient de résonner des rires et des festivités de la nuit d'Halloween.
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