Un jeune homme pour de grandes responsabilités
Après dix ans d’affrontements, Magnus Rex, roi d’Ifandar, ou plutôt devrait-on dire dictateur, était enfin mort. Après avoir fait vivre un véritable calvaire à son peuple durant plus de vingt-cinq ans, celui-ci s’était rebellé violemment. Dix ans auront été nécessaires pour tuer ce tyran. Dans l'heure qui suivit sa capture, il fut guillotiné sur la grande place, au centre de la cité. Son sourire mesquin demeurait encore sur son visage après que ses épaules furent soulagées du poids de sa tête. Les pertes, humaines et matérielles, ainsi que tous les efforts accomplis, n’auront pas été vains.
Mais désormais, il fallait trouver un nouveau dirigeant pour le royaume. L’entièreté de la population s’accorda sur un tirage au sort, que certains décrivaient comme un vote, dans le seul but de rendre cette solution plus légitime. Chaque homme, chaque femme, et même chaque enfant, âgé d’au moins douze ans, était candidat. "Cette méthode écartera toute forme de corruption" avait justifié un organisateur.
Brice Hart, du haut de ses quatorze ans, était très peu intéressé par ce vote. Il savait que, comme tout le monde, il figurait sur la longue liste de candidats. Néanmoins, il préférait aider son père, un très pauvre paysan, à reconstruire ce qui pouvait l’être. Il était fils unique, sa mère avait péri durant la guerre. À ce moment-là, Brice avait onze ans. Son cœur était empli de haine, envers Magnus Rex, envers la guerre, et envers lui-même. Bien qu’il n'y fusse pour rien, il se sentait terriblement coupable du sort qui s’était acharné sur sa défunte mère.
Quand le scrutin eut lieu, Brice était en train de rassembler les pierres d’un petit muret en ruines. Le résultat du vote, le nouveau dirigeant, l’avenir du pays, tout cela l’importait peu. Il fut cependant complètement déstabilisé quand son père, qui avait assisté au dépouillement, était venu lui annoncer que Brice était officiellement le nouveau roi d’Ifandar. Il crut dans un premier temps à une mauvaise blague. Mais il vit rapidement que son père utilisait un ton des plus sérieux. Sur la totalité des noms qui figuraient sur la liste, c’est le sien, Brice Hart, qui avait été tiré. Il avait énormément de mal à y croire, et ceci était tout à fait compréhensible. Dans les minutes qui suivirent, de nombreux citoyens, de vulgaires inconnus, se jetèrent sur lui. Jusqu’ici, absolument personne, si ce n’est son pauvre père, ou encore sa défunte mère, ne s’était préoccupé de lui. Quelle ironie... En une minute tout au plus, il était devenu l’homme le plus important du royaume. Des gardes les escortèrent, lui et son père, sur la route menant au palais, où ils allaient demeurer, jusqu’à ce que la mort vienne les en retirer.
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Un mois après sa nomination en tant que souverain d’Ifandar, Brice était perçu comme un roi bon et à l’écoute de son peuple. Ses origines, directement liées à ce-dernier, lui permettaient d’agir à la perfection face aux diverses crises que connaissaient les paysans, artisans et commerçants du royaume. Tous les citoyens l’appréciaient, il faisait l’unanimité. Grâce à lui, tous les secteurs publics avaient été réformés, notamment l’armée royale, qui avait subi une réorganisation totale. La jeunesse du nouveau roi représentait son seul possible défaut. Mais malgré cela, il s’en sortait étonnamment bien. Certes il commettait parfois de légères fautes diplomatiques, mais sa grande maturité lui permettait de les rattraper. Tout le monde s’accordait sur un point, Brice Hart allait restaurer la grandeur d’Ifandar et de son peuple.
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