Le voisin rentre précipitamment chez lui et prend le téléphone :

- Docteur ! L’heure est grave, cette fois, il a pris racine…

- Qu’est-ce que vous dites ? Vous plaisantez, j’espère, écoutez ! Je n’ai pas de temps à perdre avec vos plaisanteries de gamins, passez-le-moi ou rappelez-moi quand vous quelque chose de plus sérieux.

- S’il vous plaît Docteur, c’est vraiment très sérieux, cette fois il a pris racine.

- Pris racine ? Mais qu’est-ce que vous me chantez là.

- Heuuu ! comment vous expliquer...en fait c'est simple, c'est comme si vous aviez planté une bouture, vous voyez ?

- Vous vous moquez de moi, c'est une blague, bon assez plaisanté, comment va-t-il ?

- Ça ! je ne sais pas !

- Comment vous ne savez pas ? c'est pas difficile, il va bien ou il va pas bien, est-il souffrant ?

- Docteur, je pense que vous devriez venir constater par vous-même.

- La plaisanterie a assez duré, passez-le-moi s'il vous plaît.

- Impossible ! puisque je vous dis qu'il a pris racine, allez-vous me croire a la fin ?

- Mais comment est-ce possible ?

- Et bien comment dire… Il semble être devenu un arbre…

- Un arbre maintenant ? Bon amenez le ici, nous pourrions voir cela de plus près ?

- Désolé ! Mais les racines ont l’air solidement ancrées, il va vous falloir procéder sur place.

- C'est une histoire de fou, cela n'a que trop duré, puisqu’il en est ainsi, j’arrive avec le Kiné, on va régler cela sur place… Non mais quelle affaire, je vous jure !

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Trente minutes plus tard le médecin et le kiné arrivent; Consternation…

- Ouh lala ! Mais c’est qu’en plus il a des branches le bougre et puis il est dur comme du bois, je vais l’ausculter pour vérifier si son cœur bat encore…

- Je vous avais bien dit Docteur que c’était un arbre ; dit le voisin, sourire en coin.

Le docteur fait mine de n’avoir rien entendu, il prend son stéthoscope le porte à ses oreilles et commence l'auscultation.

- Fichtre, je n’entends rien, je crains que l’arbre n'ait pris le dessus, je ne voulais pas y croire, je pensais que c’était passager; Et bien mon cher collègue nous avons affaire à un cas d’espèce.

- Je dirais même plus, nous avons affaire à un spécimen rare, quel type de saule est-ce ?

- Il prétendait que c’était un saule Marsault.

- Ce sont les autres voisins qui ne vont pas trouver cela drôle.

- Pourquoi donc ?

- Savez-vous qu’un saule pleureur peut faire des racines qui viennent jusqu’à boucher les canalisations, soulever les fondations ? Vu la proximité de la maison, je crains qu’un jour il ne faille l’abattre.

- Vous n’y pensez pas ! Je vous rappelle que c’est de Robert dont vous parlez, vous en avez de drôles vous alors !

- Excusez, je l’avais oublié, vous avez tout à fait raison. Mais dans ce cas que pouvons-nous faire ?

- Je vais faire un prélèvement pour vérifier son état de santé ?

- Et comment comptez-vous procéder ? N’oubliez pas que c’est un arbre ;

- Pas du tout, pas du tout, je vais faire une carotte afin de voir l’intérieur, c’est la façon de procéder pour connaître l’âge d’un arbre et son état de santé, vous êtes d'accord avec moi, hein ?

- Vous voulez faire un trou dans Robert ? Décidément Docteur vous êtes un vrai sans-cœur ;

- Mais il est devenu un arbre ! Il ne sentira rien ;

- En êtes-vous si sûr ? Qui vous dit qu’il ne nous entend pas ? Qui vous dit qu’il ne souffrira pas ?

- Rien en effet, mais alors ? Que fait-on ? On ne peut pas le laisser comme ça ? Nous avons besoin de savoir si c’est encore Robert ou s’il est vraiment devenu un arbre, nous devrions consulter un spécialiste.

- Bonne idée ! Consultons maître Saulnier, l’arboriculteur…