Chapitre 3 : Un nouveau professeur.

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Alex et Selim rembobinaient leurs attributs dans leurs pantalons avant de s’éclipser des toilettes. Après deux mois sans se voir, le duo d’ami profitait de chaque instant pour discuter, dont cette petite pause octroyée par leur professeur.

  • Aaaah, j’en pouvais plus ! s’exclama Selim en étirant ses bras au-dessus de sa tête. Sérieux, ils y vont fort sur la reprise ! Ils sont déjà là à nous causer des travaux de groupe… Pfff, laissez-nous vivre !! continua-t-il, cette fois en serrant les poings.
  • Allez, plus qu’une heure et c’est la récréation… répondit Alex tout en déposant une main sur son épaule en guise de réconfort.
  • T’es un gosse ou quoi ? se moqua-t-il. Mais j’y pense, ça te dit qu’on se mange un bout après les cours ? J’ai l’impression que ça fait une décennie qu’on s’est plus fait un truc ensemble !
  • Alors… Quand tu veux, mais pas ce soir.

Un instant, le plus bronzé des deux s’arrêta et regarda son ami d’un air bête. Quand un fin sourire s’étala sur les lèvres de son pote, Selim fit de même et secoua la tête, sans savoir s’il devait rire ou pleurer :

  • Les femmes avant les potes, c’est ça ? Eh ben, bravo.
  • Je t’explique, fit le grand en enroulant son bras autour de son épaule. Je sors des cours, je vais chercher de quoi souper, et une fois que je serai dans la chambre de Faye, je ne-la-quitte-plus.
  • Haaaa, c’est pour ça que t’es tout expressif aujourd’hui ? Je parie que tu ne vas même pas tenir cinq minutes, le charria-t-il en rigolant fort.
  • Rien ne m’empêche de le faire une deuxième fois, puis une troisième et une quatrième…
  • T’es vraiment un obsédé…
  • Tu plaisantes ? J’ai plus vu Faye depuis l’enterrement… Elles vont se nécroser, si ça continue, se défendit-il en pointant son entre-jambe du doigt.
  • Tu n’auras que ce que tu mérites ! Mais… Il faudra que je prévoie un moment avec Faye, ça fait longtemps aussi qu’on a plus discuté juste tous les deux. Ça ne te dérange pas ?
  • Hum, non… Au contraire, c’est une bonne idée. Et toi ? Tu n’es pas pressé de passer du temps avec Nice ?
  • Oh que si ! J’attends que ça ! J’ai pas eu la chance de la voir des vacances, MOI !
  • … Et après, c’est moi le pervers… plaisanta Alex.

À nouveau, Selim freina sa marche. Les mains dans les poches, il fit une grimace, entre l’embarras et la honte.

  • Ouais… Enfin…
  • Ou alors… ? Vous n’en êtes pas à ce stade ? demanda-t-il un sourcil levé. C’est vrai que tu ne m’en as jamais parlé… enchaîna-t-il de suite en le voyant devenir de plus en plus rouge.
  • Je suis pas obligé de tout te dire non plus !
  • Te fâches pas… Tu as besoin de conseils ? Vous dormez ensemble pourtant, non ?
  • Alex, c'est bon, je sais comment on fait et … Il n'y a pas que le sexe dans la vie… lâcha-t-il en rejetant sa main bienveillante.
  • Excuse… Je ne pensais pas que ça t’embêterait… répondit-il, lui aussi un peu plus froid.
  • Non, c’est moi… On n'en est pas là avec Nice et… Ouais, ça peut paraître choquant, parce que ça fait longtemps qu’on est ensemble. Donc ça me frustre, car tu ne peux pas comprendre, je pense.
  • Je blaguais, le rassura Alex en attrapant son crâne dans sa grande main. Chacun son rythme, que ce soit toi ou Nice, ok ?

Il hocha de la tête, gêné. La vérité, c'était qu’il n’avait aucune idée de ce que pouvait en penser Nice. Ils avaient seulement commencé à dormir ensemble à la fin de l’année scolaire précédente. Il fut arraché de ses pensées quand Alex se figea et l’attrapa pour faire demi-tour :

  • Dépêche-toi… marmonna-t-il en précipitant ses pas.
  • Mais, qu’est-ce que t’as ? La salle de classe est de l’autre côté… ?
  • Bonjouuur, mes zamours !!

Plein d’entrain, Steve sauta sur le dos d’Alex qui se courba en deux sous son poids et émit une plainte. L’Asiatique s’accrocha à son cou pour lui coller des bisous partout. Selim couvrit sa bouche, mort de rire jusqu’à ce qu’il essaye de s’attaquer à lui. Les attrapant chacun par une épaule, il semblait très heureux.

  • Vous allez bien les copains ? Encore un peu et j’aurais cru que vous m’évitiez, surtout toi mon lapin ! s’exclama-t-il en ébouriffant le blond qui n’avait qu’une envie : fuir à toute vitesse. Tu sais, on s’est beaucoup rapprochés en Russie, lui et moi, provoqua-t-il alors Selim.
  • Oh… J’aurais dû me douter que tu me trompais ! s’exclama-t-il en faisant semblant de pleurer.
  • Ne rentre pas dans son jeu !! s’énerva Alex, qui pourtant perdait rarement son sang-froid. Tiens, voilà Kyle, retourne avec lui… grogna-t-il avant de se rendre compte de la beauté qui l’accompagnait.

Devant une classe où les élèves attendaient en rang, les trois garçons en train de se chamailler s’arrêtèrent pour observer le petit journaliste. Les cheveux légèrement plus court, avec toujours quelques mèches rebelles devant les yeux, il ressemblait à un enquêteur dans sa tenue, son calepin à la main. Il interrogeait une très belle femme : taille parfaite, courbe généreuse, une coupe à la garçonne, mais pas trop courte. Elle tenait timidement un cahier pour cacher sa poitrine et regardait Kyle avec beaucoup de méfiance.

  • Alors là… siffla Selim qui regarda la belle brune de haut en bas.
  • Huuuuum, c’est qui ça ? Une prof ? la détailla également Alex. Tu sais toi ? Autant que tu serves à quelque chose ? demanda-t-il à Steve.

Il n’eut pas de réponse, mais remarqua que l’asiat avait réussi à ouvrir ses yeux bridés plus que d’habitude. Ils brillaient légèrement. Déglutissant, il fit “non” de la tête. Une idée de vengeance s’installa dans la tête d’Alex qui l’accrocha fermement en s’approchant.

Selim y allait gaiement :

  • Déjà sur une affaire, Kyle ? s’exclama-t-il au point de faire sursauter la jeune femme.
  • Déjà en train de sécher les cours ? répondit-il en brandissant immédiatement son appareil photo pour s’armer de preuves.
  • Comment ça ? Les garçons dans quelle classe êtes-vous ? Il a sonné, vous devriez vous dépêcher d’y retourner…

Ses lèvres peintes d’un rouge vif attirèrent les trois d’entre eux.

  • Vous avez raison, mais il avait envie de vous voir d’un peu plus prés, répondit Alex en poussant Steve qui fit tout son possible pour ne pas paraître nerveux.

D’un air mi-sévère mi-adouci, la dame le regarda longuement.

Kyle s’en donna à cœur-joie :

  • Sylvia, répéta-t-il plusieurs fois en chantonnant. C’est exactement pour cette raison que je vous ai mis en garde pour votre décolleté. Vous allez les rendre tous fous !
  • Bon sang ! s’exclama-t-elle en couvrant à nouveau sa poitrine. C’est bien mignon, mais je ne te permets pas de m’appeler par mon prénom et vous, retournez dans votre classe ! Ce n’est pas parce que je suis nouvelle dans l’établissement que vous pouvez vous moquer de moi.
  • Madame, soupira-t-il, vous apprendrez bien vite que ce ne sont pas les professeurs qui règnent ici…
  • Et que ça saute ! s’écria-t-elle en brandissant son cahier en l’air.

Après un sauve-qui-peut général, les garçons s’enfuirent jusqu’à leur étage attitré tandis que la nouvelle professeure faisait entrer ses élèves. Dans un coin de sa tête, Alex gardait au chaud ce qu’il venait de découvrir. En entendant Steve récolter à son tour des informations sur la Sylvia, il s’y tenta :

  • Tu es bien intéressé, dis donc.
  • Comment ça ? demanda Kyle, curieux.
  • Il avait des yeux comme ça ! s’écria Selim en agrandissant ses yeux du plus qu’il le pouvait. En même temps avec une paire de seins comme…
  • Je prenais simplement connaissance de cette nouvelle personne, le coupa le concerné d’un air strict.
  • Et du coup ? Sa taille de bonnet ? continua Alex à l'enquiquiner.

Selim s’accrocha à son meilleur pote, hilare, tandis que Steve se rangeait du côté du journaliste. Malgré les rires, le blondinet, lui, récoltait vraiment tout ce qu’il trouvait d’intéressant.

***

Après avoir remonté du mieux qu’elle pouvait son gilet, la fameuse Sylvia se planta au milieu de la classe pour prendre connaissance des élèves qui la composaient. Elle était, en effet, très belle, les jeunots de première rougissant derrière leur banc.

  • Bonjour à tous, je vais commencer par me présenter. Je m'appelle Sylvia Leli...

Diplômée d’un bac de psychologie et d’un master en sexologie, la jeune femme avait eu quelques soucis pour ouvrir son propre cabinet. D’où une première année d’enseignement en tant que professeur de morale. Le peu de chance qu’elle possédait l’avait quitté lorsqu’elle fut remplacée par quelqu’un de plus qualifié et de moins “distrayant”. À croire qu’être belle ne lui apportait que des mésaventures… C’est ce qu’elle pensait jusqu’à que le vieux Monsieur Xavier craque totalement pour sa beauté. Bien qu’elle eût conscience d’avoir été choisie en partie pour sa poitrine, elle comptait bien donner le meilleur d'elle-même avec ses élèves, et ce, dans un cours de citoyenneté.

  • Nous aborderons donc autant des sujets philosophiques que des questions qui concernent notre société, liées à l’éducation, à la politique, à l’éthique… J’aimerais que nous construisions ce cours ensemble à travers divers débats, si ça vous dit ? C’est une matière assez vaste et, à part quelques sujets qui sont obligatoires, je me suis dit que ça pouvait être sympa que vous me fassiez part de vos envies, de vos questionnements, pas d’ordres personnels bien sûr… Ce n’est pas mon rôle. En tous les cas, j’espère que nous nous entendrons bien. J’oubliais de vous dire que je suis votre titulaire attitrée ! Est-ce que vous avez des questions ?

D’abord timide, un garçon sous le charme osa en poser une :

  • Vous avez quel âge Madame ?
  • Je viens d’avoir vingt-trois ans, cet été. Non, ça ne me dérange pas de vous le dire, il n’y a pas de mal, expliqua-t-elle en découvrant leurs bouilles étonnées.

Les présentations faites, elle passa aux présences en brandissant sa liste. Elle apprécia ce moment d’échange avec les élèves qu’elle suivrait tout au long de l’année. Elle avait bien conscience du petit effet qu’elle faisait à certains, mais plus ça allait, plus ils s’habituaient. La plupart des filles la trouvaient sympathique, alors qu’elle avait connu autrefois de la jalousie de la part de ses étudiantes. Tout irait sans doute pour le mieux, sauf peut-être avec ces deux élèves : Lysen Makes qui regardait tout le monde de haut et Leroy Dan’s qui à l’inverse, n’accordait d’attention à personne.

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