Chapitre 39 : Le vin de nos veines.

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Dans une salle de classe, après les cours, Sylvia corrigeait des copies dans un silence pesant. Il n'y avait que le bruit de la plume de son stylo grattant sur la feuille. Mettant ses propres problèmes de côté, la belle jeune femme attendait patiemment Alex Stein, les jambes croisées. L'Italienne était toujours bien habillée, cette fois dans une robe moulante bicolore qui descendait jusqu'à ses mollets.

Elle était si concentrée qu'elle n'entendit pas tout de suite Alex arriver, sac à dos pendu à l'épaule. Il se racla la gorge pour marquer sa présence.

Celui-ci s'installa en face du vieux bureau, qui gardait de son charme antique, avec peu de conviction, secouant sa tête pour dégager une mèche blonde rebelle.

La brunette enfonça sa joue dans sa paume.

Bien qu'il gardât toujours cette façade neutre, il se montrait également sous un mauvais jour.

  • Allez, raconte-moi un peu ce qui te tracasse ? entama-t-elle la discussion lorsqu’elle l’eut en face.
  • On dirait presque une séance de psy… dit-il en regardant partout dans la pièce, les jambes allégrement écartées sur la chaise.
  • Ce n’est pas le but, mais puisque tu as fait appel à moi, j’ai envie de faire les choses bien. Sois-libre de me parler de ce que tu souhaites, déclara-t-elle en rangeant une de ses courtes mèches de cheveux derrière son oreille.

Les yeux nuage d’Alex suivirent le mouvement de la boucle pendante et brillante qui y était accrochée. Cette femme avait de quoi charmer tous les hommes, pensa-t-il alors qu’il parcourut un bref instant sa silhouette. Pourtant, il n’éprouvait aucun désir pour cet “avion de chasse”, comme beaucoup la surnommaient. Une seule lui faisait envie et le rendait ivre.

Pendant un moment, il fixa le rebord de la table d’un air vide. Sylvia se demanda ce qui pouvait mettre un grand garçon comme lui dans cet état. En termes de puissance, Alex Stein se valait parmi les “Richess”. Il avait un beau minois, une superbe copine, un groupe d’amis en béton… Lui, qui se montrait toujours très peu intéressé par les cours, avait toujours de bonnes notes. Il était très réfléchi. Elle leva les sourcils lorsqu'il soupira et lui lança un regard qui le poussa à s’expliquer.

  • J’ai un problème.
  • À quel niveau ? l’invita-t-elle à poursuivre.

Elle le vit déposer son coude sur le bureau pour enfermer ses cheveux blonds dans son poing, ses veines en ressortant. Il regarda ensuite ailleurs d’une terrible mine. Sylvia attendit qu’il dise les choses de lui-même, lui offrant du temps pour se remettre de ses émotions.

  • Ma libido… Je sais que je suis jeune, que je suis un ado, tout ça… dit-il difficilement. Mais j’ai envie, tout le temps. Parfois, j’ai même l’impression que la seule chose qui m’anime, c’est… C’est ça, c’est le sexe.

Un silence suivit.

  • Je sais ce que vous vous dites, que je suis un pervers ou...
  • Non, pas du tout. Je réfléchissais. Est-ce que tu peux m’en dire un peu plus ? Comme tu le dis, c’est assez courant pour un jeune garçon de ressentir beaucoup de… Hum, excitation ? Est-ce qu’il s’agit de ça ? Tu es en couple, n’est-ce pas ? Comment ça se passe de ce côté-là ?
  • C’est insupportable, souffla-t-il. Tout le temps, je pourrais le faire n’importe quand avec elle, parce que je… je ressens tellement…
  • Parce que tu es amoureux ? essaya-t-elle de comprendre.
  • Oui. Je suis plus que bien avec Faye, trop même, alors que… nous ne sommes pas censés être ensemble. Du coup, chaque fois… C'est toujours plus grisant, excitant et j’ai envie de la monopoliser, de la prendre… Pardon, se reprit-il alors qu’il commençait à laisser le ton monter. Je ne la veux que pour moi et si je le pouvais, je le ferais même plusieurs fois par jour, sauf que ce n’est pas possible. Ce sentiment...
  • Comment tu le ressens ? continua-t-elle de le pousser à la parole.
  • Ça me dévore, lâcha-t-il dans une plainte.
  • Je vois, et Faye ? Comment le vit-elle ? J’imagine que c’est aussi pour ça que tu es venu me parler ?
  • Oui, je… Je prends sur moi, parce que vous vous doutez bien qu’on ne peut pas le faire autant de fois que j’en ai envie. Au début, si, j’avais beaucoup de… contrôle ? Et c’était un peu quand je le voulais. Maintenant, j’ai remarqué qu’elle prenait beaucoup sur elle, elle aussi. Pour me faire plaisir, alors que ça l’épuise. On s’est un peu disputé à ce sujet.
  • Et de quoi as-tu peur, exactement ? lui demanda-t-elle, concentrée.

Il réfléchit.

  • De craquer. J'ai peur de craquer et de lui faire du mal.
  • Je vois, mais quand tu parles de craquer, c'est à quel propos ? Est-ce que par exemple, tu crains de… Comment le dire ?
  • Que j’aille voir d’autres filles ? finit-il à sa place.
  • Oui.
  • Non, je… C’est ça qui…

Il baissa la tête un instant.

  • J’ai couché avec plein de filles, sans vraiment y trouver du plaisir, mais je continuais quand même… parce que… j’avais peur de ne jamais trouver la fille qui me fasse vibrer. Je voulais trouver la bonne. Mais maintenant que je l’ai, je ne veux plus la lâcher, sauf que…
  • Que tu ne peux normalement pas être en couple avec Faye.
  • C’est ça… Comment je vais…

Dans les yeux d’Alex, quand il les releva dans les siens, elle vit enfin une réelle crainte.

  • Je m’accroche parce que je…
  • Tu as peur de la perdre ? fit Sylvia, peinée en voyant ses sourcils se froncer.
  • Sans Faye, je me sens vide. Elle comble toutes mes envies, mes besoins, elle me fait rire… De tout cet amour… Qu’est-ce que je vais en faire une fois que je ne l’aurai plus près de moi ? Personne ne m’avait jamais tant donné envie et rendu en vie.
  • Je vois. Alors dis-moi ce que tu en penses, mais ne serait-ce pas pour toi une manière de lui communiquer ton amour ? Ou est-ce seulement lié au plaisir sexuel ?

À nouveau, il s'arrêta pour penser.

  • Un peu des deux ? dit-il en levant un de ses sourcils blonds. Parce qu'elle m'a fait découvrir un océan de plaisirs qui n'existe qu'avec elle.

Cette phrase remua Sylvia qui n'en revint pas de la facilité avec laquelle il avait dit quelque chose d'aussi intime et romantique.

  • Et je crois que mon problème, c'est que...

“Je ne sais pas comment contrôler ce que je ressens au point de vouloir la dévorer”.

***

Depuis sa chambre, Alex reconnut les pas de sa mère qui montait l'escalier. Tel un prince, il dormait dans les toits, dans une pièce octogone qui s'élevait au-dessus de toutes les autres.

Au bord de son lit, recouvert de draps bleu roi et sous lequel s'étendait un immense tapis noir, il boutonnait sa chemise lentement.

Tout autour de lui, il y avait des fenêtres dont les rideaux se tiraient sur un rail pour en faire le tour. Alex savait qu'il avait de la chance de dormir dans un si bel endroit. Il avait de la chance d’être un “Richess”.

Pour l'occasion, Marry avait remonté ses cheveux dorés. Elle venait jeter un œil à la tenue de son fils, passant une main sur son torse lorsqu'il s’admira dans les miroirs encastrés à sa garde-robe. Il avait dû changer à plusieurs reprises à cause de sa mère, celle-ci lui rapportant sans cesse de nouvelles pièces à y ajouter.

  • Tu es très beau.

Il n'en doutait pas une seconde.

  • Toi aussi, répondit-il en détaillant sa tenue.

Elle était élégante dans une jupe crayon beige en toile et un simple chemisier blanc pour être assorti à son mari, mettant de côté ses folies habituelles. Exceptionnellement, elle s’était restreinte, misant sur quelque chose de plus classique pour le bien-être de sa santé mentale. Il s’agissait d’un commun accord avec William qui préparait la table pour le repas du soir, classe, dans un deux pièces.

En effet, pour célébrer sa réussite dans la mode, le père de Marry, qui ne voyait que par son succès, avait proposé un dîner de famille dans leur somptueuse demeure. Afin d’éviter les remarques cinglantes de sa mère, elle préférait se “civiliser” quelque peu et demandait de même à son fils. C’était l’histoire de faire bonne figure pour le peu qu’ils les recevaient.

Alex n’avait aucun problème à l’idée de bien s’habiller, mais il n’aimait pas ses grands-parents. Il le détestait. Tous deux le répugnaient, autant son grand-père qui avait pour projet de créer un mini lui, que “l’autre”, la vieille mégère, qui rabaissait toujours Marry. À peine eurent-ils franchi le pas de la maison que les hostilités commencèrent. Comme d’habitude, ils arrivèrent en exposant toute leur richesse : montre en or, perles, vêtements hors de prix, sans compter leurs sourires forcés en diamant. Sa grand-mère pinça ses lèvres refaites lorsqu’elle vit sa chère fille et déposa à peine sa joue sur la sienne quand elles se saluèrent.

Le jeune Stein ne supportait pas les regards qu’elle lui lançait, envieux et arrogants. À ses yeux, cette femme ne jurait que par l’argent et préférait attendre qu’il tombe du ciel, ou plutôt des poches de son mari, que de travailler pour le mériter.

Au repas, ce dernier n’avait pas manqué de lui rappeler des fâcheux détails :

  • Tu tiens bien de ton père, répéta-t-il la même chose qu’il lui avait dit lors de leur dernière visite, le comparant à William.

De plus en plus, Alex s’agaçait lorsqu’on le comparait à son paternel. Sans vie, stoïque, neutre, impassible, indifférent : voilà avec quels termes on parlait de lui. Ça n’avait rien d’élogieux et il savait pertinemment comment on l’appelait à l’école. Il se savait imperturbable, “je m’en foutiste”, apathique… Il avait tout entendu. C’était faux.

Si faux qu’au moment du plat de résistance, coincé entre ses parents et ses grands-parents, il ne fit aucun effort pour paraître un minimum enjoué, jouant avec ses légumes dans son assiette.

Malgré son évident manque d’enthousiasme, il n’échappa pas aux questions qui revenaient à chaque repas de famille l’obligeant à mentir sur son célibat.

De toutes, une ressortie particulièrement du lot :

  • J’imagine que tu penses de plus en plus au futur, Alex ? Tu as déjà seize ans, déclara son grand-père dont la peau tirée le laissait sans voix.
  • De notre temps, il aurait déjà dû choisir sa partenaire, ne put s’empêcher d’ajouter la grand-mère qui mangeait les mains rapprochées l’une de l’autre d’un air pincé.
  • Ce temps n’existe plus, la coupa Marry en portant un morceau de viande à sa bouche, sans même lui accorder un regard.
  • Ce n’est pas une mauvaise réflexion, fit William d’un ton pour une fois légèrement intéressé.
  • Il a encore le temps. Ne t’inquiète pas mon chéri…
  • Je ne suis pas inquiet, la coupa-t-il alors qu’elle prenait pourtant sa défense.

La belle blonde contrôla ses pulsions meurtrières et croisa ses jambes sous la table lorsque le dessert fut servi par les domestiques, sa poitrine se gonflant en même temps qu’elle s’appuya contre la table. Encore un geste qui donna l’occasion à son odieuse mère de signaler son mécontentement en se redressant comme un piquet sur sa chaise, outrée.

Alex n’en pouvait plus, voyant dans le regard de son ancêtre qu’il cherchait à en savoir davantage sur son petit-fils, ou plutôt de chercher un moyen de le rallier à lui.

  • J’ai cru comprendre que tu n’exerçais plus d’activités extra-scolaires, que dirais-tu de reprendre le tennis ? Je m’y rends tous les dimanches matin…

Après un bref monologue, il déclina poliment la proposition, faisant sourciller le grand-père dans la volée.

  • Si tu ne pratiques aucun sport, quels sont donc tes passe-temps en dehors de l’école ? demanda-t-il en cachant sa légère contrariété, désespéré de lui trouvé des intérêts.

Tout de même curieuse de la réponse, Marry était à l’affût. Il n’avait jamais accroché avec quoi que ce soit. William dégageait ses cheveux tout aussi blonds dans le silence, n’attendant pas réellement qu’il se prononce. Alex était comme ça. Peu d’activités l’animaient.

Le regard des quatre membres de sa famille braqué sur lui, ce dernier plongea sa cuillère dans sa coupe de glace et la mélangea le temps de quelques tours. Il en avait marre. Alex récupéra alors le liquide fondu avec sa langue, obscènement, tout en dévisageant son grand-père d’un regard si froid et noir que celui-ci devint aussi raide que mort.

  • Le sexe. C’est ma passion, lâcha-t-il d’un ton sans âme, un sourire à peine perceptible au coin de ses lèvres.

Une atmosphère aussi glaçante que leur dessert s’installa autour de la table, Marry bouche bée de sa réflexion. Elle ne se choquait pourtant pas facilement. En le voyant mordiller dans l’objet en fer, elle le frappa avec sa serviette.

  • Et toi, tu ne dis rien ?! Comme d’habitude ! s’irrita-t-elle en constatant que son mari restait de marbre.

Elle foudroya sa mère lorsque celle-ci émit un gloussement méprisant.

  • Nous avons donc la preuve que tu n’as pas seulement hérité des gènes de notre cher William, persiffla-t-elle sans accorder un regard à sa fille.
  • Je te demande pardon ?! s’énerva Marry qui se leva de sa chaise, excédée par ses remarques constantes.
  • Oh, voyons, ce n’est pas comme si tu avais couché avec Chuck Ibiss pour soi-disa…
  • Maman !! s’écria-t-elle, renversant son verre de vin sur la table d’un grand geste. Bon sang, espèce de… sale vipère ! Tu attendais de la sortir depuis toujours celle-là, n’est-ce pas ?!
  • Je ne vois pas pourquoi tu t’énerves, maugréa-t-elle de sa voix faussement sincère. Tu nous as dit que c’était pour le piéger, il faut croire que ton fils…
  • Je ne te permets pas de l’insulter !
  • La seule insulte ici, c’est ta présence, rétorqua-t-elle d’une voix rauque.
  • C’est MA maison ! rétorqua-t-elle en attrapant le verre de son mari.

Prête à lui lancer à la figure, Alex le fit éclater en bloquant le geste. Dans sa main, non pas le sang, mais le vin coula depuis sa paume, le long de ses doigts. Les sens de Marry s‘alarmèrent, attrapant la main de son fils, inquiète qu’il se soit blessé.

  • Alex, tu n’aurais pas dû...
  • Cassez-vous… marmonna-t-il dans ses dents à la grande surprise de Marry.
  • Que dis-tu… ?
  • CASSEZ-VOUS !! hurla-t-il en envoyant tout valser sur la table arrachant un cri de terreur à sa grand-mère.

***

Tel un lion en cage, Alex tournait dans sa chambre, ruminant, tandis qu’il entendait le ton de sa mère monter crescendo depuis le rez-de-chaussée. Jetant au sol le polo qu’il venait de retirer sur son passage, parce qu’il bouillonnait littéralement de l’intérieur, il s’empressa d’y descendre.

Marry, au milieu de deux domestiques qui ramassaient la vaisselle cassée, et qui venait de mettre ses parents dehors, essayait de faire réagir en vain son mari.

  • Pourquoi est-ce que tu n’as rien dit ?! William !

Son silence la rendait folle.

  • Que voulais-tu que je dise ? Alex est assez grand pour savoir ce qu’il doit dire ou non, surtout devant ses grands-parents, répondit-il enfin, très peu agacé et d’un regard qui montrait qu’il voulait passer à autre chose.
  • Ce n’est pas possible… Ahah, je n’en reviens pas. Comment peux-tu montrer aussi peu d’intérêt ? C’est ton fils ! Tu as entendu ce qu’il a dit ?? Mon Dieu, souffla-t-elle en venant se pincer l’arête du nez, c’est à croire que je suis la seule à faire son éducation dans cette maison.

L’autre main sur la taille, sa poitrine s’élevait par ricochet. Marry riait, à bout de nerfs.

  • Laissez donc, fit-elle à l’égard des domestiques qui s’exécutèrent immédiatement, quittant la grande salle à manger. C’est monstrueux. Alors que je suis celle qui fait tout pour qu’il devienne quelqu’un de respectable, c’est de toi qu’il tient.
  • Je ne suis pas certain de comprendre ce que tu me reproches. Je l’ai élevé tout autant que toi. En quoi est-ce mal qu’il me ressemble ? Ce n’est pas seulement ton fils.
  • C’est bien ce que je dis ! C’est le nôtre, appuya-t-elle. Mais tu ne prends jamais le temps avec lui.
  • Tu ne penses pas que c’est plutôt que tu as toujours voulu avoir plus de temps avec lui ?

Finalement, elle aurait préféré qu’il ne l’ouvre pas.

  • Je veux bien admettre que j’ai un drôle de caractère. Je l’ai assez entendu dans ma vie. Cependant, je ne peux pas accepter que tu dises que je n’ai pas d’intérêt pour Alex, dit-il d’un ton ferme. J’ai été beaucoup là durant son enfance, quand toi, tu vadrouillais pour le travail. Il me ressemble. Sans doute, parce que je suis beaucoup restée avec lui. Maintenant, dire que je ne m’occupe pas de lui, parce qu’aujourd’hui, les rôles sont inversés et que tu prends plus le temps quand ça le concerne, je trouve que c’est égoïste.
  • Comment peux-tu…

Embarrassée par la réalité, Marry perdit l’usage de la parole. Il n’avait pas tort. Il était vrai qu’ils se ressemblaient. Dans la stature, cet air droit et froid, ils le partageaient. Plutôt absente dans la vie de son fils lorsqu’il était petit, elle avait effectivement tout fait pour reconsolider son lien avec. Alors que les faits étaient exposés, elle refusait de lui donner raison, mais ne pouvait pas non plus les nier.

  • Il n’empêche que… ses traits… Il les tient de toi… répondit-elle par mauvaise foi. Combien de fois t’ai-je demandé de ne pas… Ou plutôt de...
  • Peut-être que si tu m’avais donné une réelle chance, j’aurais pu m’ouvrir plus à toi.
  • … Je te demande pardon ? dit-elle après un temps, se penchant en avant comme pour montrer qu’elle avait mal entendu.
  • Tu sais très bien ce que je veux dire. Ce n’est pas si étonnant qu’encore aujourd’hui ta mère évoque Chuck Ibiss…
  • Je te conseille de… commença-t-elle en levant son index pour le prévenir.
  • De quoi ? la coupa-t-il. Tu ne l’as jamais oublié, je le sais.

Depuis quelques minutes, Alex, qui s’était arrêté avant de passer l’arche de la salle à manger, les écoutait attentivement. Le dos collé au mur, les bras le long du corps, il se mordit les lèvres en tapant légèrement l’arrière de son crâne sur le plâtre. Il devenait fou.

Fou d’apprendre que l’homme dont sa mère avait été amoureuse avant son père était en fait Chuck Ibiss, se rappelant parfaitement de leur discussion à propos de l’amour. Il la revoyait en face de lui, tout deux assis sur les poufs du dressing, en train de décrire à quel point cette relation avait été spéciale.

Il comprenait mieux maintenant, serrant son poing tâché à cause du vin, la haïssant autant qu’il en était incapable, parce qu’il vivait cette même passion interdite.

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