L'illusion des sens - suite

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Pendant qu’il découvre doucement du bout des doigts les abords de mon intimité, ses pupilles en profitent pour admirer mon décolleté généreux. Il se penche davantage sur moi, comme pour mieux, me respirer, puis relève son regard et plonge le bleu de ses yeux dans les miens. Je me sens comme hypnotisée, entièrement sous son emprise.

Son index s’apprête à se faufiler près de ma chaleur intérieure, lorsqu’il le retire brusquement et choisit de me câliner le contour de la bouche. Il s’amuse ainsi pendant de longues secondes. Je décolle légèrement mes lèvres l’une de l’autre, ce qui provoque l’éloignement de son toucher. Il laisse courir la paume de sa main le long de mon cou, caressant tendrement le haut de ma poitrine avant de glisser son index et son majeur entre les boutons de ma blouse. Très adroitement, il parvient à les ouvrir les uns après les autres, découvrant ainsi ma peau frissonnante de plaisir. Des secousses incontrôlables remontent le long de ma colonne vertébrale, m’obligeant à me trémousser.

Les pointes de mes seins réagissent aussi rapidement que le reste de mon corps à l’approche de cet étranger. Si seulement nous étions que tous les deux dans ce wagon. Cette pensée me surprend ! Finalement non !

Le plaisir n’en est que plus fort. Le regard des voyeurs, la pression de fauter, peut-être même d’être prise en flagrant délit, ne fait qu’augmenter mon désir.

Toute à mes pensées, je lui frôle la joue. De là, j’espère en découvrir plus, mais il recule, s’écarte de l’emprise que j’aimerais avoir sur lui. Ses doigts voyagent le long de mon ventre déclenchant des vagues de chaleur dans tout mon corps. Il évite soigneusement ma poitrine désireuse d’un contact plus physique. Il oscille de droite à gauche, au rythme imposé par le train, avant de lâcher ma main et de s’agenouiller devant moi. J’ouvre mes yeux, et la voix de ma conscience hurle de l’arrêter.

Mais je le sais… C’est déjà trop tard.

Je sens le souffle de sa respiration réchauffer l’intérieur de mes cuisses. Son sourire et ses pupilles malicieuses me montrent qu’il s’amuse de me voir perdre ainsi mon aplomb. Une main se glisse sous ma jupe, évite soigneusement tout contact avec la soie de ma culotte et savoure chaque centimètre de peau qui se trouve à la lisière de l’élastique. Mon corps ne me répond plus. Alors que de ma bouche sortent de petits bruits, mon ventre semble vouloir danser au rythme de ses câlins. Étouffant un cri, je parviens à lui attraper sa main caressante. Il relève la tête et me défie du regard. J’hésite un instant, l’attirance que j’éprouve est devenue si grande. Puis sans trop y réfléchir, peut-être juste pour satisfaire la fantaisie du moment, j’oblige sa main à être plus coquine encore. Il sourit, manifestement heureux de la tournure des évènements.

Je soupire de plus en plus fort, contenant difficilement les petits murmures de bonheur qui s’échappent de ma gorge, mes doigts s’agrippent aux accoudoirs, mes paupières papillonnent, mon corps se tend. La chaleur de l’orgasme gronde entre mes reins, mon cœur s’emballe.

Alors que je ressens un spasme plus intense que les précédents, j’ouvre les yeux et constate avec surprise que mon voisin est assis face à moi, tenant dans ses mains le livre qu’il s’est permis de m’emprunter. Il est à mille lieues de mes pensées coquines. Son corps n’a manifestement pas bougé. Et son attitude ne montre aucun émoi.

Je me redresse légèrement sur mon siège, vérifie ma tenue : toujours intacte. Mon chemisier boutonné, mes jambes bien serrées l’une contre l’autre. Quant à mon voisin, il porte ses deux baskets, les lacets attachés, et son plaisir ne transparaît aucunement au travers de son pantalon. Je passe une main sur mon front, en fermant les yeux. Je respire profondément et sursaute lorsqu’une voix se fait entendre dans le haut-parleur annonçant le prochain arrêt. Je regarde ma montre, aucun doute, c’est bien ici que s’achève mon voyage ! J’ai du mal à me remettre de…

Mais de quoi au juste ? Qu’est-ce que c’était ? Un rêve ? Un fantasme ?

Au moment où le train s’immobilise complètement, je me lève et d’un regard presque timide, je le supplie de me rendre mon roman. Manifestement à contrecœur, il le referme et me le tend en murmurant :

« Merci pour ce partage de fantasme. »

Troublée, je tente de sourire en prenant mon bien, alors qu’il poursuit à mi-voix :

« Au fait… j’adore les porte-jarretelles noirs et les culottes en soie. »

Aujourd’hui encore, je ne sais si je l’ai rêvé, si je me suis raconté à voix haute, ou simplement si… l’espace d’un voyage en train, j’ai offert à un parfait inconnu quelques minutes d’intenses désirs.

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