Le voyage pour le nord

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Depuis hier, mes appartements, comme tout le reste du château d'ailleurs, sont une véritable fourmilière. Le lac et le fleuve ont gelé, le jour du départ est donc arrivé. Voilà pourquoi mes domestiques courent dans tous les sens pour réunir mes affaires afin de les ranger dans de grandes malles. Elles terminent actuellement les derniers préparatifs, tandis que je prends tranquillement mon petit déjeuner dans mon salon en compagnie de Madame Delaigue et de sa fille.

Une heure plus tard, l'une des femmes de chambre vient nous annoncer, en faisant la révérence :

- Il est temps de partir, Mesdames.

Je me lève et deux domestiques viennent me passer une longue cape bleue doublée de fourrure avant de recouvrir mes cheveux coiffés en une couronne tressée d'une toque blanche. Une autre vient me présenter des gants en daim sur un coussin en velours bleu. Je les enfile, puis prends Otter dans mes bras et quitte mes appartements, suivie par les femmes Delaigue qui sont déjà prêtes.

Nous traversons ensemble le couloir et descendons l'escalier principal. Les quelques courtisans, courtisanes et domestiques que nous y croisons s'écartent pour nous céder le passage. Nous sortons dans les jardins et nous dirigeons vers le lac. Nous nous retrouvons alors face à de nombreuses voitures en argent, toutes plus élégantes les unes que les autres, mais elles ne présentent aucune roue. À la place, il y a des sortes de grandes barres métalliques qui soutiennent la structure. Le tout est attelé à de grands chiens au pelage blanc et gris.

J'observe cette scène avec étonnement et curiosité, lorsque j'entends la voix du roi de l'eau me dire :

- Surprise !

Je me tourne vers lui. Il est vêtu d'une longue cape bleue qui le maintient au chaud. Nos tenues sont parfaitement accordées. Il ajoute, en souriant :

- Vous n'aviez jamais vu de traineaux, pas vrai ?

- Des traineaux ?

- Oui, c'est le nom de ce moyen de locomotion. C'est le plus pratique dans la neige et sur la glace.

Sur ces mots, il me tend sa main gantée de blanc, que j'accepte. Il me conduit jusqu'au traineau qui est en tête et m'aide à monter dedans. Je m'installe sur la banquette recouverte de velours bleu et il s'assied près de moi, puis il prend les rennes et lance les chiens au pas de course. Le traineau avance sur la glace, bientôt suivi par tous les autres. Nous nous dirigeons vers l'embouchure du fleuve et mon époux m'explique :

- Ce fleuve traverse tout notre pays. Il nous suffit de le suivre pour arriver à notre destination.

Je me contente de serrer un peu plus fort Otter dans mes bras afin de m'assurer qu'il ne tombe pas. Nous allons de plus en plus vite et je dois avouer que cette sensation est grisante. C'est si agréable de sentir le vent glacial fouetter mon visage. Cela me donne une impression de liberté et, pendant un instant, je me dis que c'est ce que doivent ressentir les habitants de la Cité de l'air lorsqu'ils parcourent le ciel.

Les paysages défilent sous nos yeux. Nous passons devant des forêts de pin, des chutes d'eau gelées, des villes et des villages. Tout est recouvert d'une épaisse couche de neige blanche. C'est magnifique et je regarde sans cesse partout autour de moi pour ne pas manquer une miette du spectacle.

Les chiens sont si rapides et endurants que nous atteignons notre destination au crépuscule. Les traineaux s'arrêtent sur un grand lac, devant un imposant palais entièrement fait en glace. La structure est grande et élégante. J'en suis subjuguée !

Cette demeure est entourée d'immenses montagnes, si hautes qu'on en voit pas le sommet. Le roi de l'eau Kaï m'informe :

- Derrière ces montagnes se trouve la banquise, puis l'océan.

- Pourrons-nous aller sur la banquise ? J'aimerai bien voir à quoi elle ressemble.

- Nous nous y rendrons demain, si vous voulez.

- D'accord.

Il descend ensuite du traineau et me tend sa main pour m'aider à en faire de même. En passant devant les chiens, il se penche pour les caresser. Ces derniers ont la langue pendante et semblent essoufflés, mais les carresses de leur propriétaire les mettent d'excellente humeur.

Je suis ce dernier jusqu'au château. Il monte les escaliers qui conduisent aux deux grandes portes d'entrée. Les deux gardes postés devant les ouvrent pour nous céder le passage. Nous entrons dans l'imposante demeure et je constate que le sol et les murs de glace sont décorés de jolis motifs taillés sur leur surface. Un lustre fait de la même matière pend au plafond.

Comme le jour de mon arrivée dans le précédent château, des domestiques viennent nous accueillir. Ce sont ceux qui ont été envoyés en avance pour préparer les lieux. Deux femmes de chambre me font la révérence :

- Bienvenue, Votre Majesté ! Nous espérons que vous avez passé un bon voyage. Laissez-nous vous conduire jusqu'à vos appartements.

Je les suis et nous montons l'escalier principal. Nous traversons le couloir et je constate que la disposition des pièces est plus ou moins similaire à celle du premier château. C'est une bonne chose. De cette façon, je ne suis pas trop dépaysée.

Elles ouvrent deux grandes portes en glace qui donnent sur un salon. Je constate avec soulagement que les meubles ne sont pas faits d'eau gelée. Ils sont en argent, comme ceux de la précédente demeure.

Je dépose Otter sur le sol pour que la petite loutre puisse découvrir son nouvel habitat, puis nous continuons à avancer jusqu'à atteindre ma chambre à coucher. Là, les deux femmes commencent à me dévêtir en m'ôtant ma toque en fourrure, mes gants et ma cape. Elles me disent ensuite :

- Si Sa Majesté a besoin de quoi que ce soit en attendant l'heure du souper.

- J'ai juste besoin de repos. Laissez-moi seule.

- Bien, Votre Majesté.

Elles me font la révérence avant de se retirer. Je m'assieds alors sur le lit à baldaquins en lâchant un soupir. Ce voyage était des plus passionnants, mais qu'est-ce qu'il m'a épuisée !

Je décide de m'allonger pour dormir un peu et, tandis que mes yeux se ferment, je pense déjà à la banquise que je visiterai demain en compagnie du roi de l'eau Kaï.

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