Désir de paix
Une semaine s'écoule. Une semaine tranquille et paisible, pleine de bonheur. Je prends mon rôle de reine de l'eau plus à coeur, même si certains aspects continuent à m'ennuyer. Je reste à l'écoute de mes sujets et fais de mon mieux pour satisfaire leurs demandes et régler leurs soucis.
Ma vie conjugale aussi est bien meilleure. Je passe tout mon temps libre avec Kaï. Nous nous promenons dans les jardins ou restons tout simplement à l'intérieur à discuter de choses et d'autres au coin du feu.
Ce soir, je suis assise sur un fauteuil en train de caresser Otter. La petite loutre est tranquillement allongée sur mes genoux, les yeux fermés, tandis que je passe ma main dans son pelage brun. Je la gratte ensuite derrière l'oreille et elle agite ses petites pattes en réaction à mon geste, me chatouillant les jambes. Je ris et la prends dans mes mains pour déposer un baiser sur son museau.
Je me tourne ensuite vers Kaï, qui est assis à côté, et constate qu'il nous observe en silence. Ses lèvres sont étirées en un doux sourire. Nos regards se croisent et je sens le rouge me monter aux joues. Nous restons ainsi de longues secondes, les yeux plongés dans ceux de l'autre, avant que je ne me lève et dépose Otter sur le fauteuil que j'occupais à l'instant. Je m'approche ensuite de mon époux et me penche vers lui pour poser timidement mes lèvres sur les siennes.
Elles sont douces et chaudes, comme tout le reste de sa peau. Je ferme les yeux pour savourer cet instant et attends. Je sens bientôt sa main se poser sur ma taille et m'attirer à lui. Je me retrouve assise sur ses genoux, les mains autour de son cou. Nous nous séparons pour reprendre notre souffle. Je détourne aussitôt le regard, gênée par mon audace. Je le sens alors déposer un petit baiser sur mes cheveux roux, avant d'attirer ma tête contre son torse pour caresser ma chevelure de feu. Je ferme les yeux, me laissant bercer jusqu'à sombrer dans le sommeil.
Le lendemain matin, je sors sur mon balcon et remarque un phénix qui arrive. Je tends le bras pour qu'il vienne s'y poser et détache le message qui accroché à sa patte. Il s'agit d'un petit parchemin, que je déroule pour en lire le contenu :
"À l'intention de la princesse du feu Oriane,
Deux semaines se sont bientôt écoulées depuis que je vous ai envoyé le colis de pêches et je n'ai toujours aucune nouvelle de votre mission. Serait-il survenu un contre-temps qui a empêché le bon déroulement de notre plan ? Je veux que vous répondiez au plus vite à ce message en m'expliquant ce qui s'est passé depuis la réception du colis.
Dans l'attente de votre réponse, je vous salue.
L'empereur du feu Apollon."
Je pousse un soupir. Le moment est venu de tout avouer à mes parents. Je crains leur réaction, mais je n'ai pas d'autre choix. Je me dois d'être honnête avec eux.
Je retourne donc à l'intérieur et me rends dans mon bureau. Je m'installe devant le meuble en argent, me munis d'un papier, d'une plume et d'un encrier, puis rédige cette lettre :
"À l'intention de l'empereur du feu Apollon et de son épouse l'impératrice Hélia,
Je vous salue et souhaite que tout va bien pour vous. De mon côté, je vais bien. Je vis ici un quotidien heureux et paisible. Je vous écris pour voux expliquer la situation, comme vous me l'avez demandé dans votre dernier message. J'ai bien donné au roi de l'eau la pêche du démon du feu, mais je me suis ensuite rendu compte de la gravité de mon erreur : j'ai empoisonné un homme innocent, qui ne souhaite que la paix et m'aime de tout son coeur. Prise de remords face à cette terrible prise de conscience, j'ai décidé de le sauver et l'ai soigné grâce à l'aide de la gardienne de la cité de l'air Éoline et du roi de la terre Adam. Kaï est actuellement en pleine santé, heureusement et je suis heureuse à ses côtés. Je lui ai tout raconté et il a pardonné mon acte ignoble. C'est une preuve supplémentaire de sa bonté et de son grand coeur. En parlant de coeur, sachez que le mien lui appartient. Il est donc hors de question pour moi d'attenter à sa vie.
Je vous prie de m'excuser d'avoir désobéi à votre volonté en sauvant le roi de l'eau, mais je veux aussi que vous sachiez que je ne suis pas votre ennemie. Je ne me suis pas rangé du côté du royaume de l'eau, mais du côté de la justice. J'espère que vous comprendrez et respecterez ma décision.
Le royaume de l'eau, comme toutes les autres nations, est lassée de ces guerres incessantes et souhaite ardemment faire la paix avec notre empire. Je vous prie de bien vouloir accepter sa généreuse proprosition, qui est pleine de bon sens. C'est le meilleur moyen de nous garantir un avenir radieux.
Dans l'attente d'une réponse favorable de votre part, je vous prie de bien vouloir accepter l'expression de mes bienveillantes salutations distinguées.
Oriane, princesse de l'empire du feu et reine de l'eau."
Je recouvre le papier de sable afin qu'il absorbe l'excès d'encre, puis enroule la feuille et la maintient ainsi à l'aide d'un fil bleu. Je me rends ensuite sur le balcon où m'attend toujours le phénix et lui offre des cendres du foyer, desquelles il se nourrit. Une fois sa collation terminée, j'attache le message à sa patte et il prend son envol dans le sens inverse, en direction de l'empire du feu.
Quelques heures plus tard, je retrouve le roi de l'eau dans les jardins pour notre promenade habituelle et lui confie :
- J'ai écrit à mes parents pour leur expliquer la situation. Je crains qu'ils ne le prennent très mal . . .
- Vous n'avez rien à craindre, ils ne peuvent pas faire de mal à leur seule héritière.
- Oui, mais ils n'hésiteront pas à faire du mal à son époux ou à sa nouvelle patrie.
- Nous leur avons déjà fait face par le passé, nous pouvons le faire à nouveau, dit-il en prenant ma main pour me rassurer.
- J'en ai assez de ces guerres, moi aussi. Je veux qu'elles s'arrêtent une bonne fois pour toutes.
- Cela viendra, ayez confiance.
- Vous avez raison. Nous ne devons surtout pas perdre espoir. Et je le garderai toujours tant que vous serez à mes côtés, déclaré-je en posant ma tête sur son épaule.
Il passe son bras autour de mes épaules et nous continuons à avancer ainsi, côte à côte.
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