Attente

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 Penchée sur ma feuille, seulement éclairée d'une bougie, je tâtonne. Je vois au bout de la plume de mon stylo une goutte d'encre perler, et, avec une lenteur presque fantastique, je la vois s'écraser sur le papier encore vierge. Je ne sais combien de temps je suis restée là, le dos courbé, les épaules voûtées, la tête baissée. Je ne sais pas ce que j'attends. Ma main est crispée, mes doigts fermement accrochés au stylo, j'attends, simplement. Mon esprit s'égare, il fouille ma mémoire, il fouille mes idées, il fouille mon imagination, il me fouille. Et... rien. Rien n'est utilisable. Il ne trouve rien, rien sur quoi écrire.

 Un pan d'amour déchu, une page de mélancolie, des images d'enfance, des ombres de créatures imaginaires, des airs de musiques entêtants, la fleur d'un amour naissant... Tout ceci n'est que futilité ! J'aurais tant voulu écrire sur le monde... J'aurais voulu faire voyager les gens à travers des pages noircies qui racontent l'aventure d'un homme, d'une femme, ou bien d'un enfant qui, grâce à l'imagination, s'envolent et découvrent la terre et ses innombrables subtilités tout en se découvrant eux-mêmes. Ou encore, j'aurais voulu écrire sur la société, tel un Victor Hugo de ce siècle, qui par ses idées dénonciatrices, pacifistes et humanistes éclaire les gens par sa lucidité et ses mots si bien choisis. Voilà, c'est bien cela, j'aurais voulu que mes mot soient si bien choisis que jamais ils ne pourraient être remplacés par d'autres.

 Bien évidemment, la réalité n'est pas aussi belle ; je suis toujours penchée sur ma feuille tâchée d'encre bleue, et j'attends. Peut-être qu'à force d'attendre, peut-être qu'à force de faire patienter l'envie d'écrire qui me tenaille, d'elle-même, ma main se mettra à gratter le papier avec la frénésie propre aux écrivains. Peut-être que le sujet ne sera en fait que la quête de l'inspiration, peut-être que le sujet sera l'amour sur lequel j'écris déjà tant, peut-être que le sujet sera l'aventure fantastique d'un personnage hors-du-commun, peut-être. Peut-être.

 Penchée sur ma feuille, seulement éclairée d'une bougie et les yeux maintenant tournés vers la voûte noire et étoilée, j'attends.

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