C'était presque surréel.
La manière dont les bulles remontaient d'une lenteur presque surréel et paisible à la surface, tandis qu'Adam tentait désesperement de revenir à la surface.
Difficile de décrire cet incroyable léthargie qui lui donnait en cet instant mille frissons. Difficile de lui en donner les mots justes car s'était simplement impossible de donner un nom à la chose dont tout le monde craignait : la mort.
Car Adam avait l'impression de mourir, et devant lui déambulait tous ses regrets, ses anciennes peurs, ses rencontres, les fautes qu'il avait commis, tout cet argent mal dépensé...
Depuis combien de fois avait-il fui ? Depuis combien de temps avait-il souffert ?
Un peu innocent. Un peu coupable.
Depuis toujours au fond de lui, il savait que le bonheur était dans les choses simples, mais qu'il l'avait loupé en jouant un personnage. Et maintenant qu'il avait atteint l'age de la raison il s'en rendait compte. Sans doute un peu trop tard...
Il sentit son corps s'allourdir aussi bien que le fil de ses pensées dans ce lieu dénué d'oxygène ou il ne pouvait plus respirer...
"Regardes moi ça", souffla-t-elle, et , au bout d'un moment: "Si seulement je pouvais m'emparer d'un de ces nuages tout roses, te faire monter dessus et te pousser dans les airs, te faire voler."
- Je vole déjà dans tes yeux, ma douce Isabelle.
La jeune femme qui se tenait allongée près de lui, sur l'herbe à moitié trempé, un cadeau offert après le passage de la pluie, lui caressa son visage scultpté qui se referma, de meme que ses prunnelles qui s'assombrirent noirs telles des abysses lorsqu'elle prononça ces paroles:
- J'aimerais pouvoir crier notre amour sur tous les toits Adam, ne trouves-tu pas qu'il en ait temps ?
- Je ne suis pas encore prêt.
Soudainement, la dénommée Isabelle se releva et cria d'une voix déchirée, brisée par les émotions:
- Tu mens Adam ! Je sais tout ! Tout ce que tu essayes de cacher ! Je sais qui tu es ! Un prince d'un pays ennemi contraire à nos idéaux , nos aspirations, ignorant notre amour ! Je sais aussi que tes parents refuseront notre union ! Que tu es promis à une autre !
Les larmes descendirent sur le beau visage de son amour, mais il resta là stoic, sans mots.
Et sa dulcinée avait pris la fuite dans l'aube au moment ou le chant mélodieux des oiseaux pouvaient reveiller les passants. Ironie du sort. Il ne l'avais plus revue...
Au moins il pouvait se montrer vainqueur, il avait fait valoir ses droits jusqu'à la fin dès qu'elle l'avait quitté, il avait tenu tete jusqu'à son dernier souffle malgré ces années qu'il avait perdu à se cacher.
Et dans un élan de folie, en repensant à son magnifique visage rosé, au teint éclantant, la rendant rayonnante. A ses belles pommettes la mettant en valeur et le buisson orageux de ses sourcils noirs bien tracés surplombant ses étincelants diamants verts qui le fixait affectueusement, à ses cheveux d'ébènes longs jusqu'à toucher ses hanches sensuelles au corps de déesse, il avait volé une barque de pecheur et avait décidé de dompter les vagues pour la retrouver.
Mais après dix septs jours dans cet étendu massive , lorsque l'espoir s'était transformé en joie en distinguant un port d'une nouvelle terre,Sa terre, il entendit un grincement sourd et une dangereuse falaise fut la seule à l'accueillir de son long voyage en mer.
"L'amour se perd si vite ", pensa-t-il dans l'eau alors qu'à la surface quelque chose d'autre était en train de se dérouler.
Des voix se faisaient entendre. Des hurlements.
Et puis comme par miracle, il fut sorti de son bourreau salé.
Il ne bougea pas. Il resta tout à fait immobile malgré les cris et les pleurs, et dans son visage immobile ses yeux fermés laissèrent tomber deux gouttes trop pales. Cela dura, dura, dura- combien de temps ? se demanda-t-il.
- Je t'aimes, entendit-il une voix douce et brisé prononcer.
Adam remuat ses lèvres.
"Isabelle."