La maison au cadran solaire
Ce lieu qui pour moi représente le plus le paradis sur Terre, c'est celui-là :
Un corps de ferme de 200 ans, tranformé en maison, dans un petit hameaux niché au coeur des Hautes Alpes, dans le parc National des Écrins.
Depuis cette maison, une vue tellement incroyable s'étend qu'elle peut faire oublier n'importe quel problème à n'importe qui. Je ne connais pas d'endroit plus en osmose avec mon idéal de vie. Je rêve, pour tout vous dire, d'un jour pouvoir y habiter et d'en faire ma résidence principale.
Reculé de tout et de tout le monde, cette bâtisse représente non seulement un havre de paix loin du tumulte de la ville (que je deteste au plus haut point), mais permettrait également de vivre de manière autosuffisante.
Pour y accéder, une voiture est nécessaire, car son emplacement à 15 minutes du village le plus proche (et de son arrêt d'autocar) ne permet pas d'avoir d'autre moyen de déplacement (pour être pleinement autonome du moins).
Une fois les 1350m d'altitude atteins, la route débouche sur une place en pente, entourée de quelques maisons : Celle de Denise (la matriarche du village et qui m'a toujours fait penser à mon arrière grand-mère que j'adore) et les maisons de la famille Brun.
Pour atteindre la maison, il faut poser sa voiture au niveau de la place du hameau (qui sert aussi de parking et de terrain de pétanque à l'occasion).
Un petit chemin de gravier, toujours en pente, fait atteindre une grille en bois verte qui nous fait entrer dans un petit jardin adorable, où de nombreux repas ont eu lieu dans les rires, les discussions diverses et souvent enrichissantes (et parfois les larmes lorsque les guêpes s'y joignaient et que les phobiques comme moi ne supportaient pas leur présence).
Dans ce jardin, un magnifique Lilas accueille depuis des décennies, des couples d'oiseaux (rougequeues, chardonnerets etc.) qui nous font systématiquement l'honneur de leur compagnie. Une fois qu'ils ont compris que notre présence ne leur ferait aucun mal, ils se joignent à nous et cohabitent paisiblement en nous partageant leurs chants délicieux. Un Prunus d'ornement majestueux, faisant office de cache-soleil pour les repas, représente également un plaisir pour les yeux, surtout en été. Auparavant, le Lilas avait ce privilège, mais pour je ne sais quelle raison, un été, la table avait été déplacée.
Je revois les heures passées à lire sur une chaise longue ou à observer les fourmis s'affairer, ou encore à jouer à divers jeux.
La bâtisse, magnifique et ornée d'un cadran solaire restauré avec les peintures d'origine, propose 3 entrées :
1 principale sur la droite du mur principal, munie d'un petite porte verte (par laquelle nous allons entrer).
1 grande sur la gauche du mur principal, qui nous fait pénétrée dans l'immense grange (ancienne étable, bergerie et autres lieux pour animaux de la ferme) et qui sert à présent de garde manger, de débarras et de cave.
1 tout à fait à gauche de la maison, qui est atteignable via un magnifique escalier en pierre d'origine et qui permet d'atteindre ce que nous appelons communément : la chambre des enfants. Il me semble que le poulailler s'y trouvait, à moins que ce ne soit les lapins... Toujours est-il que cet escalier en a vu passer des jeux d'enfants. Il a aussi fait office (et le fait toujours très bien à l'occasion) de nombreuses photos souvenirs toujours présentes dans les albums !
Par l'entrée principale, nous accédons à une grande pièce à vivre avec des murs si épais que même en cas de canicule, il y fait toujours frais (y comprit lorsque les fenêtres restent ouvertes). Les poutres du plafond ajoutent un charme sans pareil et permettent de rappeler cet ornement typique des chalets de montagne.
Sur le devant, se trouve la salle à manger avec sa grande table en bois pouvant accueillir 8 convives à la fois (même s'il nous est arrivé de nous retrouver si nombreux, que nous étions obligés de faire manger les enfants à part). Il me semble qu'un été, nous nous sommes retrouvés à 17 personnes. C'est d'ailleurs l'un des meilleurs été de ma vie. Un poêle se trouve derrière la table dans le fond de la salle à manger. Quasiment face à l'entrée, un escalier en bois clair se trouve sur la gauche. En dessous ce celui-ci, on peut y trouver des portes-manteaux et une place suffisemment grande pour y ranger les chaussures et les sacs (notamment ceux de randonnées qui sont placés dans un grand panier en osier).
Dans le fond, en montant une petite marche, un petit salon muni d'un canapé, de 2 fauteuils crèmes dont l'un, celui du père de ma belle-mère, trône près d'une petite chaine hifi des années 80-90 où les chaînes de musiques classiques défilaient du petit déjeuner, aux tournois de belotes d'après dîner. Un immense meuble en bois d'acajou servant de meuble pour ranger, les jeux, les conserves ou encore les alcools, surplombe le tout derrière une petite table basse elle-même en bois (comme les 3/4 du mobilier de la pièce vous me direz ! ahaha).
Lorsque vous êtes dans l'entrée, sur la droite de la pièce à vivre, se trouve la cuisine fonctionnelle, assez basse de plafond et tipique de l'architecture du coin. Dans cette partie de la maison se trouve également un sellier et des toilettes.
En revenant dans la grande pièce à vivre pour prendre l'escalier, on accède à une grande pièce servant d'espace bricolage sur la droite, et de jeux, TV (présente que pour passer les seuls VHS présents en cas de mauvais temps) ou encore d'atelier d'art, lorsque la mère de ma belle-mère qui était artiste était encore de ce monde, sur la gauche. Un canapé de type clic-clac permet de s'assoir lors des soirées films ou encore d'accueillir des invités en cas de nécessité. Cette pièce est assez lumineuse, car 3 fenêtres ornant le mur principal que l'on peut voir de l'exterieur, font office de source de lumière.
En tournant complètement sur la gauche de l'escalier (et de l'atelier bricolage), une porte permet d'accèder à un grand couloir en L, où une immense carte 3D du Valgaudemard est accroché sur le mur de gauche. Ce couloir comporte aussi 2 grandes bibliothèques blanches remplies de livres de toutes époques, dont une magnifique collection des oeuvres complètes de Jules Vernes et d'innombrables BD (collection complètes de Luky Luke, Tintin, Asterix etc.). On accède grâce à ce couloir, à plusieurs pièces : 1 salle de bain, 4 chambres permettant de coucher les nombreux invités, et un WC. Le couloir ne possédant pas de fenêtre, il est éclairé quasi en permanance de jour comme de nuit par une petite lumière avec une ampoule à économie d'énergie.
Les chambres sont très spacieuses, mais ma préférée est la chambre des enfants. Elle se trouve au bout du grand L du couloir juste à côté de la chambre aux Arbres (appelée ainsi grâce aux multiples tableaux/peintures d'arbres qui l'ornent).
Cette chambre.. comment vous dire que j'y ai passé les meilleurs moments de ma vie. Les plus gros fous rires. Les chamailleries. Les jeux. Les rêves. Les lectures. Etc.
A une époque elle ne comptait que 4 lits. A présents, elle en comporte 6 dont un en double mezzanine. Ça en fait du petit monde qui peut y dormir. Et ils ont tous été remplis de nombreuses fois !
Elle comporte une bibliothèque blanche remplie de livres jeunesses de 0 à 20 ans (voir 99 pour les grands enfants) tels que les 6 compagnons de PJ Bonzon, divers livres de la bibliothèque rose et verte, des contes, des classiques tels que Dickens ou Sand etc.
Je pense les avoir tous lu, ou pas loin, tellement la lecture fait partie intégrante de ma vie depuis que je sais lire. Les bibliothèques de cette maison n'y sont certainement pas étrangères !
Une petite armoire blanche sur laquelle sont posées diverses collections de Playmobil, fait office de rangement pour les queqlues vêtements des premiers arrivés sur place lors des séjours. Comme on y a joué avec ces Playmobils !!
Sur la droite de cette armoire, se trouve une table avec divers jeux, dont des maisons de poupées, une caserne de police, des cicruits de voitures, une voiture barbie (qui un jour m'a valu un aller simple à l'hopital, car j'ai eu l'excellente idée de marcher dessus sans le faire exprès, en descendant de mon lit. Mon pied coincé, dans mon élan, j'ai traversé la pièce sur elle pour finir ma course sur les fesses et avec une jolie foulure à mon pouce de pied et un éclat de rire général à tous ceux présents dans la pièce, puis à tout ceux à qui l'histoire a été racontée par la suite) etc.
Je suis presque sûr que vous pouvez m'entendre soupirer d'aise à la remémoration de ce que je vous écris.
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Malgré mon intense désir de la reprendre un jour pour moi (et ma famille), les choses ne sont malheureusement pas si simples. Cette maison est une maison appartenant au père de ma belle-mère (femme de mon père) et même si depuis ces 24 dernières années je "fais partie de la famille", je ne suis pas légitime à faire partie de l'héritage de cette maison. Pas sur le papier du moins même si dans les coeurs, je le suis.
Ce qui me briserait le coeur n'est pas tant qu'elle soit vendue ! Mais qu'elle le soit de manière à ne plus rester au sein de la famille. Cela signifierait que je ne pourrais plus jamais m'y rendre et que le cocon, la bulle que cet endroit représente pour moi depuis l'âge de 5 ans, disparaitrait.
Je ne peux l'accepter.
Je n'ai pas une enfance très tendre et très joyeuse. Il n'y a qu'en venant dans ce Hameau que je pouvais me permettre d'être une véritable petite fille.
Lorsque la fin des séjours poignaient et que les bagages devaient être faits, souvent, les larmes les accompagnaient.
J'ai remarqué que plus je vieillissais, plus partir de cet endroit devenait insupportable pour moi, tant je m'y sens bien et que ce sentiment va croissant avec les années.
Il est bien temps de vous raconter un petit souvenir ! :
1 - Le Monstre des Ténèbres :
Un soir, mes 2 cousines, mon frère, ma soeur et moi étions parties nous coucher.
Mon frère et ma soeur qui étaient assez jeune, dormaient depuis quelques temps quand nous-même étions montées. C'est donc sur la pointe des pieds et avec un minimum de lumière, que nous nous sommes faufilées jusqu'à nos lits.
Laura et moi étions les ainées et en âge de posséder des MP3 et des portables. Etant donné que j'adorais écouter de la musique avant de dormir et que je ne possédais pas de MP3, Laura m'avait gentiment prêté le sien pendant qu'elle même, souhaitant dormir, n'en avait pas besoin et avait éteint toute source de lumière restante dans la chambre.
Nous nous sommes dit bonne nuit, puis j'ai enfilé les écouteurs et fermé mes yeux en espérant que le sommeil me gagnerait assez rapidement.
Les musiques défilent, les minutes passent. Le sommeil ne vient pas.
Un craquement en revanche se fait entendre. Je me dis que c'est la maison qui travaille.
Sauf que les craquements ne cessent pas et semblent se rapprocher de mon lit...
J'ouvre alors discrètement les yeux (en sachant qu'il fait nuit noir et que sur le principe personne ne peut voir que je les ai ouverts) et je distingue une ombre assez imposante, surtout pour une personne au porte du sommeil (ce qui amplifie les sensations), pour faire un bond d'un mètre sur moi-même dans mon lit, tellement j'ai été surprise. Mais qui était-ce ?
Étonnament l'ombre, elle-même, en réponse à mon mouvement, fit un bond puis se précipita en un saut, en direction du lit de Laura pour se cacher sous les couvertures ; en tous cas, de ce que les ombres laissaient paraître de la scène.
Les idées se remettant en place très rapidement dans nos 2 esprits, un fou rire incroyable a commencé à nous prendre.
Pendant plusieurs minutes, de manière incontrolable, nous avons étouffé comme nous le pouvions nos éclats dans nos oreillers. Rien que d'y repenser, le rire me revient.
De très longues minutes passèrent sans que ni l'une ni l'autre ne fûmes en mesure de nous reprendre.
Une fois légèrement apaisées, nous parvînmes à nous calmer suffisamment pour que Laura m'explique ce qu'elle fabriquait debout en plein milieu de la pièce et dans le noir complet (d'autant plus que sa soeur s'était réveillée à cause de nos rires et mourrait d'envie de savoir ce qu'il venait de se passer) : elle voulait seulement et innocemment s'assurer que je ne dormais pas avec son MP3 allumé dans les oreilles. Lorsque qu'elle m'a aperçu bondir d'un coup dans mon lit sans prévenir, elle a eu la peur de sa vie et a pris la tangeante dans son lit.
De mon côté j'ai églament eu la peur de ma vie, surtout quand on sait que depuis toute petite, je suis effrayée par le Monstre des Ténèbres (celui qui se cache dans les ombres). Malgré cela, ce souvenir restera l'un des meilleurs vécu dans cette maison !
Encore maintenant, 15 ans après, nous en parlons systématiquement dès que nous nous voyons !!
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Pour conclure, même si je vous ai essentiellement parlé de la maison car elle représente le coeur de ce qui rend cet endroit si spécial à mes yeux, c'est un ensemble qui fait que ce hameau et cette région sont mes endroits préférés au monde. Je souhaite à tout le monde de pouvoir éprouver ce que j'éprouve lorsque j'y suis, lorsque je m'y rends, lorsque j'en pars même, ou tout simplement comme maintenant, lorsque j'y pense.
J'espère seulement que l'avenir et la vie feront en sorte que nous ne soyons jamais séparés.
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