Day 01 (Partie 01)
Chrees Moure était inconscient avec le nez ensanglanté. Debout à ses côtés se trouvait la jeune femme qui l’avait mis dans cet état, Alicia Garnier. Cette dernière, qui l’observait avec un regard qui était tout sauf amical, se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire de lui. Elle pouvait certes contacter et le livrer aux forces de l’ordre, mais cela allait lui poser un autre problème. En effet, lorsqu’elle regarda sur son téléphone portable, elle se rendit compte qu’il était minuit passé, ce qui signifiait qu’il était l’heure pour elle de se coucher. Donc, le fait d’appeler la police allait lui faire perdre encore plus de temps. Alicia décida donc d’enfermer son agresseur dans une pièce et de libérer après son réveil.
La jeune femme attrapa alors les chevilles de son agresseur et le tira de toutes ses forces. Elle le traina de son bureau jusqu’à des marches d’escaliers menant vers le sous-sol de l’édifice. Sans afficher la moindre once d’hésitation, Alicia poussa Chrees qui dégringola jusqu’en bas. Elle descendit ensuite les marches et se remit à trainer le corps du jeune homme qui, malgré la le parcours assez chaotique, demeurait inconscient.
Garnier et Moure arrivèrent devant une porte que la jeune femme ouvrit quelques instants plus tard. À l’intérieur se trouvaient une chaise en acier et un matelas posé à même le sol. La demoiselle alluma la lumière, traina une fois de plus Chrees à l’intérieur et sortit. Elle referma derrière elle et remonta à vive allure au rez-de-chaussée.
Alicia sortit soudainement de son bar en courant, puis se dirigea vers une petite ruelle se trouvant à moins de dix mètres de son établissement. Là, elle aperçut une voiture vers laquelle elle se dirigea. La jeune femme récupéra une clé dans sa poche avec laquelle elle déverrouilla le véhicule et attrapa une corde dans le coffre. Quelques dizaines de secondes plus tard, Garnier referma derrière elle et répartit une fois de plus en courant vers son bar.
De retour chez elle, la jeune femme en profita pour fermer son établissement à clé. Elle retourna ensuite au sous-sol, attrapant au passage un des torchons avec lesquels elle nettoyait ses verres. Se retrouvant à nouveau aux côtés de Moure, Alicia déposa la corde près de la chaise en acier. Elle attrapa ensuite le beau aux bois dormants et vint le déposer sur cette dernière.
Alicia Garnier respirait fortement. Même si elle était en très bonne condition physique, soulever quelqu’un comme Chrees Moure et le faire assoir sur une chaise étaient assez éprouvant pour elle. Ce fut donc pourquoi elle se permit de faire une petite pause, le temps de reprendre son souffle. Ce fut également durant cette période qu’elle se rendit compte à quel point elle transpirait. Elle lança un regard noir au jeune homme devant elle, se disant que c’était de sa faute si elle se trouvait dans un tel état.
La pause étant terminée, mademoiselle Garnier plaça correctement Moure sur la chaise afin que celui-ci ne tombe pas durant la nuit. Une fois cela fait, elle le ligota soigneusement avec la corde, puis le bâillonna. Alicia sortit finalement de cette pièce qu’elle ferma à clé et prit la direction du premier étage de l’édifice qui se trouvait être également son domicile. Sans se faire prier, la jeune femme fonça dans la salle de bain et, quelques dizaines de minutes plus tard, dans son lit.
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Aux alentours de 3 heures du matin, Chrees Moure reprenait lentement, mais sûrement connaissance. À mesure que son esprit regagnait le monde des vivants, le jeune homme se sentait de plus en plus gêné par quelque chose. Diverses zones de son corps lui faisaient extrêmement mal. La zone de son visage en particulier était beaucoup plus douloureuse que les autres. Quand Chrees voulut toucher cette partie de son corps, il remarqua qu’il trouvait dans l’incapacité de faire le moindre mouvement.
Le jeune homme ouvrit lentement les yeux, se disant qu’il avait une fois de plus terminé quelque part dans un fossé de la ville suite à une mauvaise gueule de bois et quelque chose faisait pression sur lui. Cependant, la première chose qu’il vit ne fut rien d’autre que l’obscurité. À ce moment, son rythme cardiaque commença à s’accélérer. Il essaya à nouveau de se mouvoir, mais ne parvint qu’à bouger ses mains.
En dehors de son incapacité à se mouvoir comme il voulait, le jeune homme se rendit également compte qu’il avait quelque chose dans sa bouche, une chose qui l’empêchait de faire trop de bruit. Il ne savait pas exactement ce que c’était à cause de l’obscurité, mais cela ressemblait à un morceau de tissu. Tout cela ne conforta pas Chrees Moure dont les battements de cœur avaient atteint une cadence effrénée.
Chrees Moure essaya de se rappeler ce qui avait bien pu le conduire dans cette situation périlleuse. Il se souvint s’être fait renvoyer de son boulot et d’errer sans but dans les rues d’Albuquerque. Il se remémora ensuite le moment où il était rentré dans l’établissement d’Alicia et la manière dont leur rencontre s’était soldée, ce qui l’énerva énormément sur l’instant. Il n’arrivait pas à croire qu’il s’était fait mettre KO par une femme. Ce n’était cependant pas le moment de penser à ce genre de choses. Sa vie était en péril et il devait trouver une solution pour se sortir de là.
Le jeune homme essaya tant bien que mal de se concentrer, mais il lui était impossible de savoir ce qui s’était passé après que la propriétaire du bar se soit occupée de lui. Il spécula alors que la demoiselle avait dû le jeter hors de son établissement et quelqu’un l’avait sûrement récupéré pour le conduire dans cet endroit. Chrees se mit par la suite à réfléchir sur la liste des personnes qui aurait bien pu faire cela et, malheureusement pour lui, cette dernière était très longue. Mais un individu en particulier lui venait en tête. Il s’agissait d’une connaissance à qui il avait emprunté de l’argent quelques mois auparavant. S’il s’agissait bien de cet individu, alors la situation de Moure était encore plus périlleuse qu’il le pensait.
Chrees Moure était vraiment dans une situation très inconfortable. À cause de ses spéculations, son rythme cardiaque et son taux d’adrénaline venaient d’atteindre des sommets. Sa forte respiration était douloureuse à cause de la corde qui le maintenait fermement sur sa chaise en acier. Le jeune homme réfléchissait, il réfléchissait sur les prochains mots qu’il allait prononcer quand cette personne serait en face de lui. Peut-être allait-il lui demander un autre délai pour le rembourser, si tant est qu’il accepte.
Plus d’une heure s’écoula et le jeune homme continuait de faire tourner sa matière grise à la recherche de solutions pour s’en sortir. Pendant ce temps, la personne qui l’avait placé dans cette pièce obscure dormait paisiblement dans sa chambre à quelques mètres au-dessus de sa tête.
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Le réveil retentit dans une pièce bordée par des rayons de soleil en provenance de l’extérieur. Alicia sortit sa main d’en dessous des draps et attrapa l’objet à l’origine de cet affreux vacarme. Le son ayant désormais disparu, la jeune femme observa son plafond durant de très nombreuses minutes en se demandant si cela valait vraiment la peine qu’elle sorte de son lit. Après plusieurs inspirations, mademoiselle Garnier trouva finalement la force de se lever et de prendre la direction de sa salle de bain.
Tandis qu’elle faisait la toilette intime de son corps, Alicia se remémora les évènements de la nuit précédente, ce qui lui fit se rappeler qu’il y avait une personne enfermée dans son sous-sol. La jeune femme réfléchit alors sur ce qu’elle allait faire la suite. Mademoiselle Garnier n’avait pas vraiment envie d’appeler les forces de l’ordre, d’autant plus qu’elle savait à peu près ce que ça faisait de commettre certains actes de manière spontanée sans penser aux conséquences. La jeune femme se dit alors qu’elle allait peut-être donner à Chrees Moure une chance de se racheter.
Une vingtaine de minutes plus tard, Alicia Garnier revint dans sa chambre. Complètement nue, elle ouvrit par la suite son armoire à linge et en sortit les vêtements qu’elle allait porter durant toute la journée. Il s’agissait entre autres d’un débardeur, d’une chemise à carreaux, d’un pantalon Jean, d’une paire de chaussettes, et enfin de sous-vêtements. Elle déposa le tout sur son lit avant de les enfiler les uns après les autres.
Lorsque mademoiselle Garnier finit de se rhabiller, elle partit en direction de la cuisine dans l’optique de se faire un bon petit-déjeuner. Le deuxième étage de l’édifice abritait une maison complète avec toutes les pièces nécessaires à une personne célibataire comme elle. De plus, elle n’avait pas à s’en faire d’être en retard sur son lieu de travail, ce qu’elle appréciait énormément. La jeune femme prépara donc tout ce dont elle avait besoin pour tenir durant toute sa journée. Une fois son repas consommé, elle descendit.
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Chrees Moure avait passé une grande partie de la nuit à réfléchir. À cause de cela, et aussi à cause du manque de sommeil et des douleurs, le jeune homme se retrouvait avec une sérieuse migraine qui semblait gagner en intensité à mesure que le temps passait. Il avait l’impression que sa tête allait exploser d’un instant à l’autre. En plus de cela, parce qu’il avait été plongé dans l’obscurité depuis son réveil, Moure n’avait aucune idée de l’heure qu’il faisait et encore moins depuis combien de temps il était enfermé.
Alors que seuls le silence du monde extérieur et le bruit de ses propres pensées étaient ses compagnons du moment, une drôle de sonorité vint frapper aux oreilles du jeune homme. Il s’agissait de bruits de pas. Plus ceux-ci gagnaient en intensité, plus les battements de cœur de Chrees s’accéléraient. Durant ses nombreuses heures de réflexion, il n’avait trouvé aucune excuse valable qui puisse le sortir de cette situation.
Les bruits de pas s’arrêtèrent brusquement et celui d’une clé que l’on introduit dans une serrure prit sa place. Tandis que Chrees Moure appréhendait le moment fatidique, la porte de la pièce s’ouvrit soudainement, permettant ainsi à la lumière de fendre en deux les ténèbres dans lesquelles il était plongé jusqu’à présent. La silhouette qui se présentait devant le jeune homme n’était pas celle à quoi il s’attendait.
- Je vois que tu es réveillé. Bien ! s’exclama la personne en face de Moure.
Le jeune homme fouilla vite fait dans sa mémoire afin de mettre un visage sur cette voix qu’il venait d’entendre. Il parvint à le faire, mais au même moment, toute la pièce fut baignée dans une lumière artificielle, ce qui aveugla temporairement Moure. Lorsque ses yeux s’adaptèrent finalement à son nouvel environnement, il aperçut Alicia Garnier qui se tenait debout devant lui avec une assiette dans la main. Une colère indescriptible s’empara alors de Chrees qui avait du mal à digérer tout ce qui s’était passé jusqu’à présent.
- La bonne nouvelle est que je n’ai pas appelé la police. Donc, après fini ce que je tiens là, je vais te détacher et te laisser partir, à la seule condition que tu changes de comportement à l’avenir. Est-ce qu’on est d’accord ? rétorqua la jeune femme.
Chrees n’en avait rien à faire de ce qu’elle venait de lui dire. Tout ce qui l’intéressait à ce moment précis était de lui faire payer pour l’humiliation qu’elle lui avait fait subir. Le jeune homme était furieux et n’attendait qu’une seule chose: qu’elle le détache. Alicia Garnier déposa l’assiette qu’elle tenait sur le sol, passa derrière Moure, et retira ce qui l’empêchait de parler.
- Sale pute ! Attends que je me libère de là et tu vas voir ce que je vais te faire ! s’exclama furieusement le jeune homme.
- Je vois que nous ne pouvons pas arriver à un accord, dit la demoiselle en venant se remettre devant Moure.
- Je t’emmerde, toi et ton accord ! Dès que je me libère, je vais te faire payer au centuple tout ce que tu m’as fait, sale pute ! rétorqua-t-il de nouveau.
- Je t’offre une seconde chance là. Réfléchis bien…
- Va te faire foutre ! Tout ce qu’une pute comme toi mérite est de te faire buter après un viol ! dit le jeune homme.
Chrees Moure était tellement obnubilé par sa vengeance qu’il ne se rendit pas compte que l’expression faciale de la jeune femme devant lui venait de changer. Non seulement Alicia Garnier devint beaucoup plus sérieuse, mais elle commençait également à plier les poings. Le jeune homme s’exclama une fois de plus de manière grotesque, ce qui fut la fois de trop. Alors qu’il l’insultait à nouveau, mademoiselle Garnier lui asséna un violent crochet droit qui envoya Chrees dans le monde des rêves. Par la suite, elle remit le bâillon à sa place, récupéra l’assiette, et sortit de la pièce en prenant soin de bien fermer derrière elle.
A suivre !!!
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