Day 03 (Partie 02)
Le bar de mademoiselle Garnier était comme à son habitude bondé de monde qui applaudissait et s’extasiait devant le spectacle quotidien de Filona. Cette dernière avait troqué sa tenue de cowboy pour une tenue indienne rouge dévoilant toujours une partie de ventre, mais cachant désormais la moitié de son visage. La jeune femme exécuta une parfaite danse du ventre, ce qui ne laissa pas son collègue indifférent. Ce dernier se répéta donc auprès d’Alicia et de Fuji en disant qu’il trouvait que mademoiselle Giggs bougeait magnifiquement bien.
- Fais attention. Tu risques de tomber sous son charme, rétorqua mademoiselle Nakaharu.
- Si ce n’est pas déjà le cas, ajouta la propriétaire des lieux.
- Très drôle, les filles. Non, mais plus sérieusement, je trouve ça plutôt incroyable que Filona puisse exécuter différents styles de danses aussi facilement. Vous imaginez les heures de travail que cela a dû lui demander.
- Une trentaine d’heures par semaine à peu près, dit Fuji.
John fut quelque peu étonné par la réponse que venait de donner sa collègue. Il lui demanda alors comment elle pouvait être au courant de cela.
- Il est vrai que tu n’étais pas présent quand je l’ai engagée. Ne t’a-t-elle jamais expliqué pourquoi elle commençait toujours son service à 18 heures ? rétorqua mademoiselle Garnier en nettoyant un de ses verres.
- Non, pas vraiment.
- C’est tout simplement parce qu’elle a cours de danse durant une partie de la matinée et de l’après-midi. Si tu avais pris le temps de lui poser la question, tu l’aurais sans doute su. Ce n’est pas comme si elle travaillait avec nous depuis plus de deux mois, dit Fuji.
Le jeune homme se sentit un peu stupide devant ce que venaient de lui dire sa collègue et sa patronne, d’autant plus qu’elles avaient toutes les deux raison sur le fait qu’il n’avait jamais pris la peine de discuter de cela avec elle. Toutefois, ce que Fuji et Alicia ignoraient était le fait que John n’était intéressé que par une seule personne et c’était la propriétaire du bar. Il n’allait cependant pas le lui avouer, pas maintenant.
Le spectacle de mademoiselle Giggs se poursuivit encore pendant une dizaine de minutes. Lorsque cette dernière s’arrêta finalement, le bar d’Alicia fut inondé par les applaudissements et les cris de joie de toutes les personnes présentes. Même la propriétaire des lieux y mit du sien devant la performance de son employé. Filona remercia tout le monde puis prit finalement son service.
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Dans le sous-sol du bâtiment, Chrees se réveilla en sursaut avec des yeux larmoyants. Il avait visiblement été atteint par le cauchemar qu’il venait de faire et était également soulagé que cela n’ait été qu’un rêve. Il fallait dire qu’il avait accidentellement mis un terme aux jours de la personne qu’il considérait toujours comme étant sa petite-amie. Quoi qu’il en soit, Moure était soulagé. Néanmoins, ce sentiment ne dura pas très longtemps. En effet, non seulement le jeune homme était toujours prisonnier de mademoiselle Garnier, mais son estomac criait également famine. Il se rappela que son dernier repas remontait à la nuit précédente, quelques minutes avant que la rousse ne lui fasse ces horribles choses.
Tandis que le jeune homme regardait à nouveau autour de lui, il sentit ses forces l’abandonner progressivement. Il se demanda alors si mademoiselle Garnier lui apporterait de la nourriture comme elle l’avait fait plusieurs heures auparavant. Il en vint également à regretter le fait de ne pas avoir fini son repas quand il en avait eu l’occasion. Désormais, il devait attendre que son tortionnaire lui rende à nouveau visite.
De nombreuses minutes s’écoulèrent et Chrees repensa à ce qui s’était produit dans son cauchemar. Il se demandait notamment si Amélia se rendrait dans son appartement afin d’y récupérer ses affaires comme elle l’avait fait dans son rêve. Si cette scène était destinée à se produire, le jeune homme espérait alors qu’elle se rende compte qu’il avait été absent de chez lui pendant de nombreux jours et qu’elle aille dans un poste de police afin de signaler sa disparition. De ce fait, leur enquête leur conduirait sûrement chez Alicia, une personne ayant au moins vu dans quelle direction il allait quelques jours auparavant.
Une autre dizaine de minutes s’écoula et la faim du jeune homme s’accentua un peu plus. Voyant qu’il ne pouvait plus résister, Moure décida de fermer ses yeux et de faire le vide dans sa tête. Malheureusement pour lui, son estomac ne l’entendit pas de cette oreille et se mit à le persécuter de plus en plus. Finalement, Chrees n’eut d’autre choix que d’essayer de dormir, espérant ainsi faire passer le temps beaucoup plus vite.
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La soirée se déroulait sans le moindre petit souci. Alicia remplissait les verres tandis que Filona, Fuji, et John les servaient aux différents clients. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce fut à ce moment précis que Hopkins décida de ramener le retard de mademoiselle Garnier sur le devant de la scène. Il n’avait vraisemblablement pas été satisfait pour la justification qu’elle lui avait donnée cette matinée.
- Hé, Filona. Est-ce que tu sais qu’Alicia a été en retard au travail aujourd’hui ? questionna-t-il.
- Non, je n’étais pas au courant. D’ailleurs, comment c’est possible si elle vit juste au-dessus ? répondit mademoiselle Giggs.
- Ne me dis pas que tu comptes ramener cette histoire sur le tapis, John ? Je t’ai déjà donné ta réponse, rétorqua la concernée en même temps que son employée.
- Ah, tu vois ! Je ne suis pas le seul à m’interroger sur cette histoire. Quoi qu’il en soit, ce matin, quand Fuji et moi sommes arrivés, mademoiselle n’avait pas encore commencé son service. J’ai dû faire le tour du bâtiment pour l’avoir vu qu’elle ne répondait pas non plus à son téléphone quand on l’appelait.
C’était durant ce genre de moments que la jeune femme venait à regretter d’avoir engagé John. Il s’agissait d’un très bon employé, mais sa curiosité presque maladive le rendait quelque peu irritant et difficile à gérer sur certains points. Mademoiselle Garnier lui avait pourtant déjà donné une réponse assez satisfaisante, mais il restait toujours bloqué sur le fait qu’elle ait été en retard de quelques dizaines de minutes cette matinée, d’autant plus qu’il n’était pas exempt de ce genre de défauts. Il lui arrivait parfois d’être en retard et elle n’en faisait pas toute une histoire.
- Vous parlez de quoi ? demanda soudainement Fuji qui revenait d’une des tables.
- D’Alicia. À ce qu’il parait, elle était en retard ce matin, ce qui n’arrive jamais, répondit mademoiselle Giggs.
- Il est vrai qu’elle était en retard ce matin, mais ce n’est pas la peine d’en faire toute une histoire…
- Merci ! s’exclama la concernée.
- En plus, ce n’est pas comme si ce qu’elle faisait de sa vie privée nous concernait. Tu ne voudrais pas que tes collègues se mêlent de ta vie privée, n’est-ce pas ?
- Non, bien sûr que non, dit Filona.
- Ça ne me dérangerait pas moi, rétorqua à son tour le jeune homme.
Alicia ne se préoccupa bien évidemment pas de ce que venait de dire John. Bien au contraire, elle préféra l’ignorer complètement. Elle était cependant reconnaissante envers Fuji qui, contrairement à son employé masculin, comprenait qu’il y avait des choses ou des activités qu’il valait mieux garder pour soin, d’autant plus que dans son cas, il s’agissait de la séquestration, de la torture, et du viol d’un individu qui avait essayé de lui dérober son argent. C’était donc en effet quelque chose qui ne se criait pas sur tous les toits.
- En tout cas, ce n’est pas tout ça, mais les clients ne vont pas se servir tout seuls, dit la demoiselle rousse, forçant ainsi tout le monde à se remettre au travail.
Comme suggéré par mademoiselle Garnier, ses trois employés retournèrent sillonner son établissement à la recherche de nouvelles commandes ou afin de nettoyer les tables qui méritaient de l’être. Pendant ce temps, Alicia se trouvait derrière son comptoir, réfléchissant à tout ce qu’elle allait faire après avoir fermé son bar. Elle avait tellement d’idées en tête qu’il était difficile pour elle de choisir. Ce fut à cet instant qu’une parmi toutes celles qu’elle avait attira son attention, ce qui provoqua un drôle de sourire chez elle.
- Pourquoi tu souris de la sorte ? Tu as vu quelque chose de drôle ? questionna John qui tenait dans la main un plateau de bouteilles vides.
- Oh pour rien de très important. Je me disais juste que j’avais besoin de faire un peu de shopping, répondit-il.
Malgré sa curiosité presque maladive, le jeune homme n’en demanda pas plus, pensant à ce moment que sa patronne faisait allusion à l’achat de vêtements. Il était alors très loin de se douter qu’il s’agissait d’articles qui allaient lui permettre de mieux profiter de ses instants avec Chrees Moure.
A suivre !!!
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