Chapitre XXXVI (2/2)
Au début, à mon corps défendant, mes entrailles me renvoyèrent l’écho d’une autre silhouette penchée sur la mienne, d’un autre souffle se mêlant au mien. Mais petit à petit, ces images s’atténuèrent et je ne vis plus qu’Orcinus, avec son corps de liane et son teint de blé mûr, qui alternait caresses et baisers avec un appétit qu’il ne pouvait plus du tout dissimuler.
Au creux palpitant de son oreille, je murmurai alors : « Viens ! Maintenant… » et il me pénétra très doucement. Je lus sur son visage qu’une fois de plus, il retenait ses gestes et guettait ma réaction. Alors pour le rassurer, je m’accrochai à ses fesses merveilleusement rondes et l’attirai plus profondément en moi. Il gémit, répondit à mon geste par un long coup de rein, et m’embrassa très fort, comme si sa langue accompagnait tous les mouvements de son corps. Je me détendis peu à peu entre ses bras, désir contre désir, chaleur contre chaleur, et me laissai emporter par des sensations que je n’avais jamais connues jusque-là.
Alors que Rotu m’avait prise avec uniquement son sexe et son pouvoir, Orcinus, lui, me faisait l’amour de tout son corps : ses bras, ses lèvres, son ventre, sa langue, ses doigts, son pénis, son souffle, sa peau, son énergie, son regard, tout était tourné vers moi. Comme s’il donnait autant qu’il prenait. Comme s’il tissait une sorte d’échange, d’alliance, de connexion entre lui et moi. Un lien physique, charnel, puissant, qui n’était que partage et plaisir.
Et tout au bout de notre étreinte, je ressentis une jouissance intense, lumineuse, à laquelle je ne m'attendais pas du tout et à laquelle il répondit en laissant jaillir la sienne. Puis il resta allongé sur moi, humide et essoufflé, dans un mélange de force et de vulnérabilité, d’inconnu et de plénitude, qui me laissa un peu éblouie, un peu perdue, un peu dépassée.
Orcinus me regarda en silence, ses yeux étaient grand ouverts et la flamme de la bougie leur donnait une couleur étrangement mouvante. Je lui caressai le dos le temps de retrouver mon souffle, puis il m’embrassa dans un petit sourire moite.
« - Est-ce que ça va ?
- Oui… Oui, tout va bien.
- Je ne t’ai pas fait mal ?
- Non. Tu…
- Je ?
- Tu ne m’as absolument pas fait mal, Orci. C’est juste que je ne savais pas du tout que tout cela existait.
- Moi non plus…
- Comment cela ?
- Eh bien, parfois, même si mécaniquement, certaines choses peuvent paraître identiques, elles ne le sont pas tant que ça… Tu comprends ? »
Je compris, parce que même si nous n’avions pas le même vécu, j’avais la même sensation. Celle de découvrir qu’il était possible de dépasser mes souvenirs « mécaniques » pour en écrire d’autres, tout neufs, tout beaux, tout chauds.
Je le serrai très fort contre moi, il me rendit mon étreinte en l’arrosant d’un sourire puis il s’allongea à côté de moi, sur le dos. Son lit était étroit, nous devions nous coller l’un à l’autre comme deux goélands perchés sur un rocher trop petit, mais c’était une sensation douce et agréable, chaleureuse, rassurante.
Je lui demandai si je pouvais rester dormir avec lui, il me répondit que c’était bien la première fois que je prenais la peine de lui demander son avis ! Je râlai gentiment (pour la forme, car sur le fond, il avait complètement raison…) puis je me collai à lui afin de respirer sa peau, son odeur, sa chaleur. Et je ne bougeai plus jusqu’au lendemain matin.
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