La mallette de Mr Landu.

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L'amour à l'aveuglette.

Le jeune Mpiana avait rencontré la belle Seya pendant l'adolescence et ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre. Leur relation n'était pas bien vue par leurs proches à cause de leur implication présumée dans des affaires mafieuses, notamment liées à la drogue. Malgré les reproches et les tumultes au sein de sa famille, Seya était follement amoureuse de Mpiana et refusait d'écouter les autres.

- Tu es devenue complètement folle et tu as perdu la tête ! , gronda sa mère. En trainant avec ce garçon, tu ternis la réputation de notre famille. Tu me dégoûtes Seya !

- Vous n'avez jamais pensé à ce qui pourrait être bien pour moi. Répliqua Seya. Ce qui vous préoccupe le plus c'est de me faire travailler à longueur des journées et rien que pour vous.

- On te nourrit et on t'apprend à nourrir aussi. Seya nous assurons ton lendemain et que personne ne te trompes.

- C'est complètement faux !

- Vraiment Seya ? Je suis totalement choquée que tu aies dis ça de ta bouche.

- Si vous assurez vraiment mon lendemain, vous me laisseriez faire un choix.

Devant cet échange de paroles, Victor le père de Seya se senti obligé d'intervenir.

- Écoutes moi Seya, dit-il. Je suis d'accord du fait que tu veuilles faire un choix pour ta vie mais nous, nous voulons que ça soit un choix judicieux. Et on ne te permettra jamais de trimballer avec ce clochard de Mpiana.

- Et papa ne l'appelle de cette façon !

- Seya, je suis radical tel que tu me vois et si tu veux vivre avec ce gars, alors tu devras quitter mon toit.

- Je partirais si c'est ce que tu veux papa.

Mamie, la mère de Seya se mit à pleurer en suppliant sa fille d'écouter son père pour ne pas finir à la rue. Mais si têtue qu'elle était, Seya décida de partir de chez ses parents. Aussitôt, l'annonce parcouru tout Mamba leur pauvre quartier et atteignit les oreilles de Diakiese sa meilleure amie. Alors cette dernière couru chez Mpiana parce qu'elle savait que Seya allait échouer là bas quoi qu'il en coûtait. Eh oui ! En arrivant à la baraque que louait Mpiana, elle la trouva là assise.

- Si c'est pour me faire la morale que t'es venue, alors saches que t'es pas la bienvenue. Lui dis Seya d'un air anxieux.

- Non ! Je suis juste venue voir si t'allais bien et comme c'est le cas je peux m'en aller.

- Oui c'est ça vas t'en !

Diakiese fut tellement consternée par le comportement de son amie et retourna chez elle toute triste. Elle voulait seulement l'aider à changer sa décision de quitter ses parents si tôt comme elle l'avait fait mais Seya lui avait déjà empêchée d'aborder ce sujet.

Pour les deux qui étaient restés derrière elle, une dispute se déclancha par le fait que Mpiana s'était mis à reprocher Seya d'être partie de chez elle pour le rejoindre. Mais en constatant que c'était au nom de l'amour qu'elle l'avait fait, Mpiana prit sa copine dans ses bras et l'embrassa. Ils laissèrent alors tout le passé derrière eux pour pour entrevoir un futur radieux. Mpiana persistait dans ses activités illégales tandis que Seya continuait de le soutenir malgré le fait qu'il lui ramenait toujours de l'argent sale. Un jour, ils se retrouvèrent sans argent, toutes leurs ressources ayant été épuisées.

- Je crois qu'on devrait trouver un autre moyen pour avoir de l'argent. Dit Mpiana.

- Et si on cherchait des amis qui pourraient nous venir en aide ?

- Tu crois que ça va marcher ?

- Qui ne risque rien n'a rien !

Les deux commencèrent à sonner chez leurs amis, mais personne ne voulait les aider. C'est alors que Mpiana eut une idée :

- Et si tu allais voir Diakiese ?

- Écoutes, t'as raison mais ça fait très longtemps qu'on s'est pas vu elle et moi. Alors partir chez elle quand tout va mal ne serait-ce pas bizarre ?

- Et si tu essayais chérie ? Qui ne risque rien n'a rien n'est-ce pas ?

- D'accord, si tu le dis.

Elle alla ensuite chez Diakiese comme l'avait demandé son copain. Elle frappa à la porte...

- Regardez-moi qui est là ! Lui dit Diakiese avec un large sourire. Tu es ressuscitée ?

- Te moques pas de moi.

- Tu vas quand même pas me dire que t'es de passage. Viens t'asseoir et racontes moi tout.

Diakiese était extrêmement gentille, même si son amie l'avait rejetée profondément, elle n'avait pas arrêté de l'aimer.

- Merci pour ton hospitalité Diakiese.

- Je t'en prie. Alors vas y je veux tout savoir.

- Sans te déranger vraiment mais j'ai envie que tu me prête de l'argent. Mpiana et moi traversons un moment difficile mais je sais que ça va s'arranger.

- Attends! Tu veux que je te donne de l'argent ? Et où est ce que j'en trouverai d'ailleurs ? Seya tu connais toute la difficulté que nous avons ici. Je n'étudie pas et je passe mes journées qu'à aider maman avec son commerce de fruits. Tu oublies que nous sommes tous à Mamba le quartier maudit ? Je suis désolée de ne pas pouvoir t'aider Seya.

- C'est pas de ta faute Diakiese. Je vais faire de mon mieux de chercher encore.

Avant qu'elle ne s'en aille, Seya remarqua que Diakiese la fixait des yeux on dirait qu'elle avait un souci.

- Qu'est ce qu'il y a ? Posa Seya.

- Loin de moi l'idée de t'offenser mais je suggère que tu rentres chez tes parents.

- Au-revoir Diakiese !

- Eh eh ! Écoutes moi Seya, tu ressembles désormais à ces filles toutes dévergondées alors que c'est la vie que tu avais quand tu étais chez eux.

- Diakiese t'es qu'une égoïste et tu veux toujours que le monde t'apprécie en disant que t'es la sainte marie. Je m'en vais.

- Je ne veux pas me disputer avec toi mais je veux que tu comprennes que t'es plus sur bon chemin.

- Vas dire ça ailleurs ! Et d'ailleurs saches que tu pourriras dans ce maudit quartier si tu continues à croire aux contes des fées. Bye !

- Seya reviens ! Seya ! Oh non!

Une fois de plus, leur rencontre s'était terminée par une violente incompréhension de Seya. Diakiese, submergée de tristesse, décida d'aller à l'église locale pour prier. De son côté, Seya, si furax, refusa même de rendre visite à ses parents. Elle rentra chez elle pour retrouver son copain, mais il n'était pas là. "Il doit être en train de quémander chez ses amis", murmura-t-elle avec frustration. Elle décida d'attendre son retour en s'endormant. Le soir tomba, et à dix-huit heures précises, Mpiana rentra chez lui.

- Réveilles toi chérie ! On peut être sauvés. Dit Mpiana.

- Sauvés ? Et comment ça ?

- J'ai trouvé une solution bien qu'elle sera difficile à exécuter.

- Bon, vas droit au but !

- Un homme riche vient de débarquer ici à Mamba.

- Attends, tu veux qu'on fasse encore du mal à quelqu'un ?

- Non Seya ! On va juste lui piquer quelques billets sans lui faire de mal.

Eh oui ! Ils avaient une fois frapper à mort un homme pour lui prendre son argent, et depuis ce jour là, Seya ne voulait plus faire de mal à quelqu'un. Elle pouvait voler mais sans être agressive. La cupidité la poussa d'aller jusqu'au bout de l'idée de Mpiana.

- Comment on s'y prend alors ? Posa-t-elle.

- À ce que je sache, il est là seulement pour une nuit qu'il passera chez Nelson.

Nelson était le jeune responsable de l'hôtel pas chère bâti à l'entrée du quartier. C'était très souvent des visiteurs, des gens d'autres parts qui y passaient des nuits. Mpiana proposa à Seya de se transformer en prostituée pour passer cette nuit là avec le présumé homme riche. Seya désista à l'offre de son copain mais à force de répéter, ce dernier parvint à la convaincre. Ils avaient passé plus d'une heure entrain de négocier. Ensuite, à vingt et une heure tapante, la voilà complètement déguisée. Seya entra dans cet hôtel là sans attirer l'attention des gens. Elle alla et trouva le fameux homme puis elle se mit à le séduire. Sans mentir, Seya était une très belle fille de visage et de taille et vierge à l'époque car Mpiana ne l'avait pas encore connu. L'homme riche n'avait pas pu résister devant la belle Seya et l'emmena dans sa chambre d'hôtel. Selon le plan, Seya ne devrait pas avoir de contact sexuel avec l'homme, ce qui nécessitait une drogue bien avant tout. Malheureusement l'homme était tellement assoiffé qu'il n'avait pas laissé le temps à Seya. Ils couchèrent donc ensemble. Malheureuse, Seya compris qu'elle était foutue. Mais elle drogua en fin de compte cet homme emporté par le plaisir. Elle jeta un regard sur le portable du monsieur et voilà qu'il était déjà vingt-trois heures. À l'extérieur, Mpiana s'impatientait mais ne pouvait pas entrer dans l'hôtel de peur qu'il soit vu. Alors Seya se mit à fouiller dans les poches des vêtements du monsieur en espérant trouver quelques billets de banque, sans succès ! Elle se retourna vers la table qui était près de la fenêtre et elle aperçut une malette. Comme elle n'avait pas trouvé de l'argent, elle se contenta d'emporter des objets de valeur avec l'espoir de les vendre pour avoir en retour ce dont ils avaient besoin, l'argent. Elle emporta un costume, un ordinateur portable et la malette. Elle quitta ensuite l'hôtel sans se faire remarquer en laissant derrière elle le pauvre monsieur bien dans son sommeil.

- Tu as mis trop de temps ! Peux tu me dire ce que tu faisais ? Posa Mpiana lorsqu'il vu Seya.

- Je faisait de mon mieux pour nous sortir de la galère.

- Et tu l'as fait ?

- Je n'ai pas trouvé de l'argent mais j'ai quelques objets de valeur.

- Attends, tu me parles d'une veste, d'un ordinateur et d'une putain de malette c'est ça ?

- À ton avis je devrais faire quoi ? Parce qu'il n'avait pas d'argent.

- T'as juste pas vu là où il y en avait, ne dis pas qu'il n'avait pas d'argent.

- Donc tu minimise mon sacrifice ? Tu sais que c'était ton idée à toi ?

- Ah oui ? Et c'était mal d'avoir voulu nous sortir de là ?

- Moi aussi j'ai fait de mon mieux Mpiana alors arrêtons de nous disputer et contentons nous de ce que nous avons pu avoir.

- Dis moi il t'a touché ?

- Non ! Pas du tout.

- Rrrrrrrr ! Tu proposes quoi maintenant ?

- Rentrons réfléchir à la maison Mpiana.

Pour Mpiana, la mission avait complètement échouée car lui ne voulait que des billets de banque. Alors il dit à Seya de s'occuper des objets qu'elle avait en main, question de les revendre et pouvoir avoir du liquide. À minuit tapante, Seya se mit à à ouvrir la malette pour voir le contenu parce qu'elle avait senti que ça pesait. Elle n'arriva pas à l'ouvrir et fit alors appel à Mpiana pour lui prêter main forte. Ce dernier usa d'un marteau en frappant de toutes ses forces. La malette s'ouvrit et...

- Seya !? Qu'est ce que je vois ?

- Nous sommes réellement sauvés Mpiana ! Nous sommes sauvés !

- Mais... attends...on est plus que riches chérie !

Ils sautèrent de joie après avoir découvert les un million de dollars américains qui se cachaient dans ce que Mpiana avait appelé <<putain de malette>>.

- Je te demande pardon de t'avoir traité de la sorte. Tu es un ange Seya.

- C'est pas la peine de t'excuser, cherchons un moyen de partir de ce quartier maudit avant que l'on nous poursuive.

- Pas si vite chérie ! Ici les savent qu'on est mafieux nous et si nous partons rapidement, nous serons les plus grands suspects car cet homme ira sûrement voir la police.

- Tu as raison !

- Jusqu'à présent personne ne nous a remarqué dans cette soirée. On va juste faire semblant de ne rien savoir sur tout ça jusqu'à ce que les enquêtes s'envolent okey?

- Okey !

Cette nuit là fut de courte durée.

Ensuite arriva le matin qui le moment attendu par Mpiana et Seya. Ils avaient caché la mallette d'argent loin dans leur maison pour que personne n'ose même sentir un changement chez eux. Soudain, Nelson le propriétaire de l'hôtel débarqua chez eux avec un air anxieux. Il était passé voir Mpiana pour lui relater la scène de drame qui venait de se produire dans l'hôtel et qui le mettait en mal.

- Il y a un homme qui a payé une chambre chez moi hier soir, tu sais ? Dit le pauvre Nelson.

- Non ! Et en quoi c'est spécial ce que tu veux me raconter ?

- Au faite, on lui a retrouvé mort ce matin dans cette même chambre.

- Quoi ça ?

- Oui il s'est donné la mort à ce que je sache.

- Non mais un homme mort ? Pourquoi ça ? Et comment tu sais qu'il s'est donné la mort ?

- C'est dur mais il s'est pendu.

- Mon Dieu ! Attends, est-ce que tu peux me décrire ce type ?

- Je sais pas trop comment m'y prendre mais la précision est qu'il avait beaucoup d'argent sur lui. C'était un ingénieur et l'argent qu'il avait ne lui appartenait pas, il devait construire un bâtiment ici à Mamba pour un autre homme riche mais on dirait que des gens s'en ont pris à lui.

- Eh c'est trop dur là ! Comment tu vas faire maintenant Nelson ?

- J'en sais rien. La police me considère déjà comme le suspect numéro un.

- La pouasse !

Nelson s'en alla ensuite avec ses inquiétudes mais pas plus que le couple Mpiana. Les deux furent troublés par le fait qu'il y aura sûrement des enquêtes sur cette affaire qui pourraient même les mettre à découvert. Mais Mpiana le malin demanda à sa copine de se calmer sans montrer la moindre faiblesse.

Un mois plus tard après avoir enquêté auprès des suspects proches, la police entama une nouvelle enquête réservée aux habitants les plus connus du quartier. Un mois entier s'était écoulé et le jeune couple pensait déjà être tiré d'affaire lorsque la police vint à eux un certain mercredi dans la journée. Plusieurs questions pertinentes leur fut posées sans pour autant leur dérober car les deux s'étaient vraiment préparé à ça. La police quitta alors leur domicile en notant que le couple n'était pas lié à ce meurtre. Mais comment Seya avait réussi à sortir de cette affaire alors qu'elle avait couché avec le défunt ? Parce que normalement, certaines empreintes sont repérables...

Mpiana et Seya furent enfin libres après l'enquête de la police. Ils s'étaient ensuite mis à user de l'argent de la mallette du pauvre Mr Landu tombé victime de la cupidité de ce jeune couple. Pour ne pas attirer l'attention, ils ont débuté un commerce des appareils électroménagers pour faire croire aux gens que ce serait à cause de ce commerce qu'ils allaient devenir riches. Or, ils étaient déjà riches il y avait de cela deux mois. Après un temps, ils déménagent de Mamba pour s'offrir un palace dans un quartier chic. Personne ne pouvait soupçonner la moindre culpabilité du couple car tout le monde se disait que leur travail leur avait enfin payé. Mpiana décida alors d'officialiser son mariage d'avec Seya en allant se présenter chez les parents de cette dernière, mais les parents refusèrent de prendre la dot de Mpiana. Mais vous savez, chez nous les bantu, quand les parents refusent le mariage, il serait mieux d'y mettre fin car elle n'a aucune bénédiction cette relation. Mais encore une fois, Mpiana et Seya s'entêtèrent et allèrent former leur foyer dans la nouvelle maison qu'ils s'étaient offert.

Lorsqu'ils se mirent en chemin, ils croisèrent Diakiese l'amie de Seya portant un bassin de fruits sur sa tête. Seya lui jeta un regard plein de dédain et lâcha :

- Je t'avais pourtant prévenue que tu allais porter la malédiction de Mamba sur tes épaules durant toute ta vie mais tu ne m'avais pas cru. Me voici officiellement mariée et je pars vivre avec mon mari dans une nouvelle maison. Alors dis moi où sont passés tes vilains conseils de religion et de savoir vivre ?

Diakiese eut la gorge serrée en écoutant les propos de celle qu'elle considérait comme sa meilleure amie et courue une fois de plus dans son église pour prier Dieu. Et de son côté, Seya jura de ne plus jamais remettre les pieds dans le <<maudit quartier>>. Ils partirent et formèrent un foyer bien loin de là et eurent trois filles ; Marthe, Kapi et Sophie.

l'Empire Mpiana

Dix-sept années s'écoulèrent après tous ces événements, et voilà que les filles avaient toutes grandi. Marthe l'aînée avait seize ans, Kapi en avait treize et Sophie la cadette en avait dix. À vrai dire, elles avaient grandi dans l'argent et dans les excès. L'extrême fortune de leurs parents les rendaient gâtées. Mpiana n'avait pas arrêté avec le trafic de drogue et d'autres affaires mafieuses qui lui permettait de se faire davantage un paquet d'argent sale. Seya se contentait des affaires qu'elle avait implanté ça et là. Des salons de coiffure, des grandes boutiques d'habillement, des bijouteries, des alimentations et autres choses du même genre. Mais rien n'était parfait chez les Mpiana ! C'était une famille orgueilleuse et arrogante. Il était vrai que ceux qui travaillaient chez eux étaient bien payés mais la vie dans le travail n'était pas appréciable. Ils étaient en tout le temps grondé même pour rien et on les traitaient comme des serviteurs de la famille. Du côté des enfants c'était encore impitoyable. Marthe se croyait toujours au dessus de tout le monde que ce soit à la maison tout comme à l'école. Elle se promenait toujours avec un garde corps et dédaignait tout sur son chemin. Kapi elle, distribuait de l'argent aux garçons de son école à condition que ces derniers fassent tout ce qu'elle leur dirait, une vraie Dona. Et le pire était qu'il n'y avait jamais eu d'entente entre Marthe et Kapi. Elles se disputaient pour tout et pour rien. Marthe avait une haine sombre pour sa petite sœur et même pour sa maman. Il arrivait de fois où Marthe parvenait à hausser le ton devant sa mère. Elle n'avait pas de respect pour qui que ce soit. Mpiana et sa femme restaient tous les deux inefficaces devant leurs enfants et se contentaient de remplir leur maison d'argent sale.

En observant ce tohu-bohu au sein de la maison Mpiana, on pourrait seulement dire qu'elle n'était pas bénite.

Seule Sophie la cadette de dix ans présentait des symptômes autres et moins digne d'une Mpiana. Elle était tendre d'esprit. Elle marchait et parlait doucement. Elle était la plus belle, la plus calme, la plus sobre et la plus aimée des Mpiana. Elle était gentille et intelligente à tel point que tous les professeurs et les camarades de son école l'appréciaient. En famille, elle ne retenait pas l'attention que ce soit de ses parents ou de ses sœurs. Raison pour laquelle elle restait toujours dans son coin et n'arrivait pas à raconter des histoires à personne. Elle n'arriva même pas à raconter ce qu'elle avait vu pendant une nuit dans la maison.

Alors qu'un orage se créait, que le vent soufflait fort, que les éclairs pénétrait dans la maison à travers les vitres, l'électricité fut interrompu dans tout le quartier. Marthe et Kapi restèrent dans leurs chambres chacune. Mais Sophie avait un peu peur des coups de tonnerres et se mit à chercher Soulé, son chien de compagnie.

- Soulé ! Soulé ! Tu es où Soulé ? Criait-elle dans les longs couloirs de la maison.

Elle avait dans sa main une lampe torche vu l'obscurité qu'il y avait. Elle entra dans le couloir menant à la salle de bain pour visiteurs et c'est en ce moment là que sa lampe torche s'éteignit. Prise de peur, elle voulu faire demi tour pour aller en chercher une autre quand soudain un éclair frappa les vitres qui arpentaient le couloir jusqu'à la salle de bain. Alors sous cet éclair, une ombre apparut dans la salle de bain se tenant au fond de couloir. Elle eut le corps secoué par le scénario mais une poignée de courage monta de son ventre jusqu'à la cime de ses cheveux la poussant à avancer doucement vers la salle de bain et au moment où elle était à un mètre de là, l'éclair frappa encore une fois. Et soudain, elle se trouva face à un homme étrange vêtu d'un chemisier blanc et d'un pantalon noir, sa peau était grise comme s'il était vidé de son sang, ses yeux étaient tous blancs et son cou était marqué des grandes cicatrices. Son aspect était si flippant que Sophie eut une sensation atroce, comme une décomposition de son âme. Sa respiration s'accéléra et ses dents furent serrées entre elles. Le regard du monsieur à la barbe blanche était rivé sur elle et dans sa main droite se trouvait un papier avec plein d'écrits dessus. La scène la scène dura plus de trente secondes et Sophie ne parvenait toujours pas à crier, elle était comme prise au piège. Alors elle commença à reculer doucement vers la sortie et du coup l'électricité fut rétablie et le monsieur n'était plus là. En lieu et place de s'enfuir, Sophie rentra dans la salle de bain pour voir si cet homme était toujours là. Mais ce dernier s'était complètement évaporé. La peur prit davantage possession d'elle mais elle décida de le dire à personne.

Après des jours, il était venu le tour de Kapi. Elle se réveilla un jour avec une humble envie d'aller faire quelques arrangements dans le dressing. Elle sortit de la salle des machines tenant un panier rempli de ses propres linges en se dirigeant vers le dressing pour les classer. Une chose étrange se produisit là, dans le dressing. Dès qu'elle entra, la porte de la pièce se referma derrière elle comme si quelqu'un l'avait claqué.

- qui est là ? Posa-t-elle d'un air arrogant mais silence total.

Elle rouvrit la porte pour voir si c'était quelqu'un qui lui jouait un mauvais tour, mais personne devant elle. Elle la referma ensuite doucement et se remit à travailler. Dix secondes après, la porte s'ouvrit d'elle même !

- je déteste ce jeu, qui est là putain ? Cria-t-elle et soudain il eut un bruit dans le couloir comme si quelqu'un avait laissé tombé un objet lourd. Elle sortit cette fois du dressing et voici qu'au fond du couloir, près de l'escalier menant à la cave où se trouvait la salle des machines, cet homme là à la peau grise, aux yeux tous blancs et la barbe blanche qui tenait dans sa main une feuille de papier remplie d'écrits se tenait debout. C'était le même monsieur qu'avait vu Sophie cinq jours avant. Toute l'arrogance de Kapi fut anéantie face à cet homme. Elle voulu prendre fuite mais malheureusement ses jambes ne répondaient pas. C'était comme si une corde les avait liées. Alors s'avança d'elle doucement mais en flottant à une distance de trente centimètres du sol. La scène fut horrible que Kapi cherchait à crier mais en vain, car sa voix non plus ne répondait pas. L'homme avança, avança et avança encore plus près d'elle jusqu'à quinze centimètres d'elle et les larmes coulèrent des yeux de Kapi qui se sentit malheureuse du fait d'avoir perdu le contrôle de son corps. Devant elle, l'homme la fixait du regard avec ses yeux flippants et il cria à ses oreilles <<ma mallette !>> et disparut. Kapi se retrouva au sol après ce cri et en se levant, voilà que Sophie arriva.

- tu l'as vu aussi ? demanda Sophie à Kapi, mais très arrogante comme toujours, elle la répondit :

- vas jouer ailleurs !

Kapi et Sophie gardèrent la chose chacune de son côté. On ne sait toujours pas pourquoi mais elles furent confuses par ce qu'elles virent ces jours là. Le soir lors du repas, Seya remarqua la froideur de ses deux filles. Sophie n'arrêtait pas de regarder Kapi mais celle-ci lui remettait un méchant signe d'yeux pour dire à Sophie d'arrêter de la regarder. Alors Seya demanda :

- qu'y a t-il les filles ?

- rien m'man. Répondit Kapi.

- vous en êtes sûres ? Eh Sophie, dis moi ce qu'il y a.

- rien du tout maman. Sophie avait le regard dans son assiette pendant qu'elle fit cette réponse à sa mère.

- bon, d'accord comme vous le dites !

Après le repas, toutes les filles montèrent dans leurs chambres sans un mot à leurs parents sauf la tendre Sophie qui fit un câlin à son père et un autre à sa mère. Elle était la seule des Mpiana qui disait le bonjour ou le bon sommeil car les deux autres s'en foutaient carrément. Elle alla voir Marthe dans sa chambre pour lui souhaiter le bon sommeil, mais cette dernière la chassa comme d'habitude et Sophie elle, ne se lassée pas de le faire toutes les soirées. Elle alla ensuite chez Kapi malgré le fait qu'elle savait qu'elle serait chassée encore...

- Kapi !

- si tu veux me déranger c'est pas la peine.

Kapi pensait que Sophie venait remettre en question ce qui s'était passé la journée dans le dressing.

- non, j'allais juste te souhaiter une bonne nuit.

Kapi regarda sa sœur et senti monté en elle une grosse dose d'amour.

- pardonnes moi d'être parfois agressive envers toi. Dit Kapi.

- ne t'en fais pas pour ça !

Sophie lui fit un câlin avant de s'en aller. L'attachement entre Sophie et Kapi débuta cette soirée là. Kapi voulait discuter avec elle de ce qu'elle avait vu mais un sentiment venait contrarier cela.

Tout s'endormit dans la maison. Le silence était absolu dans l'Empire Mpiana, quand tout d'un coup la porte de la chambre de Kapi s'ouvrit d'elle même. On dit qu'elle s'ouvrit d'elle même parce qu'il n'y avait pas de présence humaine mais ce qui se mouvait dans cette maison là était dur pur surhumain. Lorsque Kapi entendit de son sommeil le craquement d'une porte, elle sursauta et vit que sa chambre était ouverte. En pensant à tout ce qu'elle avait vu la journée, elle se mit à pleurer d'une profonde tristesse. Au fur et à mesure qu'elle pleurait, elle sentit s'approcher de la porte une présence mystérieuse. La solitude et la vulnérabilité l'envahirent et tout s'arrêta d'un coup. La présence qu'elle sentait avait arrêté d'approcher. Elle prit courage et courue fermer la porte, mais au moment de le faire, elle entendit un chuchotement dans la chambre d'à côté, celle de Sophie. Elle ne supporta pas qu'un mal arrive à sa sœur et courue encore mais cette fois dans la chambre de Sophie. Et voilà que la petite était allongé sur son lit dans une position saugrenue. C'était comme si elle était dans un cercueil. Vous connaissez sûrement cette position. Les bras le long du corps, le nez pointant le ciel et les yeux fermés. Elle répétait une phrase en boucle <<tronc d'arbre, cailloux, piscine escalier, riv...>> Alors Kapi se précipita sur elle :

- Sophie ! Sophie réveilles toi !

- tronc d'arbre, cailloux, piscine, escalier, riv...tronc d'arbre, cailloux, piscine, escalier, riv...

- Sophie !

- tronc d'arbre, cailloux, piscine, escalier, riv...hein ! Qu'est-ce qu'il y Kapi ? Demanda-t-elle lors de son réveil.

- tu parlait sous ton sommeil et je n'arrivais pas à dormir.

- oh ! On dirait j'ai fait un cauchemar mais je ne m'en rappelle plus.

- c'est pas grave rendors toi.

- attends, pourquoi t'as des larmes aux yeux ?

- non ce n'est rien.

- Kapi t'es sûre de ne pas vouloir en parler ? Parce que moi je veux te confier un truc.

- ah oui ? Raconte moi alors.

- la semaine dernière j'ai vu un homme bizarre dans la salle de bain pour visiteurs.

- écoutes, papa a trop d'employés et c'est normal que tu en vois un dans la maison.

- sauf que l'homme que j'ai vu n'était pas l'un des employés de papa.

- quoi, parce que tu les connais tous ?

- non parce qu'il était gris comme un cadavre et...

- ce n'est rien d'autre que ton imagination Okey ? Interrompit Kapi.

- okey, donc toi aussi tu t'es fais une illusion ?

- je te souhaite une bonne nuit p'tite sœur.

- un jour viendra où tu auras envie d'en parler.

Sophie tira son drap et se recoucha. Sa grande sœur sortit rejoindre sa chambre dans le grand désarroi. Au faite, elle ne voulait pas montrer à Sophie qu'elle était terrorisée par quelque chose. Les deux sœurs s'endormirent jusqu'au matin.

La chute.

Ces événements était le début du cauchemar des Mpiana. Ces deux enfants ne savaient pas à quoi elles étaient confrontées ni le pourquoi. Elles préfèrèrent garder ça pour elles même sans même en parler entre elles. Mais le jour où tout bascula, elles se sentirent obligées de tout dire à leur maman. Des vives tensions régnaient au sein du couple Mpiana qui était poursuivi par les dit du gouvernement pour des meurtres organisés, du trafic de drogue, braquage des banques et plein d'autres crimes. En vrai, les deux Mpiana représentait un danger pour le gouvernement. Alors un jour, l'un des proches employés des Mpiana vint à annoncer que le gouvernement s'était emparé de cinq comptes en banque de la famille. C'était les plus gros comptes en banque des Mpiana qui représentaient la moitié de leur richesse. Mpiana se mit en colère et ordonna à ses hommes de riposter par la force à cet acte. Une guerre venait d'être déclarée entre le gouverneur et lui. Du coup les filles n'étant plus en sécurité, furent emmenées dans une autre maison leur appartenant. Une maison qui se trouvait dans les bois au fin fond de la ville où personne n'y accédait facilement à cause des gardes de Mpiana. Là bas, elles étaient complètement coupées du monde. Pas d'Internet ni d'école. Que des jeux vidéos. Alors de son côté, Mpiana commençait à perdre la bataille. Nombreux de ses hommes avaient été torturés et tués. En l'apprenant, Mpiana fut consterné et décida de rejoindre sa femme et ses enfants dans les bois. L'acte de Mpiana était considéré comme une défaite et le gouvernement s'empara cette fois de la grande et luxueuse maison, la résidence officielle des Mpiana, l'Empire Mpiana. Ils s'emparèrent également de tous les comptes en banque qui restaient. Mpiana se retrouva du coup au sol avec sa maison dans les bois et la seule voiture qu'il avait emmené. Toutes ses richesses ne lui appartenaient plus désormais. Tous les employés étaient partis seul Ntoya le fidèle était resté près du couple. Imaginez qu'un homme qui possédait plus de cents hommes se retrouver à la fin qu'avec un seul. D'autres avaient été tués et d'autres s'étaient juste enfuis pour sauver leurs peaux. C'est dans cette maison que Seya ressentit la faim, chose qu'elle n'avait plus ressenti il y avait de cela seize ans. Les filles commencèrent à déclarer leur faim et en regardant s'épuiser les petites provisions, Mpiana décida d'aller lui même chercher la nourriture pour ses filles. Ntoya lui demanda de ne pas faire ça de peur d'être capturé, mais Mpiana s'entêta. Ntoya lui demanda alors de venir avec lui mais celui-ci refusa et lui dit de rester surveiller sa famille. Alors Mpiana prit la seule voiture qui leur restait et s'en alla. C'était un aller sans retour parce que sa famille restée dans les bois l'attendit des heures après des heures sans qu'il ne revienne. Ils épuisèrent la dernière quantité de nourriture qu'il y avait et passèrent la nuit sans Mpiana. C'est au beau petit matin que sonna le téléphone de Ntoya qui se précipita à répondre croyant que c'était Mpiana, mais en décrochant, c'était la voix d'une vieille femme qui demandait de l'aide.

- venez m'aider s'il vous plaît, au beau milieu de la forêt, à dix kilomètres de la ville avec un homme blessé qui est en train de mourir. Dit elle.

- d'accord mais comment avez vous réussi à me joindre ?

- parce que j'ai retrouvé votre numéro dans le portable de la victime.

C'était bien Mpiana qui avait été retrouvé dans une situation inattendue. Ntoya evita de faire paniquer Seya et les filles et sortit à de la maison pour téléphoner à Mamadou, le meilleur ami de Mpiana. Un mafieux aussi. Il dit à ce dernier tout ce qui venait de se passer et lui demanda d'intervenir surtout pour les enfants. Alors Mamadou lui demanda d'aller voir la situation de Mpiana mais Ntoya n'avait pas de moyen pour se déplacer. Mamadou alerta sa troupe qui d'un côté l'aida à retrouver la famille et de l'autre à retrouver Mpiana. Sauf qu'à l'arrivée de la troupe allée voir Mpiana, le trouva déjà mort. Ils téléphonèrent à leur chef pour lui annoncer la nouvelle. Aussitôt, le cortège de Mamadou arriva chez les Mpiana, dans les bois. Il demanda aux filles de ne pas rester dehors et fit un signe à Ntoya pour qu'ils aillent parler à côté. Seya demanda à Ntoya qui avait appelé Mamadou et celui ci lui promit de tout la raconta si elle restait avec les enfants dans la maison. Seya fit ainsi mais avec beaucoup de peur car le climat était tendu.

- pourquoi tu l'as laissé partir seul ? Demanda Mamadou à Ntoya.

- vous connaissez parfaitement votre ami, c'est un dur à cuire. Je l'en ai empêché mais il n'a pas voulu m'écouter.

- oh mon Dieu ! Ntoya je suis désolé mais il est mort.

- mort ? Mais comment ça ?

- tu dois être courageux et t'enfuir d'ici avec le reste de la famille. J'ai demandé à mes hommes d'emmener le corps pour qu'on l'enterre ici dans sa propriété pour éviter que le gouvernement ne s'empare pas du corps.

Ntoya était très triste mais il n'avait pas de choix. Il était obligé de dire à Seya qu'elle était désormais veuve. Cette dernière se jeta au sol en pleurant et en alertant aussi les enfants. Le chagrin fut énorme ce jour là dans les cœurs des filles Mpiana qui vivaient l'enfer de leur vie. De l'autre côté, les hommes de Mamadou s'emparèrent du corps de Mpiana avant que la police n'arrive sur le lieu de l'accident. Lorsqu'ils arrivèrent avec à la maison dans les bois, ensemble, Mamadou, Ntoya, Seya décidèrent de l'enterrer là bas le plus rapidement possible.

- la police et l'armée sont sur nos pas. Dit Mamadou à Seya. J'ai dit à Ntoya de vous faire fuir d'ici. Cherchez un endroit où aller.

- un endroit tu dis ? Où est ce que j'irais avec mes enfants ? Ne peux tu pas nous faire de la place chez toi même pour quelques jours ?

- c'est impossible Seya. Je suis également poursuivi par ces gens et cela vous mettrait en danger. Tiens, prends cet argent et faites l'effort de fuir loin d'ici.

Mamadou donna une somme de mille dollars américains à Seya pour une survie de courte durée. La cérémonie de l'enterrement se fit sous le regard amère de Sophie âgée de seulement dix ans qui voyait son père dans un drap et qu'on mettait sous du sable. Elle n'avait pas eu le temps de bien digérer le fait qu'elle ne reverra plus son papa. Après cela, Mamadou donna aux Mpiana une de ses voitures pour s'enfuir. Et c'est à l'intérieur de la voiture que Sophie décida de tout raconter à sa maman. Elle raconta ce qu'elle vit ce soir là dans la maison et Kapi, sous des pleurs trouva aussi le courage de donner sa version des faits. Compte tenu de tous les détails qu'elle avait reçu de ses filles concernant le fameux monsieur qui apparaissait dans l'ancienne maison, Seya se rendit compte que le danger n'était pas le gouvernement mais plutôt cet homme là. L'homme de la mallette volée d'il y avait dix-sept ans. Elle se rappela de toutes les histoires de malédiction que lui racontait son père quand elle était enfant et dit à Ntoya : <<emmènes nous à Mamba.>> Elle avait l'air triste et désespérée.

- c'est où ça Mamba? Demanda Sophie.

- t'inquiètes ma chérie tu verras toi même.

En chemin, Seya demanda à Ntoya :

- dit, est-ce que tu te souviens de l'histoire d'un homme qui se serait donné la mort dans un hôtel à Mamba ?

- tu parles de Landu l'ingénieur ?

Depuis tout ce temps, Seya n'avait connu le nom de l'homme avec qui elle coucha la nuit du suicide. Quand elle entendit ce nom de la bouche de Ntoya, elle se tut.

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