Ode de mer

2 minutes de lecture

J'ai posé mon séant sur ce banc de bois

il me tendait ses bras, accueillant.

Le cou tendu les yeux jetés loin devant

contemplative et béate, le nez au vent

très vite mes pensées voltigent

et je deviens girouette callipyge.


La puissance des éphémères a créé l'univers

et m'a fait moi moins que poussière, ici bas.


Comme je peux haïr cette mer qui n'est jamais là



Mon regard porté au kilomètre

je devine sa langue gourmande

elle s'étale doucement au loin

elle dévore la grève

dans son élan de faim

par à-coups redessine l'instant

comme un peintre hésitant

Un cerf volant furieux s'agite en tout sens

soudain avide de liberté.

Du bruit dans mon silence

brise l'harmonie

ma transe.

Il est beau

entame sa sarabande colorée.

Sous le charme de sa danse avec le soleil

éblouie, je veille.


La mer avance

elle est pudique

dans mon dos elle a bondi

je vois bien à présent sa langue avide

sous la blanche effervescence

son appétit féroce.


Alors je capture son tempo

je me laisse bercer

au rythme saccadé

je reprends mon solo

L'éphémère est un autre ailleurs.

Déjà parti ou pas encore arrivé.

Il est en toute chose son essence.


Mon regard surfe sur ton dos

tu as pris la couleur de mes yeux

un vert émeraude étincelant

plus loin l'infini est bleu,

comme un cadeau céleste

un bain de pieds du ciel

bleu d'azur intense plein ouest .


Je suis subjuguée.

Une vie à t'attendre, ma vie.

Je ne sais jamais comment je vais te trouver

la belle est changeante et mystérieuse

un jour légère et reposante

un autre tu es furie, déchaînée.

La belle est sauvage,

douce imprévisible

est l'indomptable.


Aujourd'hui

tu es joueuse et accueillante

tu me fais plaisir

de te parer merveilles.

J'aime tout de toi,

tes fautes de goûts

tes colères tes ébats

ta tendresse ton émoi

ton odeur tes caresses

ton chant fait d'ivresse


Je m'enivre et je pense.


Le temps compté coule dans nos veines.

Je vois l'automne dans mes cheveux

mon dos qui me chagrine, c'est peine.

C'est l'effet, mes rides.


Le cerf volant gît là sur le sable

le flanc offert et la gueule béante

comme un animal mort.


Un frisson me parcourt

le vent me fait sa cour

mes sens à l'unisson du jour.

J'entends les oiseaux de mer chanter de bonheur.

Des enfants courent et crient d'envie, d'excitation.

L'iode a envahi mes poumons, je prends l'air.

Je la sens elle est là, enfin. C'est l'heure.

Je suis ragaillardie,

prête à piquer une tête.

C'est l'effet, mer.


De cet instant de beauté nature

dégusté par tout mon corps, tous mes sens.

Je ressors bouleversée

à jamais changée.

Je est déjà une autre.

La faim de vivre au cœur et au corps.

Soif d'exister encore.


Que c'est bon d'être vivant !


J'en veux encore pour mille ans

de ces instants fragiles

de ces tranches de vie magiques

qui font de nous des amoureux transis

épris de beauté, de liberté.

Saint Jacut de la Mer Un été d'août XX ème siècle


Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire LeaDanCarole ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0