La musique Tony Bennett et Diana Krall - Love Is Here To Stay

https://youtu.be/qq57pw67ttw

La toile vierge patientait sur un chevalet. La sensualité d'un Blues en fond sonore, il s'installe près d’une petite table sur son balcon. À l'aide d'un calame taillé dans un roseau, dont il trempe la pointe dans l'encre noire, il trace des arabesques aux douces courbes.

Petit à petit apparaît une silhouette dont la gracile vénusté semble sortir du tableau ; il ne s'agit pas d'une illusion. Sous son regard ébaubi, la silhouette se met à grandir et à danser devant ses yeux. Elle virevousse au son de la musique cantabile et envoûtante qu'elle entend en sourdine.

Il prend alors un autre calame dont il trempe la pointe dans l'encre rouge, trace sur la toile de lin des arabesques rubescentes. S'élèvent alors des rubans rouge sang, coruscant comme des rubis, qui s'enroulent et dansent autour du corps insaisissable de la sylphide.

Subjugué par ce ballet, il a l'impression d'avoir bu un philtre inébriant. Exhibant avec munificence et fluidité ses courbes et déliés, il ne peut malgré sa pusillanimité détacher son regard.

Lorsque la musique donne sa place au silence, les volutes deviennent hyalines, avant de s'évaporer. Il regarde son tableau et sourit en passant son doigt sur les lignes douces des arabesques noires et rouges gravées sur la toile, dessinant une danseuse à la gracile vénusté.

Il s’en retourne à l’intérieur avec un sentiment accompli ; la magnifiscence de son offrande à la toile vierge qui patientait sur un chevalet.