La machine à écrire.
— Mamie ! Je suis là !
— Entre ma puce.
Mia enlaça sa grand-mère.
— Je suis contente de te revoir. Je t'aurais bien aidé à débarrasser mais je ne peux plus monter les escaliers.
— Ne t'inquiète pas mamie. Dis-moi juste des catégories pour que je puisse trier et si je ne sais pas je te demande.
La grand-mère expliqua donc à sa petite fille qu'elle voulait vider le grenier le plus possible.
Mia ouvrit une petite porte au plafond avant de faire coulisser les escaliers jusqu'au sol. Elle monta les escaliers, armée d'une lampe de poche dans la main.
Elle toussa une fois immergée dans le grenier, à cause de l'épaisse poussière accumulée depuis des années d'inactivité.
Elle inspecta rapidement l'ensemble du grenier puis commença au plus près d'elle. Il y avait majoritairement des vêtements et objets appartenant à son défunt grand-père. Elle regroupa tous les vêtements ayant en tête l'idée de les donner à des gens dans le besoin.
Elle trouva ensuite divers souvenirs de ses grands-parents, elle s'essaya au sol pour en regarder quelques-uns. Elle souriait, son grand-père avait rendu sa grand-mère heureuse tout au long de leur relation. Mia se rappelait encore de toutes les blagues de son grand-père, il était infiniment doux, drôle et attentionné. Il lui manquait au quotidien, mais il devait encore plus manquer à sa grand-mère. Elle ferait en sorte de la rendre le plus heureuse possible.
Mia soupira avant de descendre les premiers cartons de vêtements, puis ceux des souvenirs que sa grand-mère s'empressa d'ouvrir.
— J'ai remarqué dans le fond du grenier ce qui semblait être une vieille machine à écrire, mais elle avait l'air assez raffiné. Tu voudrais bien que je la descende pour l'utiliser ?
Sa grand-mère releva brusquement la tête vers Mia, les yeux ronds et la bouche ouverte de surprise.
— Oh Mia ! Oui ! Il faut que tu la descendes, cette machine est si spéciale ! C'était un cadeau de ton papi, le plus précieux et le plus incroyable de tous !
Mia sourit avant de remonter dans le grenier. Elle s'avança jusqu'à la machine à écrire qu'elle nettoya le plus possible avant de la descendre. Cette machine était encore en excellent état. Elle était d'un blanc pur et des petits motifs violets se trouvaient gracieusement incrustés sur les côtés.
La grand-mère souriait largement, les larmes aux yeux.
— Mia installe-toi. Tu vas voir la magie de cette machine.
Mia s'installe devant la machine à écrire pendant que sa grand-mère y mit une feuille.
— Maintenant, laisse ton imagination te guider !
Mia ferma les yeux afin de se concentrer puis commença à taper frénétiquement sur les touches de la machine. Ces dernières faisaient un bruit mélodieux au toucher et la grand mère ferma les yeux, se remémorant bien des souvenirs rien qu'à ce son.
Lorsque ses yeux s'ouvrirent de nouveau, la grand-mère fut transportée à l'époque de la rencontre avec son mari. Elle pleurait à chaudes larmes, tant de souvenirs. Son mari était debout tout souriant et vêtu d'un bel ensemble bleu marine, devant elle avec un bouquet de fleurs, des roses plus particulièrement, à la main. C'était le jour de leur premier rendez-vous galant.
— Ma belle Anne, je suis ravi de voir que vous voulez bien de moi. Ces fleurs sont pour vous.
— Oh ! Je suis flattée, merci Raymond, vous êtes très plaisant et ces fleurs aussi !
Ils s'étaient promenés dans le parc fleuri de la ville et elle avait découvert à quel point l'homme à ses côtés était idéal pour elle. Ils avaient beaucoup craint leur premier baiser, à l'époque il fallait être sûr de la personne choisie, mais Anne avait ressenti une agréable sensation au creux de son ventre, comme des papillons qui dansaient en elle. C'est alors que des papillons de couleurs pastel se sont envolés de son ventre, avant de gracieusement voler tout autour d'elle. Elle souriait plus que jamais.
Elle réalisa que tout n'était pas identique à ses souvenirs puis revint à la réalité.
— Oh Mia, tu m'as fait revivre si réellement l'instant où je me suis rendue compte que ton papi était une évidence pour moi ! Les sensations étaient si magiques ! C'est incroyable, ça fonctionne toujours aussi bien et ton talent pour écrire rend encore plus magique la situation.
Mia sourit, elle était heureuse de voir sa grand-mère si heureuse.
— Prépare-toi mamie, je vais t'écrire autre chose.
Mia sourit à sa grand-mère avant de se remettre à taper sur les touches de la machine. Instantanément, elles se retrouvèrent dans la chambre d'hôpital avant le décès de l'homme.
Il était vêtu du costume bleu marine, le même que le jour du rendez-vous galant, portant le même sourire malgré la douleur propagée dans tout son corps. Sa femme était vêtue d'une magnifique robe rouge qui faisait ressortir ses yeux bleus.
— Ma belle Anne, je souhaiterais que chaque homme sur cette terre puisse avoir une femme aussi extraordinaire que la mienne, aussi aimante et drôle, aussi douce et positive. Je suis content d'avoir osé t'approcher ce soir d'été lorsque tu étais avec tes amies, parce que je n'aurais jamais pu être aussi heureux et vivant si je n'avais pas croisé ton chemin. Tu es le soleil de mes jours et l'étoile de mes nuits. Tu m'as toujours guidé vers la lumière et j'emporterai avec moi de délicieux souvenirs. Je t'...
— Oh Raymond, l'homme de ma vie, la meilleure chose qui me soit arrivée. Puisses-tu reposer en paix mon amour. Je t'aime.
L'homme avait quitté ce monde, il avait eu une vie ensoleillée de bonheur auprès de sa femme, il partit paisiblement, bercé par l'infini amour de sa femme.
Les deux femmes se retrouvèrent de nouveau dans la maison. Toutes deux pleuraient, de tristesse, de nostalgie mais surtout de joie et d'amour.
— Ma chérie, je te remercie, je n'ai pas de mots assez forts pour exprimer à quel point je suis fière que tu sois la personne qui utilise cette machine à écrire. Prends-la, tu la mérites !
— Si tu le souhaites, j'écrirais plus souvent, tout ce que tu voudras mamie.
Elle se prirent dans les bras, aussi heureuse l'une que l'autre.
Rendre son entourage heureux, c'est rendre son âme heureuse.
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