L’échafaud
Bachir se demandait pourquoi il se trouvait là, au pied de l'échafaud. Qu'avait-il fait de mal? Aimer, qui que ce soit, était-ce un acte criminel? Pour les autres villageois, le jeune homme avait été une honte pour son pays et pour Batoumi, là où il résidait.
Deux potences. Côte-à-côte. Sur l'une, ils brûleraient Bachir ; sur l'autre, ils pendraient Idris.
Et Bachir se remémorait ce jour où ce garçon l'avait embrassé. C'était à la fois le meilleur et le pire moment de sa vie. Sa si courte vie! Car on les avait vus. Puis menés chez les "autorités compétentes".
Bachir et Idris s'aimaient. Mais ils s'aimaient alors que leur pays refusait cet amour. Avaient-ils décidé ? En réalité, la question ne se posait pas. Devant l'échafaud, c'était à peine si la foule ne criait pas au meurtre !
Tout cela parce qu'ils étaient nés à Batoumi. Combien avaient péri avant eux ? Ils ne voulaient pas savoir. Cela les brisait. Bachir lança un regard à Idris. Idris répondit avec un sourire malheureux à l'adresse de l'homme qu'il aimait.
Puis les "autorités compétentes" évoquérent le "méfait" et le "crime" des deux condamnés.
Pour les habitants de Batoumi, l'amour était interdit.
Annotations
Versions