Jonas et Ricardo discutaient à voix basse dans la chambre qu'ils partageaient avec Lenny. Ce dernier sortit de la salle de bain, son jean et sa chemise noirs, repassés, ses cheveux blonds plaqués sur son crâne à l'aide de gel. Il enfila ses baskets et se tourna vers ses amis.

- Les filles ne sont pas encore là ? questionna-t-il en fronçant les sourcils.

- Non, répondit Jon.

- Tu crois qu'on devrait aller les voir ? enchaîna Rico.

- J'y vais, restez là, assura Léonard.

Les deux garçons hochèrent la tête et leur ami quitta la pièce. Lenny pressa le pas, soucieux de rejoindre les filles. Après avoir traversé toute l'aile droite du dortoir, il toqua à la porte une première fois, sans résultat. Il réitéra l'opération et à sa grande surprise ce fut une fille aux longs cheveux roux, qu'il ne connaissait pas, qui lui ouvrit.

- Excuse-moi, Addie et Léah sont là ? demanda le blond.

- Oui, entre, déclara-t-elle.

- Tu es..., commença-t-il en passant sa main dans ses cheveux.

- La fille qu'on vient d'intégrer à votre groupe, oui, et je sais très bien que vous ne voulez pas de moi. J'ai pas eu le choix, c'est tout, le coupa-t-elle avant de quitter la chambre.

- Who, bizarre cette fille, murmura Léonard en entrant dans la pièce.

- Lenny ? appella son amie.

- Addie, est-ce que ça va ? T'as besoin d'aide ?

- Elle refuse de se préparer, elle veut pas y aller.

- Léah, c'est important. Elle voudrait que tu sois là, fais-le pour elle, insista le jeune garçon en s'accroupissant devant elle.

Léah leva ses yeux rougis par les larmes vers Lenny. L'adolescent s'approcha pour la prendre dans ses bras, mais elle recula brusquement avant d'aller s'enfermer dans la salle de bain, ses vêtements en main. Addie s'écroula en soupirant sur le lit de sa meilleure amie, elle posa ses mains sur son visage et poussa un petit cri rageux.

- Addie..., commença Lenny.

- J'en peux plus Lenny, j'en peux plus de tout ça, souffla-t-elle, c'est trop pour moi !

- Je sais, mais Léah a besoin de toi, de nous. Il faut qu'on soit là pour elle, renchérit le blond.

- Je ne fais que ça, ok ?! M'occuper d'elle, tout le temps, constamment ! J'en ai marre, j'ai même pas pleurer la mort de ma meilleure amie, parce que je dois rester forte pour elle ! dit-elle un peu plus fort.

Léonard essaya de la calmer, en vain. La brune se leva et se mit en face de lui, continuant de parler en faisant de grands gestes.

- Je fais ce que je peux pour l'aider ! Oui, d'accord, Hanna est morte, ok, elle l'a vu se faire tuer, mais c'est pas une raison ! Nous aussi on souffre depuis sa mort !! Je suis humaine, ok ?! J'en peux plus de devoir veiller sur elle tout le temps ! Je dors pas depuis deux semaines parce qu'elle se réveille constamment en pleurs et trempée, je ne fais plus rien parce que toute la journée je veille sur elle, s'assurer qu'elle mange, essayer de la faire parler, la rassurer quand elle panique, la consoler quand elle se met à pleurer sans s'arrêter... Tu n'as pas idée de ce que je vis ! Tu ne peux pas comprendre toutes les responsabilités qu'on m'a mises sur le dos !! s'écria-t-elle les joues striées de larmes.

- Elle le pense pas, je t'assure, elle est juste énervée et fatiguée, promit Lenny en mettant ses mains devant lui.

- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Léah..., s'il te plaît, écoutes-moi !

Adélaïde se retourna et se figea en voyant son amie collée au mur, des sanglots secouant son corps.

- Léah ! Excuses-moi, s'il te plaît, je t'en prie, je suis désolée ! Lenny a raison, je ne le pensais pas, vraiment pas, confia-t-elle en baissant la tête, accroupie devant elle, ses mains sur ses épaules.

Léah secoua sa tête de droite à gauche en regardant Addie. Elle se blottit dans les bras qu'elle lui offrait, grands ouverts. Addie resserra l'étreinte et embrassa le haut de son crâne, frottant doucement son dos de sa main droite.

- Je suis tellement désolée, si tu savais... Tu es tout pour moi, je ne veux pas te perdre pour des bêtises, pardonne-moi... chuchota-t-elle.

Pendant ce temps-là, Léonard avait quitté la pièce et marchait maintenant dans les couloirs, réfléchissant à ce qu'il venait de se passer. La mort d'Hanna était en train de les séparer, ils se devaient de rester soudés, pour venger sa mort, il fallait qu'ils s'y mettent tous. Perdu dans ses pensées, Lenny percuta quelqu'un, entraînant sa chute.

- Aïe ! Tu peux pas faire attention ?! s'exclama-t-elle.

- Désolé, je réfléchissais... Eh ! Mais c'est toi, la fille de la chambre !? cria-t-il en la reconnaissant.

- Fous-moi la paix, ok ?! s'énerva-t-elle.

- Du calme, Brutus, je venais en ami.

- Pauv' type, va ! Pousse-toi !

Elle lui donna un coup d'épaule en partant, avant de se retourner et de déclarer.

- J'ai pas choisi de la remplacer ! Je voulais pas, on m'y a obligé !! Alors dis-bien à ta pote la blondinette que c'est la dernière fois qu'elle m'agresse comme elle l'a fait !

Elle disparut dans les escaliers. De plus en plus étrange cette fille, pensa Lenny en regagnant sa chambre. Au final, il ne connaissait toujours pas son nom, quelle drole de personne tout de même. Avec sa longue chevelure enflammée et son air de rebelle, à bien y penser, son mauvais caractère contrastait vraiment avec l'image qu'on pourrait se faire d'elle. Pourtant, Lenny fut persuadé qu'il réussirait à l'intégrer, et puis une battante comme elle l'était sûrement, la bande ne pourrait que l'adopter, il fallait seulement les laisse faire leur deuil.