Tous assis autour de la table de réunion, les membres des deux équipes attendaient patiemment l'arrivée de leur directeur. Océane discutait avec Léonard, Adélaïde était enfoncée dans son siège, les bras croisés, le regard fixé dans le vide, Léah à sa droite écoutait Jonas, Ricardo et Alexander parler, Slany était assise à sa gauche, ses écouteurs dans les oreilles, l'ignorant totalement, au grand soulagement d'Addie. Mia et Inès rigolaient à une blague de Timothée qui faisait le pitre avec Melvin. Soudain, Edouard entra, le silence retomba sur la pièce.

- Nic Craith, écouteurs, la réprimanda-t-il.

Slany s'exécuta et rangea l'objet dans la poche de sa veste en cuir et réajusta son bonnet noir, usé.

- Bien, Jupiter et Neptune, vous êtes nos deux meilleurs équipes. C'est pourquoi vous partirez en mission ensemble. Votre objectif sera de récupérez un maximum d'informations sur un gang londonien. Vous devez sûrement connaître le gang d'Isata, plus connu sur le nom de " Cruentam illam ", la mort sanglante. C'est un gang extrêmement dangereux, je vous demanderai donc de faire preuve de la plus grande prudence. Pour vous y préparer, vous aurez à partir de demain un stage intensif de trois jours. Vous devrez impérativement collaborer. Vous participerez à la fin du stage, à une réunion ici même, qui aura pour but d'attribuer des rôles à chacun d'entre vous. Le stage est bien sûr obligatoire. Me suis-je bien fait comprendre ? déclara-t-il en regardant tour à tour chacun de ses élèves.

- Oui, Monsieur, répondirent-ils en coeur.

- Vous pouvez disposer, rendez-vous demain à 6h au réfectoire où vous serez répartis en groupe de trois pour participez à une série d'exercice, annonça-t-il avant de quitter la salle.

- On va crever, soupira Melvin en s'affalant sur la table.

- Trois jours, marmonna Mia.

- C'est long, geignit Ricardo.

- Arrêtez de vous plaindre, rouspéta Lenny.

- Mettez-y du vôtre, c'est important pour la mission, les réprimanda Océane, un air sévère sur le visage.

Slany qui n'avait pas prononcé un mot depuis le début se leva pour sortir quand Lenny l'interpella.

- Eh Slany ! On a cours, dit-il.

- Je sais, j'y vais, assura l'adolescente en quittant la pièce.

- Chiante, celle-là, râla Addie en levant les yeux au ciel avant de sortir à son tour, suivie par Léah.

Océane regarda Lenny.

- Je sens qu'entre Addie et la nouvelle ça va être chaud, elles ont pas l'air de vraiment s'apprécier, s'indigna-t-elle.

- M'en parle pas, souffla-t-il.

Après deux heures d'histoire, les six jeunes partirent se changer pour leur cours d'auto-défense. Dans le gymnase, ils se réunirent autour de Mr Yegorovich, leur professeur. Pozharsky Gleb Yegorovich travaillait à l'Académie depuis de nombreuses années, il avait commencé comme eux, élève, à 12 ans, quand ses parents avaient été assassinés, puis après sa carrière au SVR, le service de renseignements extérieurs russe, il était revenu enseigner là où tout avait débuté.

- Bien, les enfants, nous allons faire quelques duels. Alors Léonard contre Ricardo, avec moi, Léah et Jonas vous partez au sac, Adélaïde et, votre nom déjà ? demanda-t-il à la rousse.

- Slany.

- Oui, donc Addie et Slany, combat dans le ring, ordonna-t-il.

Ils s'exécutèrent, Yegorovich apprenait quelques enchaînements aux deux garçons, Léah faisait sortir toute sa colère et sa tristesse en tapant dans le puching-ball, Jonas frappait lui aussi avec rage, tandis qu'Addie et Slany se toisait, se sondant mutuellement du regard.

- Eh ! Les filles, on y va, battez-vous, les rappella Pozharsky.

Slany engagea le combat en balançant sa jambe vers l'épaule de la jeune fille, Addie riposta avec un direct du droit. Uppercut, middle kick et coups divers s'enchaînaient de plus en plus rapidement. Quand Slany envoya brusquement son genou dans le ventre de la brune, s'étant un peu trop rapprochée, cette dernière finit au tapis.

- Bah alors, on flanche, Didie, ricana la rousse.

- La ferme, Nic Craith, s'exclama Addie en se relevant et en fonçant sur Slany qui ne l'ayant pas vu venir, reçu le poing de l'adolescente en plein dans la mâchoire.

- Tu veux jouer à ça, hein ? s'énerva-t-elle en essuyant le sang qui coulait de sa lèvre.

Slany s'élança sur elle et lui envoya son poing dans le ventre et la balaya, Addie attrapa la cheville de la rousse et la fit tomber avant de se lever et de se jeter sur elle. L'irlandaise se défendit et donna un coup de poing dans le nez de la brune. Addie lui attrapa le visage en criant, frappant son crâne contre le sol. Slany cria et repoussa brutalement l'adolescente, inversant leurs positions et la martela de coups à son tour. Yegorovich arriva en criant, séparant, avec l'aide de Lenny et Rico, les deux combattantes.

- Lâche-moi, Lenny ! hurla Addie en se débattant.

- Ad' ! Arrête ! Tu crois vraiment que c'est le moment de te faire virer, putain ! lui cria-t-il.

- Mais vous êtes pas bien ou quoi ? Qu'est-ce qui vous a pris ? s'indigna Jon en les rejoignant, accompagné de Léah qui se précipita vers son amie.

- C'est elle qui a commencé, bordel ! s'exclama la brune.

- Quoi !? C'est toi qui m'a sauté dessus, juste parce que je t'ai battue ! répliqua Slany.

- Stop ! Je ne veux pas ce genre d'attitude pendant mes cours. Je sais que vous traversez une période difficile, c'est pourquoi je n'en parlerais pas à Mr Calland, cependant, que ça ne se reproduise plus. Vous avez compris ? décida leur professeur.

- Oui, Mr, répondirent les deux filles.

- Serrez-vous la main et excusez-vous.

- Quoi ? Non ! refusa Addie.

- Maintenant Adélaïde.

- Pfff, excuse-moi, fit-elle en serrant la main de la rousse.

- Ouais, pardon, répondit-elle.

- Bien, le cours est terminé, accompagnez vos camarades à l'infirmerie, je dirais à Penelope de ne pas en parler au directeur.

- Merci, Mr Yegorovich, affirma Lenny avant de partir avec ses amis. Slany se retrouva seule avec son professeur, elle soupira et commença à se diriger vers la porte en traînant le pas.

- Slany ? l'interpella-t-il.

- Oui, Monsieur ? fit-elle en se retournant.

- Ne t'inquiète pas, avec le temps, ils apprendront à t'apprécier, lui assura-t-il.

- Bien sûr, encore merci, Monsieur, sourit-elle.

- Pas de problème, petite. Je suis sûre que tu es quelqu'un de bien, et Adélaïde l'est aussi, elle est juste à cran et désemparer depuis la mort d'Hanna, elle est en colère et pour elle, c'est plus simple de la reporter sur toi, elle est persuadée qu'on cherche à lui faire oublier Hanna et à la remplacer, expliqua-t-il.

Slany lui sourit, le remercia une nouvelle fois et sortit du bâtiment, elle grimpa dans un arbre et s'adossa au tronc, observant le petit groupe d'enfants qui jouaient au basket sur le terrain qui bordait les dortoirs. Elle n'avait aucune envie d'aller à l'infirmerie ou dans sa chambre, où elle était sûre de croiser ses nouveaux camarades.