Chapitre 13 : [Stage - Jour 3] _ Premier pas vers l'amitié _
Océane tenait la main de Slany, assise à côté d’elle à l’infirmerie. Après le malaise de la jeune fille, Ricardo et elle l’avait ramenée jusqu’au bâtiment. La rousse était brûlante, ce qui avait inquiété son amie. Cela faisait maintenant cinq heures que l’adolescente dormait, Océane lui épongeait le front avec une serviette humide pour faire baisser sa fièvre.
Environ deux heures plus tard, Slany ouvrit les yeux. Affaiblie, elle pressa légèrement la main de la châtaine, endormie sur la chaise.
Océane se réveilla brusquement et prit la jeune fille dans ses bras. L’Irlandaise resserra l’étreinte, s’excusant une nouvelle fois de son comportement.
- Ne me fais plus jamais une peur pareille ! s'exclama la châtaine en prenant son amie dans ses bras.
- Je...
- Chut, ne parle pas, je vais chercher Selly, assura-t-elle.
Océane quitta la chambre au pas de course, laissant une Slany perdue, assise sur le lit blanc de l'infirmerie.
- On peut dire que tu leur as fichu une sacrée trouille à Océ' et Rico, déclara une voix un peu plus loin.
- Mia ? appela la rousse.
- En chair et en os. Alors, qu'est-ce qui t'es arrivée ? demanda la jeune fille.
- Je sais pas, murmura l'adolescente, incapable de se souvenir de ce qui l'avait amené ici.
- Ça devait pas être important alors.
Le silence régna jusqu'à l'arrivée d'Océane, accompagnée d'une jeune femme, la vingtaine, aux longs cheveux noirs, à la peau mâte et aux yeux couleur ambre.
- Je suis Serena Bartolini, se présenta-t-elle.
La rousse la regarda sans rien dire.
- Comment tu te sens ? demanda l'infirmière.
- J'ai mal à la tête, répondit-elle.
- Océane, attrape-moi un cachet et de l'eau derrière toi, s'il te plaît, ordonna la jeune femme.
La châtaine s'exécuta et les apporta à son amie.
- Quand est-ce que je pourrais sortir ? demanda Slany.
- Plus de fièvre, donc maintenant. Mais si jamais tu ne te sens pas bien, viens immédiatement, compris ? fit Serena.
- Fantastique ! s'exclama l'adolescente, pressée de quitter la pièce.
- Océane, raccompagne-la, s'il te plaît, lui ordonna la jeune femme.
- Bien sûr, répondit la jeune fille en attrapant le bras de son amie pour la soutenir.
Elles partirent ensemble vers le dortoir et entrèrent dans la chambre des filles Jupiter. Slany récupéra des affaires propres dans son placard sous le regard perçant d'Addie, assise sur son lit. Elle se retourna vers elle et la couvrant d'un regard las et neutre, lui dit :
- Ça va, tu mates bien ?
- Quoi ?! Pas du tout !! Je te matais pas ! s'indigna la brune, les joues rouges.
- C'est c'la, c'est c'la.
Slany entra dans la salle de bain et ferma la porte.
- Cramée ! rigola Océane en s'installant sur le lit de Léah.
- Mais je la matais pas du tout ! Tu vas pas t'y mettre, toi aussi ! se désola-t-elle.
- C'est pas grave, tu sais, lui sourit la châtaine.
- Mais, puisque je te dis que je le faisais pas ! s'énerva l'adolescente.
- D'accord, d'accord. Un tout petit peu, quand même ? insista Océane en faisant la moue.
- Je ne la supporte pas, ok !? Je vois pas pourquoi je la regarderais comme ça, j'aime les gars ! Elle est arrogante, chiante, stupide et tellement froide. Elle a rien qui pourrait m'attirer ! Compris ? s'écria-t-elle.
- Je te permets pas de parler de Slany de la sorte ! Tu ne la connais pas, tu ne sais rien d'elle ! Tu n'as pas vécu le tiers de ce qu'elle a subit, tu n'as aucune idée de combien elle a souffert ! répliqua la châtaine en se levant.
- Excuse-moi, c'est juste que je ne la regardais pas comme tu le penses, j'aime pas les filles, moi. Je voulais pas que tu t'énerves, s'excusa la brune.
- C'est bon, j'ai forcé, c'est ma faute. Mais avoue qu'elle est canon, tout de même, fit Océane, un sourire malicieux sur les lèvres.
- Euh..., ok, c'est bon, t'as gagné. Elle est belle, abandonna Addie en soupirant, ses joues empourprées.
- Bon, j'y vais, décrêta la jeune fille avant de poser un baiser sur sa joue et de partir vers sa chambre.
Slany sortit une dizaine de minutes plus tard de la salle de bain, Adélaïde était assise sur son lit, lisant un magazine d'espionnage. La rousse lui tourna le dos, ramassant ses affaires sales et rangeant les derniers vêtements de sa valise dans son placard. Addie se prit à l'observer, l'Irlandaise portait un jean noir et un T-shirt blanc sur lequel était inscrit la phrase " Tá tú ag lorg foirfeachta ? Féach suas ", elle avait passé son éternelle veste en cuir sur elle et portait un bonnet noir contrastant avec ses cheveux flamboyants. Gênée de l'observer de la sorte, Addie rougit et reposa les yeux sur son magazine. Slany se retourna et rentra dans la salle de bain, elle en ressortit presque aussitôt. Elle se pencha au-dessus de son sac et en ressortit un cadre, assise sur son lit, elle l'observa en souriant tristement.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? lui demanda la brune, posant le livre.
La rousse releva la tête et la fixa sans rien dire.
- Ton T-shirt ? tenta Addie, voulant lancer la conversation.
- Tu veux vraiment le savoir, ricana l'Irlandaise.
- Oui, c'est si horrible que ça, sourit la brune.
- " Tu cherches la perfection ? Relève les yeux. ", lui répondit-elle, un sourire narquois aux lèvres.
Addie rigola de bon coeur et pour la première fois, Slany lui offrit un sourire sincère.
- Dis, tes chevilles, ça va ?
- Très bien, je te remercie de t'en inquiéter, fit-elle.
- On va manger ? proposa la brune.
- Excellente idée, je meurs de faim ! s'exclama Slany en se jetant sur ses chaussures qu'elle enfila.
Ce qui fit rire Addie, amusée par son comportement enfantin.
- Pourquoi tu ris, Brochard !? gronda Slany, les sourcils froncés, mais l'ombre d'un sourire sur son visage.
- T'es une gamine affamée ! cria Addie.
Slany rigola et s'avança dangereusement vers la jeune fille. Approchant sa bouche de son oreille, elle lui murmura :
- T'es pas moche non plus, et t'es au moins aussi chiante et arrogante que moi.
La brune rougit fortement et se leva en la poussant sur le lit avant de partir en claquant la porte.
Slany se redressa et sortit en courant de la chambre.
- Je vais t'atomiser, Brochard ! hurla-t-elle à travers le couloir.
Adélaïde rigolait continuant son sprint vers la cantine. Elle entra dans la salle et fonça entre les tables, la rousse toujours à ses trousses. Elle percuta une fille et tomba sur elle, son plateau s'étalant au sol, provoquant un bruit sourd. Toutes les conversations se stoppèrent et Slany se retint de rire, une main plaquée contre sa bouche.
- Brochard, Nic Craith ! Vous me nettoyez ça ! Et après, dans mon bureau, gronda la voix du directeur Calland.
Addie se releva, penaude, et aida la jeune fille qu'elle avait fait tomber, Slany fit de gros yeux et baissa la tête. Les membres de l'équipe jupiter pouffaient à leur table. Océane, quant à elle, ne se retint pas pour exploser de rire quand le directeur quitta la salle.
Les deux adolescentes se dirgèrent vers le local, récupérèrent un balai, une pelle et une serpillère. Elles nettoyèrent en silence et sortirent pour rejoindre le bureau de Calland.
- Désolée, s'excusa Addie en baissant la tête.
- T'inquiète, c'est pas ta faute, répliqua Slany.
- C'est moi qui t'ai poussée et qui suis partie en courant.
- Tu ne m'as pas obligée à te poursuivre.
- Oui, mais...
- C'est bon, il nous fera rien de toute façon, fit l'adolescente.
Addie toqua à la porte et elles entrèrent.
- Vous êtes là. Puis-je savoir ce qui vous a pris ? demanda le directeur.
- On s'amusait juste, Monsieur, tenta la brune.
- Vous vous amusiez ? Dans le réfectoire ? s'étonna-t-il.
- Désolé, Monsieur. Ça ne se reproduira plus, assura Slany.
- Vous avez bousculé une élève et renversé son plateau, de plus, il est strictement interdit de courir dans les couloirs, tu le sais, Adélaïde, et toi aussi, Slany, si bien sûr, tu as lu le règlement.
Les deux jeunes filles baissèrent la tête.
- Vous serez de corvée nettoyage au retour de votre mission, pendant deux semaines, vous me ferez cinquante tours, demain matin, rendez-vous à sept heures pile. Me suis-je bien fait comprendre ? décida-t-il.
- Oui, Monsieur, firent-elles en même temps.
- Bien. Adélaïde, tu peux disposer. Slany, reste, j'ai à te parler.
Addie lança un regard désolé à la rousse et sortit de la pièce.
- Je suis ravi de voir que tu t'entends bien avec tes nouveaux coéquipiers, mais il est hors de question que tu ais une mauvaise influence sur eux, commença l'homme.
Slany resta silencieuse.
- D'abord le retard d'Océane, puis la blessure de Mia, et maintenant, l'incident de ce soir. Que je n'ai plus à te voir dans mon bureau pour ce genre de raison, Nic Craith, sinon, je serais obligée de te sanctionner plus gravement, d'un renvoi par exemple. Tu as bien compris ? décida Edouard.
- Oui, Monsieur. C'est promis, ça ne se reproduira plus, répondit l'adolescente.
- Tu peux aller manger.
- Merci, Monsieur.
Elle sortit et s'adossa au mur du couloir, respirant un grand coup. Elle avait perdu l'appétit, sa discussion avec le directeur de l'Académie lui avait fait l'effet d'une douche froide. Dorénavant, elle allait éviter ce genre d'amusement et se tenir à carreaux. L'allusion à un renvoi l'avait terrifiée. En plus de ça, il l'avait accusée d'avoir blessé Mia, alors qu'elle ne l'avait pas fait exprès, pourtant, elle savait que c'était sa faute. Après tout, il avait raison, elle apportait le malheur partout où elle allait, tous ceux qui l'avaient aimée étaient morts. Elle rejoignit sa chambre et s'allongea dans son lit, prenant le cadre dans ses mains. Sa soeur, son frère et elle posaient, juste devant leurs parents, tous souriaient. Slany pensa qu'il fallait qu'elle demande à Océane où était sa photo, celle avec Nóra. Elle y tenait vraiment et ne voulait surtout pas la perdre. Elle se mit en pyjama et tenta de s'endormir.
Une vingtaine de minutes plus tard, la porte s'ouvrit et Addie et Léah entrèrent. La blonde se rendit directement dans la salle de bain, tandis qu'Addie s'accroupit à côté du lit de Slany.
- Eh, Slany, murmura-t-elle.
- Hum...
- Je t'ai ramené à manger, chuchota la brune.
- Pas faim, râla l'Irlandaise en remontant la couette.
- Faut que tu manges, insista Addie.
La rousse soupira et ouvrit doucement les yeux.
- Ça s'est si mal passé que ça ? demanda-t-elle.
- Non, ça va.
- Tu mens, fit la brune.
- Je te dis que ça va.
- D'accord, tiens, mange, dit-elle en lui montrant le plateau.
- Merci.
Slany termina son plateau pendant qu'Addie remplaçait Léah dans la salle de bain. Quand elle ressortit, il était posé par terre et Slany était tournée vers le mur. Addie soupira et s'allongea à son tour, prenant comme chaque soir, son amie dans ses bras.
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