Alors que l'équipe Jupiter s'apprêtait à descendre au réfectoire pour déjeuner avant d'entamer une longue journée, un hurlement déchira le silence de l'Académie. Tous se précipitèrent vers la caféteria d'où provenaient les cris de peur incessants. Lorsqu'ils arrivèrent, Esteban Gomez, totalement tétanisé et Laurène Deville, qui poussait des gémissements incontrôlés, étaient là, le regard rivé sur le mur au-dessus de la porte. Mais ce qui les frappa surtout, c'est le sang qui s'écoulait du haut du mur vers le sol, où s'étendait une immense flaque pourpre. Ils entrèrent dans le réfectoire au moment où bon nombre des élèves arrivèrent. Léah plaqua sa main contre sa bouche et se blotti contre Addie qui la serra contre elle. Jonas ouvrit grand la bouche sans qu'aucun son ne passe, les yeux écarquillés d'horreur. Ricardo retint un haut-le-coeur, tandis que Slany se mit à trembler.

Océane venait d'arriver en courant, en voyant ses camarades totalement pétrifiés, elle entra.

- Oh, putain ! s'écria-t-elle.

Le corps ensanglanté de Lydia Beckham était suspendu contre le mur, maintenu au-dessus de l'encadrement de la porte par plusieurs poignards.

- Merde ! Putain ! s'exclama Alexander avant de partir en courant.

Océane se précipita à côté de Slany qui n'avait cessé de trembler.

- C'est sa faute ! Depuis qu'elle est là, plus rien ne va !! C'est déjà le troisième incident de ce genre ! accusa Addie en pointant la rousse du doigt.

Léah se décolla immédiatement de son amie, déçue de ce qu'elle disait.

- Quoi ?! C'est la vérité ! Me regardez pas comme ça ! hurla la brune.

- Addie ! T'as pas le droit de dire ça ! la réprimenda Lenny.

- Mais elle n'apporte que du malheur !

- Arrête, Addie ! s'écria Océane en soutenant l'Irlandaise qui peinait à tenir debout tant son corps était secoué de soubresauts.

Edouard Calland débarqua, furieux, dans le réfectoire.

- Mais qu'est-ce qui se passe dans cet endroit, bon sang !?

- C'est la rouquine ! C'est elle qui a fait ça ! cria Adélaïde.

- Non ! Non ! C'est pas moi ! gémit l'adolescente.

- Si !

- Je vous le jure, Monsieur ! Ce n'est pas moi, je n'y suis pour rien.

- Brochard, as-tu des preuves ? Ce que tu avances est très grave, demanda-t-il avec sérieux.

- Oui, déclara-t-elle.

Océane, ainsi que tous les autres furent surpris de l'assurance d'Addie et bouche bée de sa déclaration. Mais la châtaine ne lâcha pas Slany pour autant..

- Je t'écoute, informa le directeur.

Pendant ce temps, plusieurs adultes s'affairaient à trouver un moyen de descendre Lydia.

- Je l'ai entendue se lever cette nuit, affirma la brune.

- Nic Craith, est-ce vrai ? fit durement Calland.

Slany allait répondre mais elle fut coupée par la voix d'un des professeurs.

- Elle respire ! s'écria-t-il, du haut de l'échelle.

- Descendez donc ! Laissez-moi faire, et allez récuppérez d'autres échelles, au moins une ! Faites vite ! ordonna Penelope en montant.

Slany avait soudain éclaté en sanglots, ces accusations infondées avaient brisé la jeune fille. Pourquoi était-on persuadé qu'elle était coupable ? Elle n'avait rien fait.

- Océane, amène Slany dans mon bureau, je vous y rejoint dans peu de temps, décida Calland.

- Mais Monsieur, elle est innocente, assura la châtaine en entourant son amie de ses bras.

- C'est encore moi qui décide, Alméras ! Dans mon bureau ! gronda-t-il.

Océane se retourna pour commencer à partir mais Slany resta immobile.

- Slany ? Viens, je suis avec toi, tu crains rien, lui assura-t-elle.

Elle la serra contre elle et se dirigea vers la sortie.

- Retourne d'où tu viens ! T'avais qu'à pas prendre la place d'Hanna, elle, elle aurait jamais fait ça ! cracha Addie.

Océane la fusilla du regard, ses yeux lançaient des éclairs.

- La ferme, Adélaïde ! Tu nous fait honte ! Tu salis la mémoire d'Hanna ! lui cria l'adolescente.

- Partout où elle va, elle fout la merde ! continua la brune, aveuglée par la rage.

- Je te déteste Addie ! Je déteste celle que tu es devenue ! Tu mérites pas mon respect ! s'énerva Océane à son tour.

- C'est elle qui mérite pas qu'on la respecte ! C'est un putain de déchet ! Elle a rien à faire ici, elle est pas chez elle, qu'elle retourne dans son pays !

- T'es vraiment conne, putain ! Pourquoi tu fais ça ?! cria Océane avant de quitter le réfectoire.

Addie reprit son souffle et soupira. Elle se retourna vers son amie.

- Alors, ça t'as plu ? demanda-t-elle avec un sourire en coin.

- Addie ? Qu'est-ce qui te prend ? s'inquiéta Jon.

- T'as aimé ? C'était bien. Pas vrai, Hanna ? fit-elle, un sourire éclatant éclairant son visage.

- Eh, Addie, écoutes-moi. S'il te plaît, implora Lenny en lui attrapant les épaules.

- Lenny, je l'ai fait pour elle, je te jure.

- Calme-toi, Ad'.

- Mais...

- Tais-toi, t'en as assez dit aujourd'hui, soupira le garçon.

- Slany ne nous fera que du mal. Hanna me l'a dit ! C'est vrai, Len', je t'assure ! cria-t-elle.

- Arrêtes ! T'avais pas à lui balancer toutes ces horreurs à la gueule ! Elle le méritait pas, tu ne sais pas ce qu'elle a vécu, déclara Léonard.

- T'façon, j'm'en fous que vous me croyez pas ! J'ai pas besoin de vous ! hurla la brune.

Des larmes coulèrent le long des joues de Léah qui ne reconnaissait plus son amie. Addie passa plusieurs fois ses mains dans ses cheveux et sur son visage. Ricardo et Jonas se lancèrent un regard entendu et quittèrent la salle en entraînant la blonde avec eux, sans accorder plus d'attention à l'adolescente qui les avait déçus.

Addie se mit soudain à rire avant de partir en courant hors de la cantine. Elle partit en direction du ruisseau qui coulait près de l'Académie, elle s'installa sur une pierre et discuta avec Hanna, comme au bon vieux temps. Elle était heureuse de l'avoir retrouvée.

Dans le bureau du directeur, Slany réussit, avec l'aide d'Océane et de Léah qui confirma qu'elle n'avait pas quitter la chambre, à prouver son innocence.

L'état de Lydia était critique, l'adolescente avait été opérée en urgence mais elle avait perdu énormément de sang et son corps affaibli peinait à la maintenir en vie.

Ce n'est que quelques heures plus tard que tous apprirent qu'elle était plongée dans le coma.

En ce moment même, ce qui inquiétait le plus le directeur n'était pas l'état de Lydia, bien qu'il soit grave, mais la santé mentale d'Adélaïde Brochard, qui n'était toujours pas réapparue. L'adolescente venait en fait de rentrer, discrètement, elle gravit les escaliers menant à l'endroit parfait pour ce qu'elle s'apprêtait à accomplir.