Chapitre 34 : Fuite

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Inès et Mia marchaient dans une forêt, ni l’une ni l’autre n’avaient la moindre idée de l’endroit où elles se trouvaient. Elles avançaient depuis des heures, poursuivies par un groupe d’hommes. Elles fuyaient le QG, attaqué par les membres de deux gangs : « Los Arañas Blancas » et « La Parca », les deux alliés de « Cruentam Illam ».

Mia soutenait Inès, la jeune fille avait été blessée assez gravement à deux reprises, une première fois au bras droit, au niveau de l’épaule et une deuxième fois à la cuisse gauche. Le sang coulait des plaies, Inès était blanche comme un linge, ses jambes tremblaient et ses yeux menaçaient de se fermer.

- Jessica ? appela Mia.

- Hum…, grommela Inès.

- Reste avec moi, ok ? lui ordonna-t-elle.

- Suis là, souffla-t-elle.

La petite brune sentit le corps de son amie peser plus lourd contre le sien, elle manqua de trébucher sur une racine épaisse. Elle se retint de justesse contre un tronc d’arbre, la respiration sifflante.

- Allez, tiens bon, supplia l’hispanique.

Inès ne lui répondit as et appuya simplement sa tête contre son épaule. Mia marcha jusqu’à un cours d’eau, pas très loin de l’endroit où elles étaient. Elle déposa doucement son amie au sol, contre un rocher, et plongea ses mains dans l’eau. Elle les amena aux lèvres d’Inès et l’aida à boire, elle recommença son geste plusieurs fois, puis but elle aussi. Une fois réhydratée, Mia retira la veste d’Inès puis son T-shirt, lui laissant seulement son débardeur blanc. Elle trempa le tissu et le posa contre la plaie sur son bras. L’eau coula et une sensation de brûlure envahit le corps de l’adolescente.

- Bordel ! cria-t-elle.

- Excuse-moi, lança Mia.

Un craquement fit taire les deux adolescentes. Les bruits de pas se faisaient de plus en plus proches, Mia se mit juste devant Inès, scrutant les alentours. La respiration haletante de la blessée derrière elle agrémentait son stress et sa peur. Elle attrapa une pierre assez pointue pour pouvoir se défendre et la brandit devant elle.

- Qui est là ? fit-elle, d’une voix mal assurée.

- Victoria ?

- John ?! s’exclama-t-elle en reconnaissant la voix de Melvin.

- Bon sang ! Que je suis content de vous voir, je désespérais de ne pas vous retrouver, affirma le garçon en venant prendre l’hispanique dans ses bras.

- Il faut que tu m’aides, Inès est blessée et je suis épuisée, murmura la jeune fille.

Melvin hocha la tête et s’avança vers son amie, il retira le T-shirt, roulé en boule par Mia, de sa blessure et l’observa avec un air sérieux. Il le noua à nouveau et ramassa la veste grise Nike de l’adolescente pour la lui remettre sur le dos. Il sortit ensuite une longue bande blanche de son sac à dos et l’enroula autour de sa cuisse. Cela fait, il passa un bras sous ses genoux, l’autre dans son dos et la souleva comme un poids plume. Il fit un petit signe de tête à Mia qui accourut à ses côtés. Les trois jeunes reprirent leur marche, cherchant un refuge où soigner correctement Inès.

Des kilomètres plus loin, la rousse s’était réfugié dans une ruelle, l’air s’était énormément rafraîchit et elle était congelée. Resserrant les pans de sa veste autour d’elle, elle joignit ses mains et les amena à sa bouche pour les réchauffer. Elle se cala contre le mur et rabattit sa capuche sur son visage. Comment tout avait pu dégénérer de la sorte ?

En y réfléchissant, c’était plutôt simple, c’est son idylle avec la belle Samara qui avait compliquée la chose. Elle s’était laissée emporter par ses sentiments et ils avaient pris le contrôle de son corps et ses réactions, à cause d’elle, la mission avait failli mal tournée et maintenant, elle se retrouvait à la rue. L’amour rend faible, pensa-t-elle, tandis qu’une larme roulait le long de sa joue.

Elle repensa à Nóra et à tous les merveilleux moments qu’elle avait vécus avec elle, puis à la douleur atroce qu’elle avait ressentie à sa mort. Son cœur s’affola et elle replongea dans ses souvenirs.

Slany était debout dans sa chambre, face à Maiti, sa meilleure amie, les deux jeunes filles s’engueulaient et le ton montait rapidement. La rouquine bouillonnait, son amie ne partageait pas son avis et semblait se moquer de ce qu’elle ressentait.

- J’ai un mauvais pressentiment May’, c’est beaucoup trop dangereux, s’énervait Slany.

- Et alors, on vit dangereusement, c’est ça qui est cool dans cette agence ! s’exclama Maiti.

- Je ne veux pas mettre nos vies en jeu, répliqua la rousse en faisant de grands gestes avec ses bras.

- De toute façon, c’est pas toi qui commande, dans cette équipe, c’est moi qui prends les décisions.

- Sérieusement ? Quand tu as été nommée chef de l’équipe, tu m’as affirmé que tu prendrais toujours en compte mon avis, que j’étais au même niveau que toi, mais t’as menti. Tout ça, ça t’es montée à la tête, tu acceptes que je te seconde uniquement lorsque je vais dans ton sens ! s’emporta l’adolescente en poussant la blonde contre le mur.

- Slany, arrête ! Je suis désolée ! Qu’est-ce qui te prends ? fit Maiti en tentant de se dégager.

BAM !

La porte venait de s’ouvrir à la hâte sur la tête brune de Nóra, affolée, la jeune femme se précipita vers sa petite-amie et la décolla de Maiti. La blonde secoua la tête et quitta la chambre. Slany avait la tête baissée, comme prise en faute. Elle se laissa tomber sur son lit, posant ses coudes sur ses genoux et sa tête dans ses mains. La brune s’installa à ses côtés et posa sa main sur son avant-bras. En voyant le manque de réaction de l’adolescente, Nóra descendit et lui attrapa les mains, l’obligeant à la regarder. Elle lui sourit tendrement et avança lentement son visage en direction de celui de la rouquine. Après avoir obtenu un sourire, elle plaqua délicatement ses lèvres contre les siennes. Slany plongea ses mains dans ses cheveux tout en y répondant.

- Je t’aime, Slan’ ! déclara l’adolescente.

- Je t’aime aussi, bébé, assura Slany.

Les larmes coulèrent abondamment le long de ses joues. C’était décidé, plus jamais elle ne tomberait amoureuse. L’amour n’était qu’une souffrance inutile, elle était incapable de tourner la page et ça la hantait. Le verbe « aimer » venait d’être banni de son vocabulaire et elle battit des murailles infranchissables autour de son cœur meurtri et brisé.

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