Chapitre 4

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Sebastian

La lumière vacillante des lanternes accrochées au plafond jetait une lueur ambrée sur les murs de bois de La Gargotte Pourpre, une taverne aussi douteuse que les âmes qui s’y réfugiaient. L’air était lourd, saturé d’un mélange d’alcool bon marché, de sueur rance, et d’un soupçon d’embrun marin qui semblait s’être incrusté dans chaque planche du bâtiment. Le brouhaha incessant de voix avinées, de rires gras et de chopes entrechoquées emplissait la salle, mais dans un coin sombre, à une table bancale à moitié dissimulée par les ombres, Sebastian Blackwell observait la scène avec un sourire espiègle accroché à ses lèvres.

Son tricorne, cabossé par des années de mésaventures, était enfoncé si bas qu’il masquait en partie son regard perçant, mais cela ne l’empêchait pas de scruter chaque recoin de la taverne. Une bouteille de rhum à moitié vidée pendait mollement entre ses doigts, qu’il balançait d’un geste nonchalant. Sa posture désinvolte, les jambes étendues et croisées sous la table, donnait l’impression qu’il appartenait au mobilier, mais l’éclat rusé dans ses yeux trahissait une vigilance à toute épreuve.

Il porta la bouteille à ses lèvres, prenant une longue gorgée avant de la reposer bruyamment sur la table. Une goutte de rhum roula sur sa barbe soigneusement négligée, mais il n’y prêta pas attention. Tout dans son attitude, de son sourire narquois à son regard joueur, criait au monde qu’il était parfaitement à l’aise ici, au milieu des rebuts de la société, comme un renard dans un poulailler.

"Eh bien, c’est un nid de vautours, ça, pas vrai ?" marmonna-t-il à personne en particulier, son ton moqueur ponctué d’un léger haussement de sourcil.

Dans un coin, deux marins se disputaient bruyamment une poignée de pièces, leur querelle menaçant de dégénérer à tout instant. Plus loin, une serveuse esquivait habilement les mains baladeuses d’un homme trop ivre pour se tenir droit. Sebastian laissa échapper un petit rire, amusé par ce théâtre pathétique, avant de faire tourner la bouteille sur la table, la laissant pivoter avec un bruit sourd.

La porte de La Gargotte Écarlate s’ouvrit avec un fracas qui aurait pu faire sursauter les plus nerveux. Pourtant, dans le chaos ambiant de la taverne, le bruit ne suscita qu’un vague mouvement d’yeux paresseux chez quelques clients avinés avant qu’ils ne retournent à leurs affaires. Mais Sebastian, toujours attentif malgré son apparente indolence, sentit un frisson familier lui parcourir l’échine. L’instinct, ce vieux compagnon, lui souffla qu’il se passait quelque chose d’intéressant. Son sourire s’élargit à cette pensée, et, tout en prenant une nouvelle gorgée de rhum, il laissa ses yeux sombres glisser vers la porte.

Une silhouette se tenait là, drapée d’une cape sombre qui dissimulait ses traits. Une cape usée, trop longue, qui traînait légèrement sur le sol poussiéreux. L’inconnu – ou plutôt l’inconnue, Sebastian en aurait mis sa bouteille à parier – balayait la salle du regard, chaque mouvement empreint d’une urgence palpable. Elle cherchait quelque chose. Ou quelqu’un.

Le pirate pencha légèrement la tête, curieux, son tricorne basculant de façon presque comique avant qu’il ne le redresse d’un doigt paresseux. "Ça, mes amis, ça sent les ennuis," murmura-t-il pour lui-même, amusé, un éclat joueur dans le regard.

La silhouette sembla hésiter, le temps d’une respiration. Puis, d’un pas vif, elle fondit à travers la foule, s’approchant directement de lui. Sebastian arqua un sourcil, surpris mais pas décontenancé. Quand elle arriva à sa table, elle arracha sa cape d’un geste fluide et laissa tomber le lourd tissu sur le sol. Sous celle-ci, elle portait des vêtements d’hommes rapiécés, une chemise ouverte sur une gorge fine, un pantalon trop large retenu par une ceinture de fortune. Mais ce fut la suite qui retint l’attention du pirate.

Sans hésiter, elle s’empara de son tricorne et l’enfonça sur sa propre tête, dissimulant habilement une longue chevelure brune. Sebastian écarquilla les yeux, plus amusé qu’indigné, et leva une main théâtrale dans un simulacre d’offense.

"Eh bien, ma d’moiselle," lança-t-il, sa voix traînante emplie de sarcasme, "vous auriez au moins pu demander poliment avant de me dérober mon plus précieux couvre-chef."

Elle releva la tête à ces mots, et leurs regards se croisèrent. Des yeux sombres, presque noirs, brûlants d’une détermination féroce mêlée à une supplication silencieuse. Elle implorait sans un mot, d’un regard seul, qu’il ne dise rien. Qu’il ne la trahisse pas. Elle glissa sur le banc en face de lui, effaçant sa présence comme une ombre, tout en maintenant ce regard intense. Sebastian, amusé par cette intrusion inattendue, posa son menton dans la paume de sa main, son autre main tapotant doucement la bouteille de rhum.

La porte s’ouvrit une nouvelle fois dans un fracas, mais cette fois, l’ambiance joviale et brouillonne de la taverne s’interrompit brièvement. Trois silhouettes imposantes apparurent dans l’embrasure, des gardes de la Couronne, uniformes impeccables et regards d’acier. Leur simple présence provoqua un murmure nerveux dans l’établissement. Le capitaine redressa légèrement la tête, un éclat d’intérêt brillant dans ses yeux sombres. La tension dans l’air était palpable, et il n’en fallait pas plus pour qu’il y trouve un certain divertissement. Il s’apprêtait à lâcher une réplique narquoise à l’inconnue en face de lui quand il remarqua son mouvement soudain.

La jeune brune baissa précipitamment la tête, enfonçant son nouveau tricorne jusqu’à cacher la moitié de son visage. Ses mains nerveuses agrippaient la table, ses épaules tendues comme un arc prêt à se briser. Une tentative maladroite pour se fondre dans la foule des âmes mal famées qui peuplaient la taverne.

Un sourire paresseux étira les lèvres de Sebastian. "Ah, intéressant," murmura-t-il, presque pour lui-même.

Il croisa de nouveau le regard de la femme, cette fois plus intense, presque désespéré. Elle semblait plaider silencieusement pour son silence, ses lèvres formant des mots qu’il n’avait aucun mal à déchiffrer : "Je vous en prie."

Sebastian se redressa, non pas avec la précipitation de quelqu’un cherchant à éviter un danger, mais avec l’élégance décontractée d’un homme qui jouait un rôle. Il s’adossa contre le dossier bancal de sa chaise, écartant les bras dans un geste d’ouverture feinte, sa bouteille à moitié vide toujours solidement tenue.

Les bottes des soldats frappaient le plancher avec un rythme autoritaire tandis qu’ils s’avançaient au milieu de la pièce. L’un d’eux, plus imposant que les autres, se plaça au centre, ses épaules larges et son uniforme impeccablement repassé contrastant cruellement avec le désordre ambiant. Il tira un papier de sa ceinture et s’éclaircit la gorge avant de parler.

"Nous recherchons une femme," déclara-t-il d’une voix forte, grave, et truffée de mépris. "Une femme de grande importance, répondant au nom d’Évangéline Lancaster."

À ces mots, la jeune femme se tendit légèrement, ses doigts tremblant imperceptiblement sous la table. Le pirate ne rata pas ce détail, bien entendu.

Le garde continua, son regard circulant parmi la foule de pirates, voleurs et soûlards. "Est-ce que l’un d’entre vous l’aurait vue, gentlemen ?"

Le dernier mot fut craché avec un dédain si évident que Sebastian ne put s’empêcher d’émettre un léger ricanement, assez discret pour n’attirer que peu d’attention. Il tapota doucement du bout des doigts sur la table, comme s’il marquait le rythme d’une mélodie que lui seul entendait. Puis, d’un mouvement fluide, il prit une nouvelle gorgée de rhum avant de s’essuyer la bouche d’un revers de main.

"Une femme très importante, dites-vous ?" dit-il, sa voix traînante et mielleuse, tout en agitant une main ornée de bagues.

Tous les regards, y compris ceux des gardes, se tournèrent vers lui. Il semblait complètement à l’aise, comme s’il avait été fait pour jouer ce genre de scène. Sebastian fit une pause théâtrale, laissant son regard parcourir la pièce avant de s’arrêter sur le chef des gardes.

"Voyez-vous, mon cher… gentleman," dit-il en insistant malicieusement sur le mot, j’ai vu bien des femmes ici ce soir. "Mais… une femme importante, voilà un concept fort subjectif, vous ne trouvez pas ?"

Un ricanement discret s’éleva de quelques coins sombres de la taverne. Le chef des gardes serra la mâchoire, ses yeux lançant des éclairs. Sebastian, quant à lui, se renfonça dans son siège, croisant les bras et penchant légèrement la tête de côté, comme un chat jouant avec une souris.

"Peut-être pourriez-vous être plus précis dans votre description", continua-t-il, ses doigts jouant distraitement avec le bord de la bouteille. "Une dame, dites-vous ? Gracieuse, élégante… probablement bien mieux vêtue que les haillons qui peuplent cette salle ?"

Un murmure de mécontentement s’éleva parmi les autres clients, mais Sebastian ne sembla pas s’en formaliser.

Le chef des gardes s’avança d’un pas lourd vers lui, visiblement à bout de patience. "Cessez votre insolence, pirate. Si vous savez quoi que ce soit, parlez. Sinon, je vous assure que vous regretterez ce petit numéro."

Sebastian pencha la tête en arrière, feignant une réflexion profonde, son sourire toujours intact. "Vous savez, menacer un homme qui a à peine fini son premier rhum, c’est vraiment très discourtois, gentleman. Mais bon, puisque vous insistez…"

Il se pencha légèrement en avant, son regard brûlant d’amusement, tandis que la femme en face de lui semblait retenir son souffle."Je n’ai vu personne", conclut-il finalement avec un geste vague de la main. "Pas une seule âme qui pourrait correspondre à votre description. Désolé, vraiment."

Le chef des gardes esquissa un sourire carnassier, ses dents brillantes à la lueur des chandelles. Son regard fixa Sebastian avec une intensité glaciale, « Vous vous pensez malin, n’est-ce pas ? » lança-t-il, sa voix dégoulinant de mépris.

D’un geste de la main, il ordonna à ses compagnons de lever leurs fusils. En un instant, deux canons furent braqués sur la poitrine du capitaine pirate, et un silence oppressant envahit la taverne. Même les habitués les plus bruyants se turent, les yeux rivés sur l’échange.

Le garde s’arrêta à quelques pas de Sebastian, le détaillant comme un prédateur jaugeant sa proie. "Vous venez tout juste d’avouer que vous êtes un pirate."

Il avança encore d’un pas, son sourire s’élargissant avec une cruauté palpable. "Maintenant que je vous observe de plus près…" Il s’inclina légèrement, ses yeux perçants scrutant ceux du pirate. "Je vous reconnais, Blackwell," cracha-t-il comme une insulte.

Sebastian, toujours nonchalamment appuyé contre le dossier de sa chaise, leva un sourcil, son sourire espiègle s’étirant davantage. "Flatté," dit-il, d’un ton léger, comme si on venait de lui offrir un compliment.

Le chef des gardes ignora sa réplique, ses traits se durcissant encore. "Vous êtes soit suicidaire, soit un parfait idiot," ajouta-t-il, ses mots résonnant comme une sentence.

Le pirate ne bougea pas, son expression restant aussi détendue que si on lui proposait une autre bouteille de rhum. Puis, dans un mouvement fluide, il se redressa, levant les mains en l’air dans un geste faussement pacifique, ses bracelets cliquetant légèrement au passage.

"Ou peut-être," murmura-t-il, une lueur malicieuse dans les yeux, "que je suis les deux." Il fit une pause théâtrale, inclinant légèrement la tête tout en haussant un sourcil, son sourire en coin trahissant une joie presque enfantine. "Ce ne serait pas la première fois que l’on m’appelle l’un ou l’autre," ajouta-t-il, comme s’il partageait une anecdote amusante.

Il avança d’un pas, sa démarche oscillante et calculée évoquant un homme ivre mais étrangement sûr de lui. Les gardes resserrèrent leurs prises sur leurs fusils, les canons suivant chacun de ses mouvements. "Mais," continua-t-il, les mains toujours levées comme un acteur saluant un public imaginaire, "je préfère le terme “aventurier.”"

Il s’arrêta, penchant légèrement la tête en fixant le chef des gardes avec intensité. "Ça sonne plus héroïque, vous ne trouvez pas ?"

Le silence de la pièce fut éclatant, rempli de la tension électrique qui précédait toujours une explosion. Les traits du chef des gardes se déformèrent sous le poids de la colère et de l’humiliation. Ce pirate osait le défier, se moquer de lui devant ses hommes, devant la racaille de cette taverne. C’était inconcevable.

Dans un éclat de rage, il pointa un doigt accusateur vers l’impertinent, son cri résonnant comme un coup de tonnerre : "Capturez-le ! La potence l’attendra au lever du soleil !"

Alors que le pirate s’apprêtait à répliquer avec sa nonchalance habituelle, la jeune femme se leva brusquement, attirant son attention et le surprenant par la même occasion. Elle se tourna vers les gardes, arrachant le tricorne de sa tête pour révéler ses traits féminins. Sebastian haussa légèrement un sourcil, son esprit notant intérieurement qu’elle était plutôt charmante, malgré la situation chaotique. Mais pourquoi diable se livrait-elle ainsi ?

Sa mâchoire était tendue, ses poings serrés comme pour contenir un mélange de peur et de colère. Elle fixa les hommes de loi avec une intensité déterminée, sa voix s’élevant avec force malgré le léger tremblement qui trahissait son appréhension : "C’est moi que vous recherchez ! Laissez cet homme partir ! Je… je vous l’ordonne !"

Les lèvres de Sebastian s’étirèrent en un sourire amusé, plus large que jamais. Il devait admettre qu’il ne s’attendait pas à un tel retournement. Croisant les bras avec un air faussement blasé, il lâcha : "Ah, il semblerait qu’la demoiselle ait un sens bien particulier d’la chevalerie."

Il appuya sa remarque d’un geste théâtral, comme pour souligner l’absurdité de la situation, mais ses yeux ne quittaient pas les gardes. Il avait appris à jauger ces hommes – leur posture, leur expression, même la manière dont leurs doigts effleuraient leurs armes. Les deux subalternes, fusils levés, semblaient nerveux, mais leur chef… oh, lui, il était d’une autre trempe. Le capitaine Blackwell ne perdit rien de la réaction du garde en chef. Celui-ci leur fit signe de baisser leurs armes, un rictus mauvais tordant ses traits. Sebastian remarqua également la façon dont il s’approchait de la jeune femme – lentement, presque prédateur. Ah, ça sent les ennuis… pensa-t-il en arquant un sourcil.

La distance entre le garde et la jeune femme diminuait à chaque pas, et Sebastian vit les doigts de la brune se resserrer nerveusement sur le tricorne qu’elle tenait toujours. Les intentions du soldat n’étaient guère subtiles : son regard glissait sur elle avec une insistance ignoble, ses yeux brillant d’une lueur perverse.

"Le commodore veut vous voir en vie, c’est certain…" lâcha le garde d’une voix basse, presque mielleuse. Il marqua une pause, un sourire vil étirant ses lèvres. "Mais il n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas s’amuser un peu avec vous avant."

L'expression de Sebastian se fit plus sombre en entendant la proposition déformée du garde. L'idée de voir la jeune brune soumise à une telle torture éveillait en lui un profond dégoût et une indignation presque palpable. Il serra les dents, gardant son calme apparent, attendant le moment opportun pour agir. Il observa la jeune femme tenter de masquer sa peur, la manière dont elle redressa la tête malgré la terreur qu’il devinait dans ses yeux. Une lueur d’admiration fugace traversa son esprit – elle avait du cran, il devait lui accorder ça.

Le garde, cependant, éclata d’un rire cruel, savourant sa supériorité. "Vous nous avez facilité la tâche en vous livrant, mademoiselle Lancaster," cracha-t-il, avant de tourner la tête vers Sebastian.

Et là, le sourire du pirate s’élargit encore, provocateur.

"Quant à lui… il sera pendu, que cela vous plaise ou non."

Sebastian sentit son amusement grandir malgré l’ombre de la potence qui se profilait. Ce n’était pas la première fois qu’il entendait de telles menaces, et il savait que ce ne serait pas la dernière. Mais ce qui piquait désormais son intérêt, c’était la femme. Sa voix tremblante interrompit ses pensées :

"Je ne le connais pas," insista-t-elle avec une détermination teintée de désespoir. "Laissez-le partir, et je vous suivrai sans aucune résistance !"

Les yeux de Sebastian s'écarquillèrent à l'entente de sa supplique, un éclat de surprise traversa brièvement son regard. Il n’avait pas prévu un tel sacrifice de la part d’une femme qu’il venait tout juste de rencontrer. Le garde éclata de rire face aux paroles de la jeune femme, puis secoua lentement la tête.

"Vous pensez vraiment être en position de négocier, mademoiselle Lancaster ?" dit-il en laissant ses lèvres s'étirer dans un sourire horrible, provocateur. Puis il leva les yeux au ciel, éclatant de rire. "On aura tout vu ! Une aristocrate -la fiancée du commodore qui plus est-, qui se sacrifie pour défendre de la vermine, un... pirate," cracha-t-il avec un dédain évident.

Elle redressa la tête, une flamme de défi dans les yeux, et s’écria : "Cette “vermine” a bien plus de valeur que vous !"

Sebastian, qui n’avait pas vu venir cette réplique de la part de la brune, observa sa réaction avec une certaine surprise. Ses yeux sombres croisèrent ceux d’Évangéline, et il y lut quelque chose d’insoupçonné : de la reconnaissance. Pour ne pas l'avoir trahi, probablement. Elle avait l'air déterminée à ne pas se laisser intimider par l’attitude agressive et moqueuse du garde.

L’homme, visiblement irrité et son ego sérieusement entamé par les mots de la jeune femme, se précipita vers elle. D'un geste brutal, il lui attrapa le poignet, le tournant avec violence avant de la ramener près de lui. Ses hommes, quant à eux, saisirent le pirate et commencèrent à l’entraîner hors de la taverne.

Alors qu’ils le traînaient dehors, ses yeux croisèrent brièvement ceux de l’aristocrate. Un mélange de surprise et de détermination brilla dans son regard. Il s'attendait à ce qu'elle se rende sans résistance pour éviter d'aggraver les choses. Mais la voir, son poignet saisi brutalement, tordu dans une prise de fer, fit naître en lui une vague de colère sourde. Il tenta de se débattre, bien sûr, mais les deux gardes qui le tenaient fermement ne faillirent pas. Leur prise était inébranlable, comme si leur mission était déjà accomplie. Il se rendit vite compte que son destin était scellé, que l’issue de cette rencontre le conduisait tout droit vers la potence, sous le regard du soleil couchant.

Un rictus mi-amusé, mi-désabusé se dessina sur ses lèvres. Quoi de plus théâtral ? pensa-t-il. Le soleil se couchait lentement, comme s’il se moquait du sort du pirate. Se faire pendre par des idiots comme ceux-là… quelle ironie. Il laissa ses pensées vagabonder en observant le paysage, tout en jouant le jeu du captif résigné. Pas qu'il avait vraiment l'intention de laisser les choses se passer ainsi, mais il était toujours plus amusant de donner l'illusion qu'on avait accepté son sort. Et puis, qui sait… Peut-être que la brune, dans son grand élan de « chevalerie », aurait une dernière surprise pour lui avant que le fil de la corde ne le rattrape.

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