Mort
Il faisait sombre dans la forêt de Brocéliande.
Une jeune femme était assise sur le sol, et se balançait d’avant en arrière, au rythme de la mélodie d’une flûte qui raisonnait, lointaine…
Sur ses genoux reposait la tête d’un homme. Un homme aux longs cheveux blancs, torse nu, le visage dur, les muscles taillés au couteau. Ses yeux, fermés, pourraient laisser croire à un sommeil profond, mais il n’était qu’envoûté par la beauté de la femme.
Elle lui caressait les cheveux, elle lui caressait le front, avec une douceur inhumaine, protectrice et ensorcelante. Elle murmurait des mots dans une langue ancienne, et seuls les arbres en comprenaient la signification. Le vent soufflait, murmurait, et apportait un réconfort à la femme du bois, son souffle tiède caressant sa peau de lune.
Des gouttes d’eau tombèrent du ciel. Elles tombèrent avec une douceur telle que l’on pourrait confondre leur toucher avec le baiser d’un papillon.
L’homme aux longs cheveux blancs ouvrit les yeux et chercha les lèvres de la jeune femme. Celle-ci lui répondit, et recula, posant délicatement sa tête sur le tapis de mousse. Elle se pencha une seconde fois au-dessus de son visage, et souffla sur ses yeux.
Contre sa volonté, l’homme les ferma, et sentit un courant glacé courir contre sa peau. Du givre commençait à apparaître sur ses bottes, et à progresser vers son bassin. La Mystérieuse aspira l’air à quelques millimètres de la bouche de son amant, et une lumière blanche spectrale en sortit.
De ses longs doigts fins et délicats, elle la saisit et l’avala.
« A jamais, tu m’appartiendras… »
Elle lui caressa une dernière fois le visage, et se leva.
La femme s’éloignait dans la forêt, d’une démarche féline, tandis que l’homme aux cheveux blancs s’enfonçait dans le tapis de mousse, des lianes emprisonnant ses bras, le givre ayant atteint son visage.
Il contempla une dernière fois la lune, et ses yeux s’éteignirent, au moment où son corps disparût dans les entrailles de la forêt.
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