Réparons, Soignons

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« la chair va au métal le métal va jusqu’à la chair la chair va au métak métal le métal va jusqu’à la chair encore rose vivante la chair encore chose la rose j’en avais faites des roses belles elles était belles entre cristal les feuilles des pétales bleues cristal comme du cristal j’avais pensé ou du verre j’avais pensé voulu à quelque chose de vain le vin bourdon a vaincu la mort chose une chose qui fuit rose ça vit c’est chair même un roi des rois vit comme sur du sable il fallait une chose qui me rappelle que la vie me fuyait entre les doigts ce fut la rose qui vit me refuse le moustique aussi vit meurt sans moi qu’importe moi moi le moi tout venait de là cette chair là un bout elle meu il n’y a pas assez de rose plus de métal plus de vite réparons filer vite le métal à la chair réparons soignons c’est fait elle vit c’est soigné au métal maintenant puis encore rose vivante encore rose que disais-je rose moi encore moi le moi ah cesse le moi je parlais de quoi parlais-je non un peu moi silence je ne veux plus en parler silence la chair seulement le rose vivant penser à ma fille ma fille pourquoi elle était censé être défendue protégée conservée c’est on m’a trahi l’a trahi c’est Cari silence ma fille que ma Carilia fille assez la chair au métal la chair va au métal le métal va à la chair la chair va au métal je l’avais métal au chair élevé la chair va élever au métal la chair devient métal comme Carilia le métal va va à la chair et Carilia je l’avais élevé Carilia l’a tué non pas ce mot ma fille vit Carilia l’a tué n’a rien réussie tout elle vit perdu je lui ai donné son nom ma générale tout donné à Carilia et elle a tué j’ai tout donné je lui ai donné son nom sa liberté sa force sa vie toute une vie à posséder la force je lui ai donné elle m’a suivi comme un chien égaré qui sentait le maître un chien une chienne voilà Carilia la chienne c’était un ange une chienne je la hait comme je l’ai aimé comme ces choses qu’on ramasse sur sa route qu’on hait et qui nous suivent et nous donnent l’amour sans qu’on sache quoi rendre en retour en retour la chair va au métal le métal va jusqu’à la chair la chair encore rose encore en vie ma petite vie et je n’ai rien donné en retour et j’ai eu l’or le palais la ville le joyaux le fécond cœur de la vallée et j’ai foisonné dans ma vanité le vain bourdon à vaincu la mort tandis que le roi vivait sur son sable et j’ai gardé tout ce qui pourrissait voilà le roi voilà le roi me voilà la chair va au métal le métal va jusqu’à la chair la chair va au métal le métal va jusqu’à la chair la chair de cet enfant vit encore d’un battement mort de sang battement j’ai dit battement de sang l’enfant ma fille est là entre mes doigts entre mes mains elle vit elle doit vivre si elle mourait si elle mourait si elle mourait


« assez


« assez si elle mourait assez assez ne pas penser assez y penser c’est un crime contre moi c’est tuer me tuer, mais que je meurs, mais qu’elle ne meure pas si elle mourait si assez si assez je ne veux pas penser assez assez assez la chair le métal penser à ça la chair et la réparer si cette chair si elle assez si elle avait eu assez d’amour elle serait restée


« qu’ai-je dit


« elle ne peut pas mourir j’interdis voilà la preuve de mon amour elle ne doit pas mourir ne pas y penser interdit ne pas c’est mauvais que penser l’interdit je ne dois pas si elle mourait assez si rien si rien si rien c’est interdit je ne peux pas pas pars pars pensée pars je ne te veux pas c’est la tuer que d’y penser elle n’est pas partie elle viendra elle viendra s’il y a chair il y a vie partie c’est preuve preuve de vie d’amour il faut la garder proche de moi de soi et moi proches d’elle ne jamais se séparer être dans sa chair tout le temps comme le premier jour où je l’ai tenu la tenir dans le creux de la main dans le berceau de mon cœur et la garder au chaud au plus brulant de moi comme une flamme une étincelle dans le noir et je ferais un feu pour elle comme elle a été un feu pour moi


« n'a-t-elle pas eu de l’amour


« je ne peux pas m’arrêter chaque bout de chair qui part doit être remplacé et elle part me reviendra ne pas s’arrêter non ce serait la faire disparaitre elle revient elle n’est pas partie elle revient revient à son père qui ne l’a jamais quitté qui ne l’a jamais trahis alors pourquoi le trahir pourquoi est-elle partie non non il faut répéter la possibilité qui est certitude elle n’est pas partie qui est certitude partie pas possibilité elle n’est pas partie le reste ne pas le dire je ne peux pas le permettre en moi il n’y a rien d’autre rien d’autre que la possibilité la certitude qu’elle est là partis qu’elle est partie


« entrer


« La possibilité j’ai laissé entrer la possibilité


« Il faut se remettre au travail, remettre le métal où la chair est partis il faut


« Et si c’était vrai Si c’était vrai


« La possibilité est entrée.


« Qu’ai-je fait pour mériter ça ?


« Si c’était vrai, pour quel crime suis-je condamné à la perdre ? Pourquoi m’a-t-on trahi ?


« Je n’ai pas fait d’erreur. Je n’ai rien corrompu, rien délaissé. Si tous m’ont abandonné, c’est que j’étais déjà seul, mais la faute ne me revient pas. La faute n’est pas à moi ! Je n’ai rien fait pour mériter le silence, rien fait de mal ou d’ignoble. Montrez-moi mes crimes et je vous montrerais que le monde était à faire. Il n’y avait pas alors la justesse. L’honnêteté n’était pas. L’être était encore en boue, et qui donc connaissait la vertu ? Je demande alors, qui peut me juger lors même que la cruauté n’avait pas de nom !?


« Si elle mourait, pourquoi serait-ce ma faute ?


« Le crime appartient à la caverne. Oui. Le crime est de m’avoir fait, d’avoir fait mes désirs et m’avoir donné faim ! Et je ne pouvais me combler. On m’a permis d’être puis on m’a fait seul. Tout ce que j’ai fait… J’ai bâti. Ceux que je voulais être mes prochains, je voulais les aimer et être aimé d’eux, les voir et être vus d’eux, toucher cette troublante ressemblance entre moi et l’autre, parler, rire et haïr ; qui étais-je sans eux ? J’ai touché l’obscurité comme avec des mains de feux et j’ai creusé le monde avec de l’argile et des mots, comme les falaises sont faites par le temps et l’eau. Et je n’étais plus seul. Et je n’étais plus seul. Ah, c’était comme se réveiller d’un long cauchemar ! Et pendant un court moment, je n’avais plus faim, j’étais rempli à satiété. Mais j’ai cherché plus. Pourquoi vouloir plus ? Quelque chose n’était pas là qui aurait dû l’être. C’était une certitude qui emporta toute ma raison, je n’avais rien besoin de plus, mais je voulais ! Une part de mon âme restait ouverte. Et je l’ai eu, le plus terrible moment de mon existence et le plus beau qui habite mes souvenirs.


« J’ai eu une fille.


« Et c’est ma faute, c’est ma faute, car je lui ai donné un nom et je lui ai donné la vie et la liberté de mourir


« Par deux fois perdue, et par deux fois perdue Dans mon cœur, j’habitais la caverne à nouveau et toute la Création s’est effondré J’étais entouré de murs il n’y avait plus rien et j’étais entouré de murs


« la douleur est ma légitimité et nul ne peut me juger d’avoir voulu trouver un prochain


« elle est morte et c’est ma faute


« j’ai perdu ma fille j’ai perdu ma fille il n’y a plus de chair j’ai perdu ma fille »




 Dans la pénombre des ruines, un vent sombre s’était levé, la forme accroupie d’Amonantzias étreignait un enfant de métal. Enlacées autour du corps, ses mains paraissaient prier.

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