Mes collègues, où sont-ils ?

Un s’égaye, où sont les deux ou trois autres ?

Tout du long, je me suis tenu un peu en retrait, un peu à l’écart d’eux.

Sans raison précise, si ce n’est, pensai-je, que mon pas était plus lent que le leur. Je me vantais de n’être tout simplement pas pressé, je ne cherchais pas plus loin, je ne réfléchissais même pas à la chose, je sentais que j’avais le temps, c'était tout…

Mais le temps, ce temps, je vous l’ai annoncé primordial. Car oui, tout a été question de timing ! Et nous y sommes arrivés, à la raison de ce timing.

J’ai laissé, sans le vouloir, mes collègues prendre quelques mètres d’avance.

Tout ça pour les voir, déjà un premier, puis un deuxième et finalement tous, dans la même posture. Tous, sans une once d’hésitation, sans même avoir eu à se concerter, se sont intégrés dans la foule. Aucun n’est resté à l’écart. Je suis le dernier à me montrer coi et étonné. Tous communient, à divers degrés et de diverses manières, mais tous communient avec la multitude présente.

Maintenant ils se muent, ils se mouvent et s’entremêlent tant et si bien qu’ils se fondent, se dissipent et n’existent tout simplement plus.

Mes collègues, où sont-ils ?

Ils ne sont plus. Ils se sont évanouis.

Je suis resté en arrière, sans même le vouloir, leur laissant quelques mètres d’avance, pour les voir s’estomper jusqu’à disparaître.

On, cette force mystérieuse, a œuvré pour me ralentir.

On m’a laissé traîné pour que j’assiste à cet énième phénomène.

Dans quel but ?

Que le timing soit parfait pour qu’à mon tour, en toute confiance, je pénètre la masse.

Fin de la transe, j’avance, place à la semence.