Sperme

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Place à la semence ?

Philosophes que vous êtes, je vous ai entendus vous questionner.

Non, je reprends.

Vous n’attendez pas encore de réponse ; bien que capitale cette phrase interrogative n’est absolument pas votre préoccupation première ; pas pour l'instant, en tout cas ; car, mis en difficulté par le mot "semence", l’important, l’essentiel, l’urgent, est de jouer les chastes, n’est-ce pas ? Il faut bien polir son image ; compréhensif que je suis, j’en ai conscience. Vous ne pouvez laisser passer un si groooos mot sans réagir.

Hypocrites comme vous êtes, j’ai entendu les "beurk" jaillir de vos becs.

Semence.

La semence, un mot cru, nu, pourtant bien naturel mais, j’avoue, volontiers, pas très glamour.

La semence, pour l’enjoliver, la poétiser, dois-je la nommer "liquide séminal"… est-ce mieux ? Vos fragiles oreilles se sentent-elles moins agressées ? Vos yeux délicats sont-ils ainsi flattés ? Pas forcément, hein ?

De toute façon, je dis "semence" mais, esprits étriqués — et c’est bien de vous dont je parle —, elle n’est et restera pour vous que du sperme, rien que du sperme. Ai-je tort ?

Alors pourquoi le sperme, ce liquide opaque, blanchâtre, légèrement filant et collant, produit lors de l’éjaculation – je n’invente rien, me proclame innocent, la définition n’est que celle du sacro-saint Larousse –, s’invite-t-il ici ?

Pourquoi le sperme, cette substance gluante et odorante, gicle dans cette histoire ? Continuons, soyons vulgaires, limite salace : pourquoi le sperme ruisselle sur vos yeux, inonde vos oreilles, vous explose à la face ?

Pardonnez-moi, cette fois-ci je plaide coupable, je m’amuse de vos airs outrés et me joue de vous, chastes comme vous êtes.

Pensez sperme, vivez sperme, mangez… ce que vous aimez, grand bien vous fasse et ne prenez pas la peine, avec moi, de paraître respectables. Rappelez-vous qu’ici la honte n’a pas sa place et, j’insiste, ici la gêne n’est pas la bienvenue. Je vous rejoins tout de même, inutile de surenchérir, ne nous abaissons pas à la pornographie ambiante ancrée à notre bienséante société.

Je m’écarte du sujet, nous sommes partis dans bien des directions. D'ailleurs, vous avez suivi ce délire jusqu’à admettre l’improbable et vous savoir encore présents m’honore ! Bien que, parfois, je vous surprends à douter, à vous demander s’il y aura à l’issue un évènement, un quelque chose…

J’admets, à juste titre, que vous puissiez vous interroger.

Hummm, cela ne reflèterait-il pas, de ce fait, un certain manque de confiance en votre orateur, à savoir moi ? Passons, je suis compréhensif, je vous dis.

Alors, restez-vous ici juste pour le plaisir de ne rien vivre ?

Mieux, prenez-vous simplement plaisir à n’assister à rien ?

Le rien à ces vertus, de multiples et d’innombrables, je vous l’assure !

Mais, encore une fois, ce n'est pas le sujet, pas aujourd'hui, parce qu'ici "rien" n’a pas sa place. Revenons donc au sperme.

Sachez que sperme, c’est drôlement réducteur.

Vous ne voyez que par lui alors que je dis "semence".

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