Regard
À l’abri de mes paupières, se fixe à jamais l’image de ses magnifiques yeux.
Des yeux marron, somme toute classiques, bordés de cils, insignifiants, presque invisibles.
Ce tout, tellement bateau, ô combien ringard tellement ce trait physique révèle un manque cruel de différenciation, pourrait paraître terne et de peu d’intérêt.
Il n’en est rien.
Il n’en est rien !
Quel sort, magique, opère ici ?
Pourquoi ce regard, standard, m’émerveille-t-il autant ?
Car je vous l'assure, ces deux yeux anodins, encerclés de leurs cils effacés, forment un regard flamboyant, un regard qui me donne des frissons et m’irradie jusque dans le bas-ventre.
Ce regard, il est de ceux dont on plonge dedans pour ne jamais remonter à la surface, puisqu'il est de ceux dont on veut s’y noyer.
C’est un regard qui vous perd.
C’est un regard à rendre fou.
Juste un regard à se damner.
Simplement un regard devant lequel s’agenouiller, dont on ne demande qu’à obéir, qui n’amène à aucune tergiversation.
Dans son regard, je m’avilis.
Devant son regard, je capitule.
Elle m’a accroché, attrapé, scotché, capturé, je vous dis.
En un regard elle a détruit mes convictions, elle a fracturé mon cœur, elle a bousillé mon âme, elle m’a fauché, m’a mis au supplice.
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