Sourire

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Stoppé net !

Stoppé net, dès que tu te retournes.

La promesse du tableau effrayant, avec cette obscurité envahissante, fait place – je vous le donne en mille, mais vous y êtes habitués – en un clignement d’œil, à un espace vide embrasé d’une lumière vive aux teintes jaunes. Bien entendu, la brume s’élevant à tes pieds devient simple nuage blanc et consistant conçu dans le seul but de t’ériger.

Pour ma part, je n’ose regarder sous les miens, de pieds, craignant d’y voir un abîme infini. Je me contente donc de la sensation réconfortante de sentir, pour l’instant, la présence d'un sol dur.

Et là, sur ton cumulus, toi, tel un ange maintenant vêtu d’une longue tunique blanche, tu te transformes. Tes cheveux poussent jusqu’à tes hanches élargies et blanchissent jusqu’à l’immaculé. Tes yeux, sans l’ombre d’un doute auparavant marron, brillent d’un bleu pâle et me fixent avec, j’ose y croire, bienveillance.

Tu écartes les mains, dont la manucure pour ne pas dénaturer est simplement blanche, en signe d’attirance.

Dois-je venir ? Me précipiter dans tes bras ? M’y autorises-tu ?

Me voilà bien timide, me direz-vous… Ici je suis autorisé à tout mais ne suis maître de rien, vous rappellerai-je.

Pour m’en convaincre, tu esquisses un fin sourire en coin.

Un sourire ravageur.

De ceux qui arrêteraient net n’importe quel taureau prêt à embrocher un irrévérencieux toréador.

Je ne suis pas un bovin, je ne m’apprêtais pas à t’encorner, mais l’effet est le même, je suis arrêté net.

Mieux, pire, je suis paralysé par cette virgule anodine qui se dessine sur tes lèvres pâles.

Un sourire espiègle.

Tu m’as saisi, tu m’as cueilli.

Je suis la pâquerette prête à être effeuillée.

Si tu comptes ainsi me châtier, je serai donc démembré.

Un sourire fatal.

Telle une flèche, il me transperce en plein cœur.

Bat-il encore ? Le peut-il seulement ?

Ma respiration s’est saccadée.

Un sourire expressif.

Je m’y engouffre, tu me dévores, tout cru.

Et tu me mâches, me rumines, me mastiques.

Le moindre de mes os se retrouve totalement broyé.

Tu t’es gaussée de mon désarroi, de mes aversions, de ma panique.

Tu t’es jouée de moi, tu avais connaissance, conscience de tout.

Tu m’as observé, as clairement senti mon regard hagard, épris, fétide, honteux, et tu t’es amusée à paraître détachée.

Tu t’es contentée de m’ignorer. Du moins, pas tout à fait, tu as agi et t’es immiscée dans mes fantasmes.

Un sourire de connivence.

Satisfaite, tu reviens vers moi.

Pour me torturer, un peu.

Pour m'aimer, surtout.

Finalement, un sourire apaisant.

Je t’ai vue, j’ai dérivé, mais tu me libères et suis en paix.

Alors, est-ce là la conclusion de notre histoire ?

Cet évènement, se termine-t-il ainsi ?

Dans la paix et la sérénité enfin trouvée.

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