- Et merde ! Je le savais ! Marguson va nous buter.

A l'intérieur de la clinique Erin et Alan s'étaient retranchés dans le couloir quand les assaillants avaient brisé les fenêtres de la réserve.

- C'est ça ton équipe de héros ?

- Ils pouvaient pas savoir que ...

Un fracas dans la réserve, les types renversaient les armoires métalliques pour tenter d'atteindre la trappe.

- Et l'autre sur le toit il fout quoi ?

- C'est un sniper, il a pas son fusil long sinon il les aurait ...

- Même pour des potes qui t'ont abandonné pendant 7 ans tu trouves des excuses.

Alan haussa les épaules. Il avait extirpé de sous son fauteuil le vieux pistolet qui ne le quittait jamais. Ses doigts fourmillaient et il se retenait de glisser l'index dans la gâchette pour éviter tout accident. Oui les gars étaient arrivés depuis à peine un quart d'heure et tout partait déjà en sucette, quand on n'est pas habitué à cette équipe ça peut surprendre. Mais pour lui c'était un retour au bon vieux temps.

Les quelques dizaines de secondes écoulées à se regarder dans le blanc des yeux avec Bow et Wan sous la pluie lui avaient foutu les jetons. Ils n'avaient pas su quoi se dire, et jamais avant ça ne leur était arrivé. Si quelque chose était cassé entre eux alors ces 7 années d'attente auraient été encore plus pitoyable que ce qu'elles paraissaient déjà.

Mais depuis l'arrivée des types de Marguson le naturel semblait revenu. Les automatismes et la capacité d'improvisation qui avaient fait leur gloire étaient toujours là, et Alan s'attendait à entendre Bow annoncer en hurlant ce qu'il allait faire, dans un argot que seul ses vieux compères sauraient interpréter.

- "ERKAAAAAAAAAASS!!!"

Alan marqua un temps d'arrêt, puis réalisa ce que ça voulait dire. Il propulsa son fauteuil vers l'arrière, bousculant Erin au passage pour la faire reculer.

Dans la réserve des hurlements retentirent puis un choc ébranla tout le bâtiment, alors qu'un souffle de poussières et de flammes se déployait dans le couloir, atteignant l'endroit même ou Erin et Alan se trouvait quelques secondes plus tôt.

Le silence retomba, et avec lui les particules de poussière, et même quelques morceaux de plâtre du plafond. Erin se releva, chercha Alan du regard et malgré sa gorge et ses yeux irrités par la poussière, l'aida à se remettre sur son fauteuil. Puis elle entreprit de comprendre ce qui s'était passé.

De ce qui restait de la réserve émergea Bow, goguenard :

- Les méchants se font la malle.

Etrangement le son de l'extérieur leur parvenait fort et clair. Erin entendit des cris et des bruits de course, puis des moteurs qui redémarraient et s'éloignaient. Elle s'assura que Alan avait bien réintégré son fauteuil puis, jetant un regard interrogateur au mercenaire elle le contourna pour aller constater ce qui s'était passé dans la réserve.

Il n'y avait plus de réserve. Au delà de la porte arrachée au chambranle, la pièce qui contenait tout le nécessaire au fonctionnement de la clinique avait été soufflée par une explosion. La fenêtre par laquelle étaient entrés les assaillants n'existait plus, le mur extérieur était éventré et une crevasse s'ouvrait dans le plafond jusqu'à la trappe. La pluie fine commençait déjà à mouiller le fond de la pièce. Aux murs et sur le sol la poussière épaisse coagulait sur des tâches de sang. Trois types étaient entrés par effraction, ils gisaient morts et mutilés dans les gravats.

A l'extérieur Erin distinguait encore à travers la bruine les véhicules de leurs collègues qui fuyaient.

La nuit commençait à tomber.