Carah
A l’intérieur de la plus haute tour, la conseillère consultait les rapports qui jonchaient la table. Les renseignements glanés sur l’ennemi ne rimaient à rien. Et que dire des pourparlers engagés par les émissaires envoyés ? L’ennemi ne réclamait rien et pourtant leur siège, lui, réclamait tout. Cara balaya les parchemins d’un revers puissant et enfonça ses ongles dans le bois. Elle ignorait la réponse à donner à son seigneur ou l’attitude à adopter. La force n’avait pas brisé les lignes ennemies, la diplomatie devait être la solution de raison et pourtant… Jusqu’ici, leurs efforts ne menaient à rien. Elles avaient pourtant choisi de jeunes gens aux charmes évidents, que ce soit sur le plan moral ou physique mais même la séduction ne donnait aucun résultat. Aucune alliance maritale ne satisferait cet ennemi dont ils ignoraient encore tout. Chaque émissaire était rentré, indemne mais changé. Ils parlaient peu de leur séjour auprès des étrangers. Ils répétaient les réponses qui suivaient les demandes de la conseillère et des autres dirigeants mais aucun autre élément ne venait les étayer. Elle ignorait qui était au commandement, le nom de ses conseillers, si certains montraient des signes d’animosité ou d’amitié… La tête de cette armée lui restait imperméable. Et ce qui l’inquiétait encore davantage était la soudaine perte de mémoire et de repères des jeunes gens revenus à elle. Qu’ils soient partis cinq minutes ou dix heures ne changeaient rien. Ce temps d’absence prenait la forme d’un trou dans leur vie aussitôt qu’ils passaient les portes de la cité. Elle ne savait quelle force en était la cause mais cela n’augurait rien de bon…
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