CHAPITRE 3
THOMAS
Treize ans, et la souffrance est toujours là, constamment en train de me rappeler qu’il me manque quelque chose. Un vide que je ne pourrais jamais combler et pourtant j’ai essayé. Mais on se remet jamais de la perte de quelqu’un, on change, on fait avec, on reprend ses mauvaises habitudes sans pouvoir l’oublier. Contrairement à ce qu’on croit, l’alcool n’aide pas, ça nous enfonce un peu plus.
Cependant quoi que peut en dire mon meilleur ami, je m’en suis sortie, j’ai accepté qu’il était mort et que je pouvais rien faire, qu’il fallait que je me batte pour qu’il soit fier de moi. Être chirurgien a toujours été mon rêve, mais depuis qu’il est parti je me suis promis de sauver le plus de gens possible, de faire en sorte qu’ils ne connaissent jamais la douleur de perdre quelqu’un. Alors oui depuis que je suis résident en chirurgie j’ai accepté le fait que je ne pouvais pas sauver tout le monde, cependant quand le travail ne peut soulager la douleur il ne reste qu’une option.
— Darren t’est occupé ? dis-je en arrivant avec détermination vers lui.
— Euh non.
— Parfait.
Je le prends par le poignet et l’entraine dans une chambre de repos. La porte ferme à clé, je me jette sur ses lèvres, me débarrassant au passage de nos blouses. J’aime la façon animale que j’ai de l’embrassé, que j’ai de lui sucé la langue. L’entendre gémir est toujours un plaisir. Darren et moi avons commencé à coucher ensemble lors de sa première journée au Chicago Memorial Hopital. Je me souviens de son côté timide, de la douceur avec laquelle il parlait aux malades et j’ai su qu’on allait bien s’entendre. Ce même jour nous avons perdu un patient, mon premier, je me suis emporté, mon asthme m'empêcher de respirer et je suis sortis. Je ne pouvais pas rester, pas après avoir balancé les instruments médicaux, pas avec l'homme qu'on venait de tuer. Darren m’a rattrapé essayant de me calmer, sans réfléchir je l’ai embrassé. Je me suis excusé et on connaît tous la suite, je n’avais pas ressenti autant de plaisir depuis longtemps.
Maintenant on en est là, un an après, mon corps surplombant une nouvelle fois le sien. J’embrasse son cou descend sur son torse, goûtant à la sueur de son excitation, il se cambre, ses mains serrant mes fesses. Je frotte violemment nos deux érections nous faisant gémir. Je grogne de plaisir en arrivant à l’élastique de son pantalon.
— Putain Thomas, je crois je t'aime, me dit-il haletant.
J'espère avoir mal entendu, je m'arrête et le regard sous le choc.
— Oh merde, continue-t-il.
Pris de panique j'enfile rapidement ma blouse, il faut que je sorte, j'ai besoin de prendre l'air.
— Thomas attend, je suis désolé, je ne voulais pas dire ça. S'il te...
J'ai franchi la porte tentant de rester naturelle, mais ses trois mots sonnent encore à mon oreille. Pourquoi il a fallu qu'il dise ça ? C'est si compliqué de cacher ses sentiments. Putain. Tout le monde me regarde et je donnerai n’importe quoi pour frapper dans un mur. Allez on se remet au boulot et tu fais comme si rien ne c'était passé. Alors que je m'éloigne de la salle de repos, David m'interpelle :
— Thomas tout va bien ?
— Euh ouais, qu'est-ce que tu fais là ?
— Tu m'as bipé.
— C'est vrai.
Sur le chemin il me demande :
— Est-ce qui s’est passé avec Darren ?
— On y ait je te laisse, on a besoin de moi aux urgences.
Il me regarde incrédule. J’aurais pu simplement lui dire : « je n’ai pas envie d’en parler », mais David est curieux, il veut des explications et le seul moyen pour terminer cette conversation est de partir. Je n’ai pas envie qu’il m’analyse ou qu’il me dise ce qui cloche chez moi, pour ça j’ai déjà Raven mon meilleur ami. Il aurait pu devenir psychologue à la place de travailler dans un bar. Il a arrêté ses études pour moi, essayant de me faire rester à la surface alors que je me noyais. Mon boulot me permet d’être stable, mais c’est lui qui m’a sorti de là et qui m’a fait respirer de nouveau. Je n’ai même pas su le remercier comme il fallait, à la place j’ai rechuté jusqu’à qu’il me fout un coup de pied au derrière. Il a beau m’exaspérer il restera toujours comme mon frère…
RYAN
Aujourd’hui je règle mes comptes avec Josh, finit de me cacher des choses je veux la vérité. Dans les vestiaires du poste je réfléchis au moyen de lui parler, est-ce que je le prends à part et je le menace ? Je lui pointe mon arme dessus ? Je le frappe jusqu’à ce qu’il crache le morceau ? Ou je le pousse à me révéler qu’il travaille pour Drew ? Sans preuve formelle qu’il a un rapport avec lui, je ne pourrais rien faire.
Je boutonne ma chemise quand quatre collègues pénètrent dans la pièce.
— Salut McKainny, dit l’un d’eux.
— Salut les gars. Vous avez besoin de quelque chose ?
Ils se mettent à rire. Ils n’ont rien à faire là, ils sont en uniforme et à l’heure qu’il ait ils devraient être en patrouille. Pour être honnête, je n’aime pas ça. Je serre les poings prêts à me défendre. Les quatre m’entourent, mais je reste camper sur mes positions, ils veulent se battre, pas de problème je suis leur homme.
— Alors, on est un peu trop curieux sur les affaires de Drew. Tu sais qu’il n’aime pas ça et depuis que tu es rentré tu fous la merde. On est là pour te faire passer le message, arrête cette enquête ou tu finiras mort.
— Jamais, faites ce que vous avez à faire, d'autres prendront le relais.
— J’en doute.
Le premier coup tombe et je ne peux l’éviter. Ils profitent de mon étourdissement pour me frapper tous en même temps. Je sais maintenant ce qu’à ressentit David quand James lui été tombé dessus. Je ne sais plus où donner la tête, je frappe dans tout ce qui ressemble à un être humain. J’entends des grognements, mais je ne sais pas s’il vient de moi ou d’eux. Je m’affaiblis, je peux le sentir dans mes poings qui deviennent douloureux, dans la sueur et le sang qui coule sur mon visage, dans la souffrance que ressent mon corps. Je n’arriverai pas à les mettre à terre tout seul, j’ai beau être tout en muscle, quatre gars entrainés c’est trop. S’il cherche à m’épuiser ça marche, trois d’autres eux me plaquent contre les casiers, le choque me coupe le souffle. Celui qui m’a salué me regarde en souriant, il ne me fait pas peur. Il arme son poing, je m’attends à l’impact, mais il est plaqué au sol par un officier. Ce dernier lui donne une droite avant de se redresser. Il se tourne vers moi et là je tombe dénue, Josh. Mais s’il ne travaille pas pour Drew, alors pour qui il me surveille ? Qui d’autre cherche à me tuer ? Il s’empare du tee-shirt de l’un des trois qui me retenait et l’assomme avec un coup de coude. Je profite de l’effet de surprise pour frapper les deux autres.
Une fois qu’ils sont tous à terre, je prends Josh par le col et le plaque contre les casiers.
— Pour qui tu travailles et qu’est-ce que tu me veux ?!
Il est calme et ne cherche pas à se dégager, de mon côté je bouillonne de rage et son comportement ne fait que la renforcer.
— On m’a engagé pour te protéger de ce genre d’attaque. Mon patron m’a dit que quand tu découvrirais tout je devrais t’emmener le voir. C’est lui qui t’expliquera, mais faut qu’on y aille maintenant. Si on nous trouve ici, notre carrière est finie.
Je resserre mon emprise sur sa chemise.
— Qui me dit que je peux te faire confiance ?
— Prends mon arme.
Je fais ce qui me dit et le lâche.
— Je te suis, mais si tu fais un pas travers…
— Tu me descends.
Je le suis jusqu’à sa voiture après avoir caché les quatre officiers. Il démarre le moteur et nous nous dirigeons vers le Nord de la ville. Le voyage est long, ma main est crispée sur mon arme, ma jambe tremble et je ne peux m’empêche de serre le poing. Je n’arrive pas à me détendre et Josh ne fait rien pour améliorer ça.
— C’est ici, dit-il après deux heures de trajet.
Il s’est garé devant un vieux building en briques rouges passant inaperçues contrairement à la tour de Drew. Avec appréhension je pénètre dans le bâtiment, Josh salue ce qui semble être des gardes ou des hommes de main avant de passer un scanner rétinien, facial et d’empreinte digitale, seulement après nous pouvons prendre l’ascenseur. Je n’ai jamais vu un endroit aussi sécurisé et pour honnête s’est flippant. Sans un mot, nous montons ensuite jusqu’au vingtième et dernier étage. Quand les portes s’ouvrent, je découvre une vaste pièce aux briques blanches, décorer avec du mobilier et des fenêtres industrielles, ainsi qu’un chic bureau en palette.
— Où est-il ? je lui demande.
— Il a surement une affaire à régler. Reste là jusqu'à son retour, me répond-t-il en quittant la pièce.
Je déteste cet endroit, je me sens pris au piège, fixé par les caméras au mur, par les hommes surentrainés qui grouillent à tous les étages. Je m'en veux tellement de l'avoir suivi, j'aurais dû l'assommer et rentrer chez moi. Je ne peux m'empêcher de faire les cent pas, la main serrer sur mon arme, me demandant dans quel état je vais sortir de là. Les portes de l'ascenseur finissent par s'ouvrir, surpris je pointe mon Beretta en sa direction. Un homme selves, cheveux bruns, les yeux presque noirs révélant la puissance et la noirceur de son âme. Ces vêtements semi-chic, semi-urbain sont tachés de sang. Je déglutis péniblement et ressers la prise sur le pistolet.
— Désolé pour tout ça, j'avais quelqu'un à abattre. Josh m'a briffé et je crois qu'il est tant que tu connaisses la vérité.
— Qui me dit que vous ne me raconterez pas de mensonges.
— Je n'en vois pas l'intérêt, me répond-t-il en s'asseyant à son bureau.
Il me déstabilise et je ne sais pas quoi faire.
— Ryan, tu peux poser ton arme, personne ne viendra te tuer. Regard, je décharge la mienne. Tiens-moi en joue si ça te chante, mais assit toi au moins.
Avec prudence je prends place sur le fauteuil en cuir et pose le pistolet sur le bureau, le canon dans sa direction.
— Si vous avez tant de choses à me raconter, commencé par me dire qui vous êtes, comment vous me connaissez et pourquoi vous voulez me protéger ?
— Je m’appelle Derek Remington, tout le monde me connaît sous le surnom Ghost. Je suis l'homme qui dirige le Nord de la ville. Je vois que tu es surpris et très en colère, je peux le comprends.
— J'en doute, je réponds avec le peu de self-control qui me reste. Je vous ais cherché et on m'a fait comprendre que vous ne feriez rien pour arrêter Drew. Alors pourquoi maintenant je vous intéresse ?
— Ça fait longtemps que je te surveille, longtemps que j’essaye d’empêcher mon frère de te tuer parce que j’en ai fait la promesse. Tout faire pour te garder en vie. Mais quelqu’un te protéger était trop dangereux, Drew l’aurait découvert d’une manière ou d’une autre. J’ai tenté de corrompre James McCall pour qui veille sur toi, mais il a refusé. Quand tu as quitté la ville, j’ai fait en sorte que ta famille et celle de David soient en sécurité. Mais tu es rentré et Drew allé enfin pouvoir se venger, infiltrer Josh à ta protection c’était mon unique option. Si je t’avais proposé de l’aider, tu aurais refusé, parce que tu es dans cette merde à cause de moi.
Pas un seul instant j’ai été libre, on a fait que me surveiller à mon insu et j’apprends que je suis un dommage collatéral. Si j’étais mort dans cette ruelle, tout ça ne serait jamais arrivé, David n’aurait pas une cible dans le dos et je n’aurais pas peur pour nos vies. Ce soir-là tout a été prémédité, qu’est que t’as fait Jack ? Dans quoi tu m’as embarqué ? Je serre les poings j’en veux à Derek, à Drew et à Jack, on n’a pas cessait de me mentir, de me rouler dans la boue, de se servir de moi. Je tape des poings sur le bureau le surplombant à présent de ma taille.
— Je devrais vous tuer, vous avez participé à faire de ma vie un enfer ! Je ne vis plus que pour arrêter Drew, arrêter tout ça ! Sachez une chose James est mort à cause de vous, il a essayé de nous protéger, il essaye de me prévenir quand je foncer droit dans le mur, s’il m’avait dit qu’il était là pour veillez à ma survie je l’aurais peut-être écouté. Je suis en vie parce qu’il a changé de camp, mais vous n’avez rien fait pour le protéger. On sait tous deux comment finissent les hommes qui trahissent Drew.
Je me dirige vers l’ascenseur furieux, si je reste ici je ne pourrais plus contrôle le monstre et rien de bon n’en ressortira.
— Attends, je peux t’aider, je mets tous mes hommes, mes armes à ton service pour que tu l’arrêtes. Tu as besoin de moi si tu veux que tout s’arrête.
— Au revoir Derek, dis-je entrant dans l’ascenseur.
Est-ce que je suis assez fou, prêt à tout au point de faire confiance à Derek ? Est-ce que j’ai le choix ? La réponse est oui.
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