“Like brothers in blood, sisters who ride

And we swore on that night, we’d be friends ‘til we die

But the changing of winds, and the way waters flow

Life as short as the falling of snow

And now I’m gonna miss you, I known” —Everglow de Colplay[1]

RYAN

— Salut, c'est David, je voulais que tu saches que je vais bien. Je suis sécurité chez Ghost, voilà.

Puis il a raccroché, il était froid plus que ça glaciale même. Il n’y avait aucune joie, rien, comme si me rassurer était devenue une contrainte. Pour être honnête, ça me blesse, il vient de me prouver que notre rupture était réelle et je ne m’attendais pas à ressentir une si grande détresse. De cet appel je n’en retire qu’un soulagement extrême, il est en sécurité, pourtant j’en veux à Derek, rien de tout ça n’aurait dû arriver. Drew ne pourrait pas entrer aussi facilement sur son territoire et pourtant c’est ce qu’il a fait.

— Je suis content que t'aies changé d’avis, dit Josh quand j’arrive à sa hauteur.

— Il faut qu’on aille.

— OK tu peux m’expliquer ce qui se passe ?

Je ne réponds rien et continue de marcher vers la voiture de patrouille. Il me rejoint au pas de course et nous foncés au poste.

— Ça t'arrive de donner des explications.

Je sois de la caisse et me dirige vers ma Chevrolet. Je la vérifie sous tous les angles, aucune traceur, ni de micros, on peut y aller. Désespérer et inquiet, Josh monte dans le véhicule.

— Tu deviens complètement parano.

— Et toi, tu ne l'es pas quand tu vas chez Derek.

— Tu marques un point. Ton ex est en vie je me trompe.

Je hoche la tête, une fois arrivé nous montons jusqu'au bureau de Ghost. Mais quand les portes s'ouvrent, ils sont en pleine dispute.

— Non, mais ça ne va pas. Je ne vais pas me terrer dans un coin jusqu'à ce que ça se passe. J'en ai ras le bol de fuir ! crie David.

— Tu dois faire quelque chose, après tout c’est à cause de toi qu’il est devenu comme ça. Alors, répare tes conneries ! s’énerve le brun.

— Je peux aussi vous mettre une balle à tous les deux, c’est peut-être ça que voulait. Drew ne vous donnera jamais une mort sans souffrance. Vous ne faites pas le poids face à lui, et je refuse de m’engager dans cette bataille qui fera plus de victimes qu’il n’y en a déjà. Je me suis fait une promesse, c’est pour ça que vous êtes encore en vie. J’aurais dû laisser Drew te faire la peau et toi, Thomas j’aurais dû te tué pour avoir saccagé un de mes bars. Soyez heureux d’être en vie.

Je siffle et tous les regards se tournent sur nous.

— Est-ce qui se passe ici et lui c’est qui ? je demande en pointant l’inconnu.

Il me regarde comme si tout devenait clair, comme s’il avait trouvé la réponse à sa question. Il fixe ma cicatrice et son regard ça triste. On dirait qu’il me connait et j’en ai marre des secrets.

— Je suis Thomas Smith, on s’est croisé il y a onze ans au Osborn’ s Bar. Jack m’avait parlé de toi et il n’a jamais eu l’occasion de nous présenter.

Mes poings se serrent, comment connait-il Jack ? Quel est son rapport avec lui ? Est-ce qu’il vient faire dans cette histoire ? Pour être honnête si la présence de David n’était pas là pour me calmer, j’aurais déjà plaqué ce Thomas au mur.

— T’es en colère et tu te poses des questions. Si je te racontai toute l’histoire, tu ne me croirais pas. Avant sa mort, Jack a enregistré deux vidéos, dont une qui t’explique tout. J’ai jamais eu le courage de te rechercher, je n’en avais pas la force, parce que fond de moi je t’en voulais de vivre. Mais quand je t’ai vu, j’ai compris qu’on souffrait tous les deux de cette perte.

Il enlève son collier, au bout une clé USB. Les yeux de Thomas sont devenus rouges de tristesse et les miens aussi. J’allais connaître la vérité et ça me terrifier, ça me terrifier de revoir son visage que j’ai oublié avec les années, d’entendre une nouvelle fois sa voix, de culpabiliser encore. À cet instant, je redevenais l’adolescent qui avait tout perdu, confronté à un passé qui impacte sa vie. Je sens le regard triste de David peser sur moi. Avant il aurait posé sa main sur la mienne tout en me disant des mots réconfortants. Ça me blesse qui ne le fasse pas, qu’il garde ses distances comme si rien ne s’était passé entre nous. Je voulais simplement qu’il me fasse savoir qu’il était avec moi une dernière fois.

Thomas a mis la clé USB dans l’ordinateur de Derek, sur l’écran apparaît sa chevelure châtain blond décoiffé, ses yeux bleus et son sourire. La main tremblante et dans une grande inspiration, il met Play.

— Salut Ryan, il y a tellement de choses que tu ne sais pas à propos de moi, des choses qui finiront par me coûter la vie. J’ai fait tout ça pour te protéger, je ne veux pas que tu l’oublies. Si tu veux bien, commençons par le commencement…

Pendant trente minutes, Jack m'a dévoilé ses secrets et mensonges. À travers les larmes j’essaye de ne plus lui en vouloir, de me mettre à sa place. Il a tout sacrifié pour me protéger avec Thomas, il garder la tête froide même quand plus rien n'allait. Tous ceux qu'il voulait c'était m'aider et ne pas m'impliquer dans cette vie merdique. J'aurais aimé connaitre se Jack, connaitre ses peurs et ses doutes. Peut-être que tous les trois on serait parvenu à se sortir de ce merdier.

L'ambiance est lourde, Derek et Josh ont le visage grave, Thomas se retient de fondre en larmes et David ne sait pas où se mettre. Je dois partir, j'ai besoin de digérer tout ça, de ne plus avoir envie de casser la figure de Ghost. La fin aurait pu être tout autre s’il avait agir, maintenant il cherche à rattraper son erreur. Mais c'est trop tard.

— Je vais prendre l'air.

Une fois dehors, j'essaye d'associer chaque souvenir de lui avec ses paroles. Je ne sais pas ce que je cherche peut-être une raison supplémentaire de m'en vouloir.

— Tu veux qu'on retourne bosser ? Ça te changerait les idées, me demande Josh.

Je m'attendais à ce qu'on me rejoigne, mais j'espère que ce soit quelqu'un d'autre.

— Non, il faut qu'on prouve que Drew est derrière l'attaque de l'hôpital. J'ai besoin que cette histoire se finisse.

DAVID

La matinée a été éprouvante entre la prise d’otage et les révélations de Thomas, entendre la voix de Ryan c’est la seule chose qui met fait du bien. Ça m’a fait oublier les horreurs que j’ai vues et le stress que j’ai ressenti. J’aurais voulu éprouver autre chose, mais tout ce que je voulais c’était le voir, être avec lui parce que c’est le seul endroit où je me sens bien. Mais ce n’est plus possible, cette relation ne nous apportera que de la souffrance et de la tristesse, ça ne se terminera pas bien soi pour lui, soi pour moi. On est en sursis attendant dans le couloir de la mort que Drew presse la détente. Je suis froid avec lui pour lui faire comprendre que ça ne s’arrangera pas. Y a tellement plus que sa vengeance, y a la peur de le perdre comme il avait peur de me voir disparaître, y a aussi cette sensation de ne jamais pourrais vivre pleinement cet amour, parce qu’il aura toujours quelque chose pour nous barrer la route. Je me défile et je le sais très bien.

— Fais chier, David rallume ton biper.

Je m’exécute, une dizaine d’appels on était enregistré, ce n’est pas vrai.

— Une voiture vous attend, nous prévient Derek.

Nous nous précipitons en bas et fonçons vers l’hôpital. Arrivé là-bas c’est le chaos total, c’est comme une claque, toutes ces victimes, ces morts. Drew n’y ai pas aller de main morte, il a fait un carnage. Est-ce qu’on a notre part de responsabilité là-dedans ? Non, on ne pouvait pas empêcher ça, qu’on se soit rendue ou pas le résultat aurait été le même. On ne doit pas ce sentir coupable même si ça essaye de se propager en nous.

— Il faut qu’on se mette au boulot, qu’on répare notre connerie, dit Thomas.

— Ce n’est pas notre faute, répète-le toi jusqu’à ce que t’arrives à t’en convaincre.

— Ça à l’air tellement facile quand tu le dis.

THOMAS

Je ne sais pas comment il fait, comment David fait pour ne pas culpabiliser ? Drew a attaqué l’hôpital à cause de nous. Il a tué, blessé ces gens pour nous retrouver, pour affirmer son pouvoir et nous montrer qu’il a toutes les cartes en main.

— Smith été passé où ? me crie le chef.

— J’étais caché et j’ai coupé mon bipé. Désoler. Pourquoi il y a tant de gens ici, pourquoi vous ne les avez pas envoyés dans d’autres hôpitaux ?

— C’est ce qu’on a fait, mais certains ne peuvent pas être déplacés. Alors, maintenant mets-toi au boulot. On t’attend dans la salle de trauma numéro 2.

Je hoche la tête et mis dirige. Je regarder David pour m’assurer que tout va bien, il commence à discuter avec les victimes de stress post-traumatique. Quand j’entre dans la salle, les médecins parlent tous en même temps, les machines bipent, le patient est dans un état critique et il y a du sang partout. Pour la première fois, je reste pétrifié, j’ai l’impression d'avoir tiré sur ces gens.

— Smith on est en train de le perdre, prends le défibrillateur.

Je le rejoins et m’empare des palettes.

— Chargez à 200, on dégage.

Le cœur ne se stabilise pas.

— Mettez une ampoule d’adré, dis-je

Mais ça ne change rien, la machine est rechargée et le corps se soulève sous les décharges encore et encore. Je ne sais combien de fois j’ai recommencé, combien de fois j’ai espéré que ce soit la bonne.

— Thomas, ça fait quinze minutes, il est mort.

— Non, chargez à 350, fait ce que je vous dis !

Ils me regardent inquiet et triste, déterminer je commence le massage cardiaque. C'est fini, je le sais, mais je veux essayer de réparer tout ça. Je ne peux pas le laisser partir, mais bientôt je n'aurais plus la force de faire battre son cœur, chaque compression m'épuise un peu plus.

— Dr Smith, arrêtez de penser au patient cinq minutes. Vous allez finir par faire une crise d'asthme.

— Je n’en ai rien à faire, je n'ai pas pu le sauver la première fois, mais maintenant j'en ai les capacités.

— Ça suffit ! Même si vous réussissez à le ramener, on sait tous qu'il ne se réveillera pas. D'autres patients ont besoin de votre aide.

Je reviens à la réalité et cesse petit à petit le massage, je me répète que ce n'est pas ma faute, qu'il n'est pas Jack. Abattu, je sors de la salle sous les regards préoccupés de mes collègues. Je n'ai pas sauvé le patient et maintenant on croit que je suis fou. J'ai vraiment besoin d'un verre, violemment j'arrache ma surblouse recouverte de sang et je me traîne vers la sortie. Mais un brancard manque de me rentrer dedans. Un médecin est à califourchon sur un patient essayant de le réanimer :

— Poussez-vous ! disent-ils.

Ces blessures sont multiples, sa blouse est déchirée laissant le sang chaud couler sur sa peau. Mon regard remonte jusqu’à son visage, ses cheveux blonds, les contours ronds de son visage, malgré l’agitation et le masque à oxygène je le reconnais, Darren. Je l’ai abandonné, je l’ai laissé dans cette réserve, j’aurais dû prévoir ça, j’aurais dû l’emmener avec moi. Pourquoi je ne me suis pas inquiet ? C'est la première chose que j'aurais dû faire, le chercher, savoir s’il allait bien.

Tout devient flou, tout tangue, je me retiens à la chambranle qu’est-ce qui m’arrive ? Mon cœur s’emballe, je ne sais plus où j’en suis. Je n’arrive plus à réfléchir comme si mon cerveau se mettait en pause. Je me sens tombé au sol, je vois des gens se précipité vers moi et plus rien…

Mon corps commence à se réveiller, je frotte mes yeux avant de les ouvrir. David est assis à mon chevet. Est-ce que je fais dans une chambre d’hôpital ? Darren il faut que je le voie, il faut que je m’occupe de mes patients. Je dois y aller. Je soulève les draps et m’apprête à me lever, mais David m’empêche :

— Thomas tu es en état de choc, je sais que tu veux le voir et retourner travailler, mais tu ne peux pas. Tu ne vas pas bien et Raven devrait arriver d’une minute à l’autre.

— Sérieusement. Écoute, j’étais juste fatigué, c’est tout.

— D’après Raven ce n’est pas la première fois que ça t’arrive.

Il n’avait pas à lui raconter ça, ma descente aux enfers ne le regardait pas. Je veux que David arrête de m’observer comme si j’allais m’effondrer, je vais bien. Je n’ai pas besoin de baby-sitter ou de je ne sais quoi. Je n’ai pas besoin d’aide, mais apparemment c’est dur à comprendre pour eux.

— Derek a fait jouer ses contacts la police ne viendra pas nous interroger. Est-ce qu'on t’a posé des questions ?

— Non, mais les regards en disait suffisamment, je réponds

Il hoche la tête, de mon côté je fixe le mur, les bras croisés sur le torse.

— Darren va bien ?

— Il ait au bloc, mais une infirmière te préviendra quand l’opération sera terminée. Thomas tu n’es pas coupable de ce qui lui arriver, je te promets qu’il va s’en sortir.

— Ne dis pas ça, ne fais pas de promesse que tu ne peux pas tenir.

Il finit par quitter la chambre, j’aurais voulu partir, mais au même moment Raven est rentré. Il s’est assis et on ne peut pas dire que l’ambiance entre nous est au beau fixe, je n’ai pas envie de lui parler. La seule raison de sa présence ici, c’est de me surveiller, de vérifier que je ne vais pas m’enfuir, boire ou retourner travailler. Darren doit se battre, je ne veux pas que tout se termine sans une dernière discussion, je ne supporterai pas ça une deuxième fois.

[1] « Comme des frères de sang, des sœurs liées

Et nous avons juré, cette nuit-là, que nous serions amis jusqu’à la mort

Mais la façon dont les vents tournent, et que coulent les eaux

La vie est aussi brève qu’une chute de neige

Et à présent tu vas me manquer, je le sais »