“But I ain’t never crossed a man that didn’t deserve it

Me be treated a punk, you know that’s unheard of

You better watch how you talkin, and where you walkin

Or you and your homies might be lined in chalk” —Gangster’s Paradis de Coolio[1]

DAVID

Ça faisait longtemps que je n’avais pas passé une nuit comme celle-là, une nuit d’amour où tous les manques sont complets. J’ai hésité à venir, je savais quelle direction prendraient les choses et j’avais peur. Peur de découvrir que ce que je ressens pour lui ne s’est jamais éteint, peur d’accepter que j’aie besoin de Ryan dans ma vie. J’ai réfléchi toute la nuit aux conséquences qu’avait eues notre séparation, je me rends compte que rien de positif n’en est sorti. On s’est retrouvé à nous battre contre notre attirance, a essayé sans succès d’oublier l’autre. Cependant, je n’ai jamais pu me le sortir de la tête, il avait beau avoir changé, je l’aimais toujours. Est-ce que je dois nous laisser une seconde chance ? Peut-être.

Je sens Ryan bouger tout contre moi, il finit par ouvrir les yeux et m’observe avec un sourire.

— Tu es resté, tu aurais pu partir, tu sais.

— Je me suis battu une fois contre mes sentiments, je n’ai pas envie de recommencer. J’ai essayé de t’oublier, mais tu m'as rendu la tâche difficile. Mais avoir failli te perdre m’a fait prendre conscience de tellement de choses. On est ensemble dans cette galère et on y sera jusqu’au bout.

— Je t’aime, me dit-il en m’embrassant.

— Moi aussi Ryan, moi aussi.

Depuis ce matin, les infos diffusent la nouvelle :

— Flash spécial, nous venons d’apprendre que l’ancien officier Ryan McKainny n’y serait pour rien dans l’affaire du meurtre de James McCall. D’après nos informations, ce serait un dénommé Flash Birtman qui serait l’assassin et celui qui a piégé McKainny. Il se serait pendu quelque temps après l’arrestation de ce dernier. Les enquêteurs ont alors fouillé l’appartement et découvert une lettre qui expliquer tout. Il exprimait des regrets sur sa lâcheté et a admis avoir été persécuté par McCall au lycée. La scientifique a également trouvé tout un équipement qui aurait permis de tromper la police. Cette dernière devrait bientôt s’exprimer sur le sujet.

Les victoires s’enchainent et c’est ce qui me fait peur. À un moment, la chance va tourner, je suis conscient qu’on s’est démené, qu’on a passé des nuits à essayer de l’innocenter et maintenant c’est fait. Le district lui a présenté des excuses publiques, son arme et son badge lui ont été remis. Derek l’a muté dans le Nord pour sa sécurité, lui aussi craint les représailles de son frère même s’il ne le montre pas. On le sait tous Drew aime faire parler de lui, on l’a bien vu avec l’attaque de l’hôpital. J’ai l’impression que plus on avance, plus ce qu’il prépare est grand. À l’heure actuelle, il a toujours eu des coups d’avance, je ne sais pas si on peut arriver à le surpasser. Mais Remington y croit, il nous a tous convoqués ce matin à la première heure, d’après lui c’est important.

— Je vous ai fait venir ici car j’ai décidé de lancer une offensive contre Drew. On ne peut plus le laisser agir et j’ai besoin de vous tous pour y arriver.

Des cris de fierté s’élèvent, il sourit, pour être honnête j’ai peur de ce qu’il prépare. Ryan, Thomas et moi nous nous regardons inquiets. J’ai peur qu’il déclenche une guerre, il a l’air déterminé à agir plus que d’habitude, trop sûr de lui à mon goût.

— J’ai décidé d’infiltrer le gang de Lire, je sais que vous vouliez vous battre, cependant je n’enverrais personne sacrifier sa vie. Je dois régler ce problème seul, mais il est nécessaire qu’on travaille tous ensemble pour que ce plan fonctionne. Doug, il faut que tes geeks et toi créiez un personnage solide, je sais que je vous ai beaucoup mobilisé ces derniers temps, mais vous serez récompensée. Appelez Brenda, il faut que je la voie. Rick tu te charges de Ripley, quand tout sera prêt, il devra me recommander à Drew. Les autres veillent sur la ville en mon absence, faite comme si j’étais là. Rick tu prendras la main. Maintenant au boulot.

Tout le monde se met à son poste, nous les regardons faire préoccupés. Sommes-nous les seuls à trouver cette idée risquée ? s’il échoue Drew s’empara de la ville et on ne sera plus que de l’histoire ancienne. On fait part de nos doutes à Derek :

— Je connais mon frère et je sais comment le faire tomber. C’est un risque à prendre.

— Mais tu mets nos vies en jeu ! s’énerve Ryan.

— Tu veux que je te rappelle la merde dans laquelle tu nous as mis la dernière fois ! Alors ne vient pas me faire la morale Ryan ! Maintenant dégager de mon bureau.

Avec résignation nous sortons, j’aurais aimé trouver une autre solution, on prend beaucoup trop de risques ses derniers temps. Essayons de profiter du temps qui nous reste avant que Derek ne se jette dans la gueule du loup.

DEREK

Drew ne sait pas ce qu’il l’attend, il m’a montré qu’il était capable de tout, il va voir que moi aussi. C’est peut-être notre seul point commun, il aime répandre la violence et son pouvoir, j’aime que ma population soit en sécurité, et ça, c’est notre plus grande différence.

Je dois reconnaître que Ryan nous a mis dans une sacrée merde et je redoute ce que mon frère prépare, alors j’ai décidé d’attaquer le premier. En fait, c’est McKainny qui m’a donné cette idée. J’ai voulu l’abandonner, le laisser repartir en prison, voir le tuer immédiatement. Il a mis en danger le peu de paix qu’il rester avec le Sud, mais je dois avouer qu’il m’a ouvert les yeux. Il m’a montré que je devais agir et arrêter de subir. Je compte détruire tous ceux que mon frère a construire avant qu’il ne m’anéantisse.

— Monsieur, Brenda est arrivée, me dit l’un de mes gars au téléphone

— OK fais là monter.

Une grande blonde habiller d’un jean et d’un pull fait son apparition, j’ai toujours adoré les courbes de son corps et ce qu’elle est capable de faire avec. Elle s’est toujours comment me faire plaisir. Ripley croit que je ne suis pas au courant de son business d’escortes girls, mais je suis l’un de ses principaux clients. Ce sont mes gars qui s’assurent que les filles sont bien traitées par les habitués. Le premier qui fait un pas de travers, c’est simple, je le descends.

Dans le passé j’ai eu le malheur d’aimer, on l’a pris pour cible et elle m’a quitté. Mon père m’avait répété tellement de fois après la mort de ma mère que c’était une faiblesse. C’est par là que tes ennemis vont chercher à t’atteindre, c’est là que tu commets des erreurs. Apparemment je voulais me faire mon propre avis sur la question. Malheureusement, Brenda n’est pas là pour ça, même si ça ne me gênait pas de voir son corps se frotter contre le mien comme la chatte en chaleur qu’elle est.

— Qu’est-ce que tu me veux ? Si je suis convoqué ici ce n’est pas pour jouer à papa et maman, alors crache le morceau parce que j’ai d’autres clients qui m’attendent.

— J’ai vu que tu avais des connaissances en maquillage et en stylisme, j’ai besoin que tu t’en serves aujourd’hui. Tu dois me relooker, je dois être irreconnaissable et il n’y a que toi qui es ce talent. Si tu acceptes et que le résultat me satisfait, tu n’auras plus à faire ce job de merde, je te logerai et je te payerai la plus prestigieuse école de maquillage. Alors, ça te tente ?

Après un petit moment de réflexion, elle me répond :

— OK. Mais tu me laisses en dehors de cette histoire, je ne veux pas savoir ce que tu fabriques. Je fais mon boulot et je me casse. De toute façon, il faut que je rentre chez moi chercher mon maquillage.

— Pas la peine, dis-je avant de compose un numéro, amenez le matériel de Brenda.

Comme par magie, le peu de ce qu’elle possède et déposer dans la pièce. Elle n’a pas l’air ravi que j’ai fouillé dans ces affaires, mais elle garde son calme et se force à me sourire.

— On va commencer par te raser les cheveux de quelques centimètres. Ensuite, tu te laisseras pousser la barbe, je sais que tu détestes ça, mais on n’a pas le choix. Il faudra désépaissir tes sourcils et te mettre des lentilles de contact vert clair. Côté vêtement tu oublies toutes les pièces chics que tu possèdes, on va privilégier tout ce qui est jean, pull, baskets. Et une dernière chose, il faut que je fasse une prothèse pour dissimuler ton tatouage, je vais te rajouter de faux piercings et une paire de lunettes histoire d’être sûr qu’on ne te reconnaisse pas.

Après ses mots, elle s’est mise au travail. J’aime la rapidité et l’assiduité qu’elle y met, elle ne laisse rien au hasard, pendant qu’elle fait ça j’essaye de mémoriser la moindre information sur mon personnage. Je ne dois pas me trahir, m’en mêler les pinceaux et s’il faut j’improviserais.

Quand je me regarde dans le miroir, j’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre. Je n’ose même pas imaginer le résultat avec cette affreuse barbe qui me grattera. Ça me fait bizarre de me voir habiller de cette manière, j’avoue que mes vestes de costume me manquent déjà.

— Derek, Ripley a appelé, Drew est OK pour vous rencontrer. Tiens, voici l’adresse, bonne chance, me dit Rick en me donnant un bout de papier.

La gare de triage, 22 heures

Quand je débarque, il est là avec ses hommes, je ne m’inquiète pas, tous les nouveaux membres doivent passer par l’initiation. On doit savoir s’il est digne de confiance, s’il est capable de tuer, s’il suit les ordres ou pas. Avec lui, il est interdit d’échouer, il te considère comme faible et tu meurs, il s’en est vanté tellement de fois. Ses hommes me fouillent, je n’ai aucun micro, juste une arme. On me l’apprend et on me met dans les mains un Sig Sauer Mosquito semi-automatique avec silencieux. Comme toujours, je vérifie que le chargeur, il est plein, je préfère éviter les mauvaises surprises et pouvoir m’en servir en cas de besoin :

— Alors comme ça on chercher à intégrer mon gang, me demande Drew.

— J’ai entendu dire que vous recruter alors je suis venue tenter ma chance.

Il sourit.

— Enlève ton tee-shirt je dois vérifier quelque chose.

J’obéis, il espère voir mon magnifique tatouage tribal, il va être déçu.

— OK nous allons voir si tu es à la haute, monsieur ?

— Asher Beckford, je répond me rhabillant.

D’un seul regard, deux de ses hommes partent, ils reviennent quelques minutes plus tard tenant une jeune femme brune qui tente de se débattre. Il veut savoir si je suis capable de tuer n’importe qui, oui. Il la mette à genoux devant moi, elle me supplie de l’épargner, je suis sur qu’il la trouvé dans la rue, qu’elle n’a rien fait. C’est mon frère tout cracher, il aime rappel qui commande ici, selon lui tuer deux, trois innocents ne fait pas de mal, ça permet de garder le pouvoir. Je n’ai jamais été d’accord avec ça, mais le Sud est sa partie et j’ai assez caution ses meurtres à la con. Aucun de mes hommes n’à tuer d’innocents lors de leur initiation, c’était tous des coupables d’une manière ou d’une autre.

Malheureusement ce soir, je n’aurais pas le choix, est-ce que la tuer de sang-froid me fait quelque chose, non, mais la savoir innocente oui. Sans une once d’hésitation et avec le regard le moins empathique, je tire.

Devoir de nouveau prouver ma valeur, m'a ramené à l’époque où j’ai pris la place de mon père. Des membres du gang me considérer comme trop jeune, inexpérimenté, on voulait voler ma place. Je ne me suis pas laissé faire, avec le même détaché j’ai tué mon principal opposant. Il essayer de rallier les autres à sa cause, je suis arrivé et je l’ai descendu. C’était mon premier meurtre, après ça plus personne n’a osé contester mon autorité et j’ai fait des cauchemars pendant des mois. Je n’ai jamais aimé tuer, je le fais parce que je suis obligé, parce que j’ai des obligations en vers ma population.

Drew applaudie, on dirait que je l’ai impressionnée :

— Où as-tu appris à tirer comme ça ?

— À l’armé, je réponds.

— Très bien, passons à la suite.

Je les suis à l’intérieur d’un bâtiment, un adolescent est attaché à une chaise. Seule une poignée de mes hommes sont entrainés, ceux, qui se sentent capable de le faire ça. Il n’y a qu’un seul d’entre eux qui n’a jamais tué, mais je l’ai toujours forcé à regarder, il me rappelait mon frère à l’époque où il était innocent. Je voulais l’empêcher de devenir comme lui, qu’il prenne goût à ça.

— Torture-le jusqu’à la mort.

Dans ce genre d’épreuve, Drew ne mettait jamais un innocent, c’est la seule chose bien qu’il fait. J’ai appris cet art avec mon premier bras droit, les endroits douloureux, comment tenir la personne éveillée. À force, ce ne sont plus des humains, ce sont des bouts de viande, les déshumanisés c’est le seul moyen pour ne pas devenir complément fou. Quand j’ai terminé, j’ai du sang partout, j’ai ignoré ses cris, s’enfermer dans une bulle est la meilleure manière de s'en sortir. Je le regarde comme si je faisais ça tous les jours, d’après le profil qu’on m’a construit, Asher était tortionnaire et exécuteur pour l’armée. On a fini par le démettre de ses fonctions quand les journalistes ont découvert ce qu’ils faisaient subir aux prisonniers. Ce personnage colle parfaitement avec ce que recrute mon jeune frère.

— Je crois que nous pouvons t’applaudir, bienvenue dans le club, me félicite-t-il sous les applaudissements.

Par la suite, on m’a fait tatouer, tous les gangs qui se respectent en possèdent un. C’est une marque d’appartenant et de peur. Les gens changent de regards quand ils reconnaissent l'un de ses tatouages. Celui de mon frère est simple, un Beretta 92, son arme préférée, avec une balle qui sort. Tous les membres le portent sur l’avant-bras droit et maintenant moi aussi. J’aimerais ne pas l’avoir, le regarder me rappelle toutes les horreurs que Drew a fait faire à ses hommes, qu’il a faits. Et c’est sans fierté que je fais parties des leurs.

Cela fait maintenant quelques mois que j’ai intégré le gang de Drew, j’ai essayé de donner quelques nouvelles à mes hommes histoire qu’il ne s’inquiète pas. Pour l’instant ils ont l’air de gérer tous les problèmes. David, Ryan et Thomas ont l’air d’aller bien d’après mes informateurs, je n’ai pas entendu mon frère parler de plan pour les éliminer, mais je sens que ça ne va pas tarder. Des bruits courent qu’un gros coup se prépare, pour l’instant je ne suis pas dans la confidence, mais ça ne devrait pas tarder.

Depuis que je suis ici, je n’ai pas réussi à parler seul à seul avec mon frère et aujourd’hui j’en ai l’occasion. J’aimerai comprendre certaines choses, comprendre sa vision du monde.

— Je ne pensais pas te trouver ici, dis-je quand j’arrive au dernier étage du building.

— C’est le seul endroit calme de la tour, le seul endroit où tu peux te défouler, répond-t-il en pointant les machines de sport, un verre à la main, tu voulais me parler ?

Je hoche la tête.

— Je sais que ta relation avec ton frère est compliquée, mais vas-tu te battre contre lui un jour ?

— Tous ceux qui m’importent c’est de le détruire, lui et ses protégés à la con. À l’époque il était mon modèle et on a fini par avoir des visions différentes, ça ne lui avait jamais posé de problème, puis il m'a planté un couteau dans le dos. Il a choisi ses abruties à ma place, il m’a laissé faire tous ceux que je voulais, sans chercher à me raisonner une seule fois. Je ne sais pas ce que j’attendais de lui, peut-être qu’il m’empêche de commettre toutes ses folies. Je ne veux plus être son toutou, son tueur à gags, je veux être son égale et s’il le faut je le réduire en poussière.

Toute cette violence, tout ce sang verser seulement pour me faire passer un message, pour me faire comprendre qu’il avait besoin de moi. Je l’ai abandonné comme papa l’avait fait avec nous quand maman est morte. J’aurais dû l’éloigner de tout ça, ne pas lui promettre qu’il aurait son propre gang à ses dix-huit ans. Comment j’ai pu être si aveugle, si débile ?

— Tu comptes faire quoi ? Il n’avait pas le droit de te laisser, tu dois lui montrer qui est le chef.

Ses mots me déchirent la bouche au couteau, parce qu’ils sont vrais, je mérite qu’il détruise ma vie pour ce que je lui ai fait, peut-être que grâce à Asher je peux être la personne qui est là pour lui, la personne qui puisse encore le sauver.

— Je sais où se cache mon frère depuis quelques mois et j’ai hésité à faire quelque chose. Il a toujours été un très bon adversaire, je dois le reconnaître, mais j’ai besoin d’en finir une bonne foi pour toute. Son règne se termine avec la destruction de son royaume. J’espère que tu es prêt à te lancer là-dedans, les dégâts seront nombreux et rien que de le savoir je ressens une immense joie. Il va perdre tous ses hommes peut-être qu’il mourra aussi avec un peu de chance.

— Compte sur moi.

J’essaye de ne pas laisser paraître le désarroi et le choc de la nouvelle, il va faire exploser mon QG, le réduire à néant et je ne tente même de le sauver, de trouver une autre solution. En fait, j’ai peur que ça paraisse suspect, je dois le laisser faire. Pour l’instant je n’ai trouvé aucun moyen de l’arrêter, j’aimerai ne pas le tuer si c’est possible. Il faut que je prévienne les autres, qu’ils sécurisent le quartier, qu’ils évacuent avant que tout s’effondre.

Après cette discussion, je m’éclipse, Drew m’a dit qu’il faudrait encore quelques heures pour réunir l’explosif et le mettre en place. Il veut que ce soit moi qu’il la mette, à ce moment-là je préviendrais mes hommes.

— Les gars, on a réception le paquet, il ne reste plus qu’à l’installer. Asher tu vas te fais passer pour un facteur, dire-leur que tu dois voir leur chef et que tu as un colis à lui remettre en main propre. Même s’il ouvre il ne remarquera rien, me dit le bras droit de Drew.

Je hoche la tête puis on part. Le stress monte, très peu de gens mon vu comme ça j’ai peur qu’on ne me reconnaisse pas, que je n’arrive pas à les prévenir. Je n’ai plus aucun moyen de leur téléphoner, j’ai détruit le portable quand j’ai failli me faire choper.

Je pénètre dans le bâtiment et me dirige vers l’accueil. Je n’avais jamais remarqué que mes hommes étaient si nombreux à cet étage, et heureusement. Il n’y a que deux moyens d’accéder aux niveaux, soit avec mon autorisation, soit en étant enregistré dans les différents programmes de sécurité de l’ascenseur.

— Bonjour, j’ai un colis important à donner à Monsieur Remington. On m’a demandé de lui donner en personne, dis-je en enlevant ma casquette et remettant mes lunettes.

— OK, attendez là.

Elle prend le téléphone, faite qu’elle appelle Rick, c’est l’un des seules qui peut m’identifier. Je suis soulagé quand il arrive, il a l’air surpris de me voir ici.

— Merci Melinda, maintenant je m’en charge.

Nous montons dans l’ascenseur et il me demande :

— Est-ce que tu fais ici ?

— Drew va faire exploser le bâtiment, vous devez évacuer par les souterrains, fait passer le mot.

— Tu veux dire que dans la boîte…

Je hoche la tête.

— Je n’ai pas le choix, je ne connais pas son ampleur, et personne à part les hommes de Drew ne peut la désamorcer, alors fait en sorte de mettre le plus de gens à l’abri.

— Compte sur moi.

Une fois la bombe posée sur mon bureau, je regarde une dernière fois tout ce que j’ai construit, me remémorant tout ce que j’ai vécu dans cet endroit. Tout ce que j’ai fait pour rester le plus loin possible des radars de mon frère, pour découvrir qu’il savait où je me cachais depuis des mois, est-ce qu’il m’a laissé gagner ? Est-ce qu’il m’a laissé croire que j’avais une chance face lui ?

Le soir même je suis aux premières loges pour voir mon QG s’effondrer. Sans une once d’hésitation, Drew appuie sur le bouton. Une boule de feu et de fumée s'élève au milieu des buildings et un bruit sourd emplit la ville. Les sirènes de police et des ambulances prennent le relais et hurle dans une longue agonie qui est la mienne. J’essaye de ne rien montrer, d’être joyeux, mais au fond de moi je suis brisé. Je l’ai laissé me vaincre, Asher la laisser gagner. J’espère juste qu’ils ont eu le temps de se mettre à l’abri, fait que ma décision n’est tuée personne…

[1] « Mais je n’ai jamais croisé un homme qui ne le méritait pas

Moi traité comme un idiot tu sais c’est sans précédent

Tu ferais mieux de regarder comment tu parles, et où tu marches

Ou toi et tes potes pourriez avoir vos corps dessinés à la craie »