Papa nous interdit une fois de plus de nous aventurer trop loin sur la prairie. Septembre l'a laissée grasse et verte mais octobre semble d'humeur estivale, les herbes prennent les teintes de la canicule.

Avec mon frère, nous ne résistons pas longtemps à désobéir à Papa. Il fait si chaud que nous nous débarrassons de nos t-shirts. Soudain, Melville crie :

 " Seb, viens voir ça. "

Une fenêtre est ouverte dans le sol, menant vers un ciel d'un bleu semblable à celui du lac de montagne où Papa nous emmène parfois pêcher au printemps.

Sebastian se réveilla en sursaut dans la solitude de son abri nocturne. Jocko n'était plus là, l'enfant non plus. Rien que le silence. Ce souvenir était encore vivace dans son esprit, comme une marque au fer rouge que l'alcool et l'héroïne n'avaient pu effacer totalement. Lui y avait vu un monde merveilleux, Melville une vision d'apocalypse. Une question avait toujours taraudé Sebastian : Papa connaissait-il ce secret ?