Pyerr attendit d'être seul dans sa cabine pour décacheter la missive délivrée par un Fauconneau des Robida.

Les lueurs dansantes de la bougie sur le papier des reflets rappelaient au jeune homme les délicates roses topaze que sa mère entretenait dans les jardins de la citadelle, mais aussi le blé des champs estivaux ou encore le maïs engrangé à l'approche de l'hiver.

Il reconnut l'écriture toute en rondeurs presque lyriques de sa mère :

" Mon Pyerr,

J'ignore où te trouvera cette lettre. Ton Père rechigne à m'informer de ton escapade avec le Commandant Artemus. Peut-être m'estime-t-il responsable de t'avoir octroyé trop de libertés durant ton enfance.

Dans son emportement vis-à-vis de ton engagement chez les Verne, je crois qu'il cache son inquiétude concernant Izabella. Elle non plus ne s'est pas présentée à son affectation dans les troupes aéroportées du Général Sponz et les fouilles de nos propriétés n'ont rien donné. Ni ses amies ni le Major Haraldsson ne semblent en mesure de nous aider. Et comme vous avez toujours été l'ombre de l'autre, je me disais que tu avais peut-être une idée qui puisse nous éclairer. As-tu vérifié ta montre ces derniers temps ? "

Pyerr frémit. Sa sœur jumelle n'avait-elle pas commis la folie à laquelle il pensait ?