La route ouverte par les flibustiers, le Providence vogua d'Antigua jusqu'à Tavernier où vivait le Grand Horloger, Lord Bertrand. Le Capitaine Artemus espérait obtenir des mains du vieil homme le sextant qui leur permettrait de s'orienter parmi les constellations de l'autre extérieur.

Pyerr, lui, fondait d'autres espoirs dans cette visite. Depuis la missive de sa mère, son esprit observait avec attention les visages de l'équipage sans qu'il parvienne à débusquer la personne qu'il cherchait, celle avec qui sa montre entrait en résonance harmonique. Aussi discrètement que méthodiquement, il avait fouillé le navire, des postes de vigie jusqu'aux entrailles de charbon du submersible. Nombre de visages lui étaient inconnus. À croire qu'il pourchassait un mirage.

L'Horloger occupé avec les officiers, Pyerr se tourna vers une jeune femme aux cheveux roux :

 " Sauriez-vous me dire si cette montre est toujours à l'heure ?

 - Non, elle retarde de quelques secondes, mais je ne détecte aucune panne. Étrange... Comme si une force la détournait. Souhaitez-vous que je la répare ?

 - Non, surtout pas ! Elle se remettra d'elle-même quand j'aurai trouvé la personne que je cherche.

 - Oh, c'est ce genre de mécanisme. Impressionnant. "

D'un geste vif, presque agressif, Pyerr referma la montre. Des pensées contradictoires se bousculaient dans son esprit. Une seule personne au monde possédait un appareil capable d'enrayer la montre de Pyerr. Izabella, sa sœur jumelle. Tous les soldats de la Garde Royale pouvaient la chercher à travers le continent, ils ne trouveraient jamais. Car elle avait embarqué clandestinement à bord du Providence. En dévoilant ainsi son chronographe, ne risquait-il pas d'attirer sur lui des regards indiscrets ?

 " Si vous le désirez, Aspirant, je peux vous aider dans votre quête. Rien ne me ferait plus plaisir que servir l'Empereur. "

Des masques émergeaient. Alliés ou ennemis ?