438. Bee Cove
Nous revenions d'une nouvelle chasse où, loin d'elle, j'avais retrouvé la colère qui avait longtemps été mienne. Nous conduisions les fuyards jusqu'à leurs baraquements lorsque le contremaître de la plantation nous rejoignit sur le chemin :
" Z'avez eu vent des nouvelles, les gars ?
- Difficile quand on bat la campagne. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Les nôtres ont bombardé Fort Sumter. Ces salopards de Yankees nous ont déclaré la guerre. "
Je ne pus réprimer un frisson et cette désagréable sensation de déjà-vu.
Sous l'oreiller de mon lit, je trouvai une note de celle dont les pensées n'avaient cessé de me poursuivre pendant notre dernière expédition. Avec difficulté, je déchiffrai les mots :
" Monsieur Don,
le monde a pris un virage vers la folie. Après avoir réduit les miens en esclavage, les hommes vont se battre entre frères. Hormis Dieu, qui peut dire à quoi ressemblera notre jardin demain ?
Je vous en conjure, venez me retrouver à Bee Cove. Le vieux Matthias affirme qu'il peut nous conduire de l'autre côté de la frontière.
Willa "
Bee Cove, le paradis des orchidées. Était-ce une porte de sortie honorable pour un homme comme moi ou un piège hideux ?
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