Je rejoignis Beatrice sur la plage, mais je m'arrêtai au bord de son désespoir.

Elle dessinait des volutes concentriques dans le sable. Pour ne pas la troubler, j'attendis en retrait. Je soufflai, une note au-dessus de la brise :

 " Bea ? Tout va bien ? "

Ses yeux quittèrent son mandala pour errer un instant sur le ressac, avant de se poser sur moi, chargés d'émotions dures :

 " Je ne sais pas, Richie. Je me sens dépassée.

 - Par l'arrivée d'Emily ?

 - En premier lieu, oui mais nous trouverons notre rythme.

 - Quoi d'autre ? l'incitai-je en glissant mes doigts dans le bronze de ses cheveux ondulés.

 - Es-tu heureux, Richie ?

 - Oui, mais je me méfie du bonheur. répondis-je alors qu'elle posait un caillou au centre de chaque spirale tracée.

 - Tes guerres sont finies, mon amour. Tu n'as plus à craindre de lendemains difficiles. Je ne cesse de constater tous les jours ces émotions que tu réfrènes.

 - Je ne suis pas très démonstratif, j'en ai conscience.

 - Tu nous aimes, c'est évident, mais j'ai besoin que tu l'exprimes plus souvent, Richie. Ne serait-ce que par un sourire. "

À mon tour, je me perdais dans la contemplation des vagues irisées. Pouvais-je me libérer de ces ombres qui vivaient en moi ou n'avais-je pas trouvé dans leur silence un refuge à mes douleurs ? Ou pouvais-je laisser voler allègrement ce papillon amoureux ?