453. The fountain
Enfant, je m'abandonnais déjà à la dérive des étoiles et aux récits de Papy Merrill.
Au Vietnam, j'avais passé nombre de nuits à me tenir sur les lèvres silencieuses des étoiles plutôt qu'à me perdre dans les brumes de l'alcool et de l'avilissement de la survie.
Ce soir-là, la Lune nimbait Rum Cay d'un éclat auréolin. J'emmenais Beatrice écouter Clifton Chenier au kiosque de Gosford Park. Sous les frondaisons hivernales des chênes, je lui pris la main :
" Un jour, tu m'as dit que nous ne possédions que maintenant.
- Je m'en souviens, oui.
- Aujourd'hui, j'ai bien plus. J'ai certes les ombres opaques au creux des vagues mais j'ai surtout tous les diamants à leurs sommets. Et chacun porte ton visage, Bea et celui d'Emily.
- ...
- Je t'aime, Bea. N'en doute jamais. Et je ferai tous les efforts nécessaires pour l'exprimer. "
Elle se lova contre moi, peut-être à la recherche de mon cœur qui battait.
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