Chapitre 6

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Écrit en écoutant notamment : Against Umanity – Hot BassDrums

  • Perso, j’ai une préférence pour techno, dis-je.
  • Assez d’accord, répond Antoine. Ça fait longtemps en plus, et j’ai bien envie de me défouler, pas vous ?

***

La musique cogne contre les murs en béton nu. La décoration est inexistante. Des flashs blancs agressifs traversent la salle comme lors d’une nuit d’orage. Une odeur intense de sueur et de corps en transe vient stimuler mes narines. Sur scène, le DJ œuvre derrière quatre platines Pioneer massives. Son torse nu dégouline et ses longs cheveux bouclés s’agitent en rythme avec ses mouvements de bras survoltés. Bordel, il doit être plus jeune que moi. Je sens mes tympans vibrer sous la violence des basses qui traversent la boîte cent cinquante fois par minute. Leurs distorsions enflamment encore et encore mes neurones, comme un orgasme qui ne retombe pas.

Je sors uniquement de cet état lorsqu’il achève son set et laisse place à son collègue pour la suite de la soirée. J’en profite pour essayer de retrouver mes amis, que j’ai perdus de vue depuis une bonne vingtaine de minutes. Au final, c’est Sarah qui m’attrape par derrière et m’entraîne vers le bar.

  • On se reprend quelque chose à boire ? Allez, c’est moi qui régale !
  • Je te suis !

Je ne tiens pas particulièrement bien l’alcool, mais de toute façon, vu comme la soirée est partie… Au fur et à mesure que nous nous éloignons de la scène, le son s’atténue et devient plus étouffé. Je me sens soudainement désorienté, la fréquence de mes pas est en rupture avec le rythme qui résonne encore dans ma tête. Sarah me saisit par le bras alors que j’étais sur le point de trébucher sur une marche d’une hauteur ridicule. Je me sentais mieux au milieu de la foule.

***

Je suis arraché d’un profond sommeil par la sonnerie de mon smartphone. Fuck, je suis sûr que j’ai encore oublié de désactiver mon alarme de la semaine. Je me retourne péniblement sur le matelas de fortune installé à la hâte la veille chez mes amis. C’est un numéro de téléphone qui s’affiche sur l’écran. Quelle idée d’appeler à cette heure-ci un samedi matin ? Je replonge dans un demi-sommeil pour tenter de glaner du repos supplémentaire.

Tout d’un coup, je me vois rentrant de boîte avec un mec rencontré sur place. Il m’entraîne jusqu’à son appartement, et à peine arrivés, je me retrouve dans son lit, sur le dos. J’observe son torse dessiné qui me surplombe tandis que son entrejambe, encore couvert par son jean, ondule sur mes abdos. Je glisse mes mains le long de ses hanches pour accompagner ses mouvements. Il est incroyablement beau ! Quelques instants plus tard, je sens la chaleur de son membre envahir mon intimité. La sensation de dilatation est juste parfaite.

Je me réveille le lendemain en caressant son corps, les yeux toujours clos. Je descends le long de son dos pour retrouver les fesses qui m’avaient beaucoup plu la veille. Ma main se heurte soudain à une zone plus poilue… même très touffue après réflexion. Intrigué, j’ouvre les yeux et me penche au-dessus du garçon. Des oreilles orangées et triangulaires sont apparues au sommet de son visage, tandis que de longues vibrisses partent du rebord de son nez. Ok…

Un violent spasme dans la jambe me tire de ces étranges observations. Cette-fois ci, je crois que j’ai bien atterri dans le monde réel, ouf ! Je me rends compte que ma main s’était perdue dans le col fourrure d’un bomber qui traînait au sol… N’empêche, l’alcool ne me réussit pas.

Alors que je me lève afin de déterminer si je suis le premier debout ou non, mon téléphone sonne à nouveau et je crois reconnaître le même numéro. Je décroche en m’installant sur le demi mètre carré de balcon qui donne sur la rue.

  • Martial Bordereau ?
  • Oui, c’est bien moi.
  • Excellent ! Je me présente : Daniel Alekhine, directeur de Brittany Twinks Studios. Je me suis permis de vous contacter directement de la part de votre amie, j’espère que je ne vous dérange pas ?
  • Non, pas du tout, dis-je en me raidissant dans la fraîcheur matinale.
  • Donc elle vous a déjà parlé de mes projets, ou pas du tout ?
  • Seulement dans les très grandes lignes.

Le bonhomme paraît sympathique de premier abord, voyons ce qu’il a à me dire de plus. J’espère juste qu’il ne compte pas me tenir la jambe pendant une heure, car ma tête est vraiment lourde.

  • Et donc, le poste pourrait potentiellement vous intéresser ?
  • Je ne ferme pas de portes, en effet.
  • Parfait ! Donc comme vous le savez, nous sommes établis à Nantes, une ville vraiment très charmante si vous voulez mon avis.
  • Alors je vous crois sur parole, je n’y ai jamais mis les pieds.
  • Est-ce que vous aimeriez venir nous voir sur place ?
  • Euh… pourquoi pas. Vous êtes disponibles quand ?
  • C’est aussi bien possible en semaine que le week-end. Votre profil est suffisamment intéressant pour que je me débrouille dans tous les cas.
  • Laissez-moi quelques secondes…

Je cherche des voyages possibles vers Nantes et constate que mon abonnement me permet d’avoir un trajet à bas prix ce midi. Allez, un peu de folie ne me fera pas de mal, en plus de me permettre de m’aérer. Je porte à nouveau le téléphone à mon oreille :

  • Cet après-midi, c’est possible pour vous ?
  • Bien sûr !
  • Je pourrai donc arriver vers deux heures et demie.
  • Prévoyons quinze heures au studio, ça vous laisse le temps d’arriver tranquillement. Vous avez un retour ?
  • Euh… non pas encore. Parfois, j’oublie les choses les plus évidentes… je fais en sorte que ça n’arrive pas dans mon travail, rassurez-vous. Ah… en effet, c’est un peu plus cher le samedi soir…
  • Je m’occupe de payer votre nuit à Nantes s’il faut.
  • Faisons comme ça, c’est beaucoup mieux pour moi de repartir dimanche, dis-je en glissant la page de réservation vers la droite. Et ça me permettra de visiter par la même occasion.

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