Chapitre 11
Écrit en écoutant notamment : D-Sturb – Limitless
Dimitri - IV
Deux mois plus tard.
- Dimitri, décale-toi un peu plus sur le côté… Oui, comme ça, c’est parfait… Tu peux essayer de cambrer plus le dos ? … Excellent !
Son partenaire du jour est en train de le prendre debout en lui embrassant le cou. Un de ses bras lui entoure les pectoraux. Dimitri laisse son corps vaciller sous les coups de rein et penche régulièrement sa tête vers l’arrière en poussant des gémissements de plaisir. Il sait que son air de bad boy athlétique qui subit ces assauts virils – moyennant quelques grimaces bien placées – est très émoustillant.
Après quelques minutes, il est temps de changer de position pour passer en missionnaire, puis à quatre pattes. Dimitri en profite pour retirer le béret marin au pompon rouge qui couvrait ses cheveux blonds. C’est la position qu’il préfère, une de celles où il prend le plus de plaisir, même en tournage. Il essaye de travailler sa souplesse en dehors, mais la plupart des positions acrobatiques qu’on lui impose et qui plaisent ont tendance à lui donner des crampes rapidement, ou bien à le faire débander. Justement, certains de ses collègues prennent des produits pour pouvoir être au maximum de leur forme pendant plusieurs heures, mais c’est quelque chose qu’il préfère éviter. De toute façon, il est majoritairement passif lors de ses scènes, alors c’est moins fondamental.
- Super boulot, les gars, lance Daniel depuis le pas de la chambre. Je vous laisse, j’ai une réunion en visio pour discuter d’un prochain projet de collab’.
Même s’il laisse ses cameramen et réalisateurs diriger les tournages, ce dernier aime toujours passer une tête quand il le peut. De manière générale, Dimitri apprécie la confiance qui règne dans l’équipe ; c’est une chance dans un tel milieu. Derrière lui se tient la nouvelle recrue, en charge d’améliorer le site du studio et de faire des stats dessus, d’après ce qu’il a compris.
Le tournage de la scène est sur le point de s’achever ; il ne manque plus que le feu d’artifice final. Dimitri s’allonge sur le dos et son partenaire se positionne au-dessus de son torse en se masturbant. Il saisit à son tour son sexe afin de remonter vers un plateau d’excitation qu’il peut contrôler.
Sans prévenir, les souvenirs de sa dernière visite chez sa mère resurgissent dans son esprit. Alors qu’elle faisait encore son possible pour montrer une façade de battante il y a un mois, il l’a trouvée cette fois-ci dangereusement déprimée. Elle avait du mal à projeter la moindre issue heureuse. Dimitri a passé une bonne partie de l’après-midi à l’aider à remettre la maison en ordre : la vaisselle n’avait plus été faite depuis plusieurs jours, on aurait dit une coloc’ étudiante après un week-end de débauche.
Il se demande à nouveau s’il ne faudrait pas qu’il quitte son appartement du centre-ville nantais pour plus se tenir à ses côtés… Le temps de faire abstraction de ces problèmes, il est déjà trop tard, difficile de se remettre en condition pour la fin de la scène. Peut-être qu’un gros fantasme et des va-et-vient énergiques sauront provoquer une jouissance très mécanique… Il signifie qu’il lui faudra quelques bonnes minutes, mais que ça devrait le faire.
Une fois l’affaire terminée, Dimitri reste allongé, les bras croisés sur le torse. Il est littéralement épuisé : sa tension artérielle est montée à tel point que ses oreilles se sont bouchées et qu’une barre douloureuse appuie sur son front.
- Tout va bien ? s’enquiert Kenzo.
Son partenaire s’est assis sur le rebord du lit et lui caresse la cuisse avec bienveillance. Il est arrivé au studio au début de l’été, contrairement à Dimitri, qui y tourne depuis presque deux ans. Quand il s’agit de baiser, ce Kenzo est une vraie machine !
- Oui, ça va déjà mieux. Des petits soucis persos…
- Oh, d’accord… En tout cas, j’ai adoré tourner avec toi. Tu veux qu’on aille se prendre un verre pour te remonter le moral ?
- C’est même pas une mauvaise idée… Allons-y.
***
- J’ai hâte d’aller à Saint-Malo, pas toi ? lance Kenzo.
- Si si, je pense qu’on va bien s’amuser.
En effet, Daniel a prévu deux jours là-bas pour tourner des intros de films dans les fameux remparts de la ville, en plus de shootings photo. Dimitri y était déjà passé il y a plus de dix ans, mais ses réminiscences restent vagues. À cette époque, ses parents étaient encore ensemble… avant que son père ne les abandonne peu après le diagnostic d’insuffisance rénale grave de sa mère. Ils avaient appris par la suite qu’il entretenait certaines relations depuis plusieurs années.
Par principe, Dimitri s’obstine à ne pas répondre aux quelques sollicitations de son père, qui arrivent en général tous les deux mois.
- Ah tiens, le bar des geeks ! lance Kenzo en désignant du doigt les clients de La Confrérie du Blitz.
- Ouais… chacun ses passions… Mais c’est sûr qu’on sera bien mieux au Gay’pard.
Deux minutes après être entrés, un type d’une trentaine d’années vient interpeller Dimitri.
- Eh mais t’es un acteur de Brittany Twinks, ou je me trompe ?
- Euh… oui.
- Trop cool ça ! J’adore ton travail ! Je vous offre un verre, les mecs ?
- Oui, c’est gentil. Tu veux faire une petite photo ?
Dimitri commence presque à avoir l’habitude de ces opportunistes. Un selfie est la manière la plus efficace de se montrer poli avant de les congédier sous un prétexte foireux. Il est déjà trop occupé pour se permettre de copiner avec n’importe quel type, surtout lorsque celui-ci n’est pas à son goût. Sur ce point, il n’est pas très original, ce sont les jeunes minets taillés comme lui, qu’ils soient blonds ou châtains, qui lui plaisent le plus. Le blond vénitien est également superbe, quoique bien plus rare.
En cette fin d’après-midi, ce sont des classiques pop qui animent le bar : Ariana Grande, Shawn Mendes… Le lieu est encore calme, comparé aux soirs de fin de semaine. Il devient alors difficile de se frayer un chemin parmi les mecs torse-nu, qui se draguent au rythme d’une musique house entêtante, et on peut aisément tomber sur des scènes peu orthodoxes en allant se rafraîchir aux toilettes.
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