Chapitre 44
Écrit en écoutant notamment : Maddix – 90s Bitch
Alexis et Dorian prennent rapidement leurs aises sur le lit king size de la chambre au décor maritime. Ils placent un néon rouge en forme de X derrière eux et s’installent pour une première pose : Dorian est à genoux, la tête penchée vers l’arrière, tandis qu’Alexis, collé dans son dos, dépose ses lèvres dans son cou. J’ai terriblement envie de faire la même chose avec Dimitri !
Mes deux amis enlèvent leur haut et se mettent de face pour s’embrasser. Ces séances ne leur sont certainement pas étrangères : ils déplacent méthodiquement leurs mains pour dessiner de nouveaux tableaux, qui deviennent de plus en plus sensuels à mesure qu’elles descendent plus bas vers leurs fesses. Alexis a de nouveau sorti le slim qui lui donne un cul d’enfer – surtout lorsqu’il cambre son dos de cette manière.
Il récupère les menottes duvetées et les passe aux poignets de son copain.
- D’ailleurs, on n’a pas trouvé les sex-toys qu’on voulait, dit-il. Il faudrait juste des godes classiques, vous devez en avoir, non ?
- Carrément ! Ceux-là, je sais exactement où ils sont, réponds-je en allant ouvrir la caisse dédiée.
C’était celle qui m’avait détruit un orteil, lors de la nuit que Daniel m’avait fait passer ici. Mon bleu ne s'était estompé qu'au bout de quatre jours.
Alexis prend un air malicieux :
- Ça t’arrive de t’amuser quand t’es sûr d’être seul au studio, le soir ?
- Euh… non, enfin une ou deux fois, quoi…
- Oh, le coquin ! s’écrie-t-il, absolument ravi de sa trouvaille.
- Mais c’est dangereux, tempéré-je. Mon boss est capable de passer à n’importe quelle heure, il lui arrive de passer la nuit ici s’il a beaucoup de taf.
En conservant mon sérieux, je leur sors précisément le jouet en silicone noir avec lequel j'avais exercé ma souplesse intime.
- Parfait ! lance Dorian.
Ce dernier s’allonge sur le ventre en croisant ses mains menottées sur son dos. Alexis appuie avec l’extrémité du sex-toy contre son pantalon, en faisant mine de le pénétrer. Il lui chuchote des encouragements pervers alors même que ça n’apportera rien à la photo, si ce n’est une couche de naturel.
- J’ai juste une question, sans vouloir être trop indiscret… hésité-je.
- Vas-y ! dit Alexis. Il n’y a pas grand-chose qui nous gênera.
- Quels sont vos rôles lorsque vous… enfin qui est…
- T’inquiète, j’ai compris ! Avec Dorian, j’ai surtout un passif d’actif, mais il nous arrive d’échanger. Et toi ?
- Hmm, même si mon échantillon d'expériences est encore réduit, je dirais surtout passif.
- Ok ! En tout cas, si t’as un retardateur, on peut se faire des poses à trois. Ça peut être marrant !
Ils ont vraiment une fascination pour tout ce qui se pratique à trois.
- C’est-à-dire que… maintenant, j’ai un copain aussi. J’avoue que je ne serais pas cent pour cent à l’aise.
- Oh, c’est pas comme si on s’enculait ! Blague à part, je respecte complètement ta conception de la fidélité. Si t’as une photo de lui, par contre, je suis pour ! Je suis curieux de voir à quoi ressemble le petit ami de Martial.
- Je dois avoir ça… quoique… non ! J’ai beaucoup mieux ! Suivez-moi.
Je m’arrête devant le poster montrant Dimitri à moitié dénudé et lâche avec une indifférence surjouée :
- Et voilà, c’est lui.
- Mais non ! s’égosille Dorian. Attends… Nils Foxx, c’est bien ça ?
- Tout à fait ! Regarde, c’est même marqué dans le coin. Son vrai prénom est Dimitri.
- Ah oui, dit-il en se rapprochant du poster. Ça me fait juste marrer de l’avoir vu se faire tringler bien salement. Mais c’est ouf, t’as assuré ! Tu l’as rencontré ici, au taf, j’imagine ?
- Exactement, ça a été rocambolesque, mais on est sur la bonne voie.
- Attends… attends, le calme Alexis. Tout à l’heure, il m’a déjà fait croire qu’il était acteur.
- Pour le coup, là, c’est la pure vérité ! assuré-je.
- On attend de le rencontrer en chair et en os, alors. Et pourquoi pas à poil…
- Euh… moins sûr pour la fin. Je n’ai pas tellement envie de le partager. Je sais, ça peut paraître paradoxal... mais il est bien plus que l'image de twink insatiable qui lui est prêtée.
Alors que je passe en revue les premières séries de clichés, un énorme fracas résonne depuis la remise. Oh merde, j’espère qu’ils ne m’ont pas renversé toutes les étagères.
Je me précipite vers les lieux du crime, pour finalement trouver ces deux idiots en train de transporter la grande croix de Saint-André.
- Je me suis pris le pied dans une lanière, se justifie Dorian. Mais tout va bien.
Je dois me retenir de rire en les observant fixer la croix contre un mur de la chambre. Ils n'ont vraiment pas froid aux yeux ! Dorian se débarrasse ensuite de son pantalon pour se retrouver en jockstrap face à l’instrument. Il exhibe fièrement son dos, ses fesses et ses cuisses.
- C’est froid ! gémit-il en prenant appui sur la structure métallique.
Afin de garantir un confort minimal, la croix est au moins matelassée au niveau des genoux, des coudes et du sexe. J’aide Alexis à fixer les liens aux chevilles, puis ceux aux poignets. Nous serrons suffisamment pour qu'il se sente contraint, sans non plus lui couper la circulation sanguine. Quelques réglages à adapter derrière la caméra, puis je leur fais signe du pouce lorsque je suis ok.
Dorian, aveugle aux intentions de son copain, se tend à chaque claquement du martinet. Les coups qui atteignent ses fesses sont heureusement plus mesurés, ce qui n’empêche pas de les faire rougir : sa peau claire marque fort. De mon côté, je mitraille pour leur offrir le meilleur souvenir de cette soirée.
Alexis se déleste ensuite de son accessoire et se rapproche très fort de son copain, jusqu’à onduler contre son corps. Je me décale alors sur le côté pour mieux saisir la scène. Ces deux-là sont liés par une authentique complicité ; les caresses d’Alexis paraissent à la fois naturelles et parfaitement maîtrisées, comme s'il avait mémorisé une carte secrète indiquant toutes les zones de plaisir de Dorian.
***
- Est-ce que ça te dérange fondamentalement si on continue par du nu ? m’interroge Dorian.
- Avec ce que j’ai déjà vu, ça ne me choquera pas.
- Trop cool !
Il ne lui faut pas plus de dix secondes pour virer le jockstrap et révéler son érection. Il se couche cette fois sur le dos et Alexis vient caler sa tête contre ses abdos. Ses lèvres sont littéralement à cinq centimètres de son sexe. Dès l’instant où je les laisserai seuls, ils n’attendront pas pour se sauter dessus... Sans vouloir me considérer comme voyeuriste, j’attends avec impatience qu’Alexis imite son copain ; la promesse des capotes « taille large » me trotte encore dans la tête.
***
- On est bon, les mecs ?
Le couple acquiesce et nous tâchons donc de remettre le studio d’équerre. Sans surprise, ils acceptent ma proposition de rester jusqu’au petit matin.
Un cliquetis discret venant de l’entrée m’interpelle soudain. À côté de moi, Alexis a aussi relevé ce bruit caractéristique. Le son se répète plusieurs fois à l’identique.
- Dorian ? essayé-je.
- Ouais, qu’est-ce qu’il y a ? répond-il depuis la salle de bain.
- Euh… merde. Rapplique vite et éteins tout !
Enfermés dans la chambre, nous nous figeons en respirant le plus doucement possible. Dorian est toujours à poil à un mètre de moi, mais ne bande plus du tout. La porte d’entrée du studio se débloque d’un coup, puis est refermée délicatement. Des pas feutrés résonnent dans la nuit ; ils sont au moins deux.
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