Chapitre 47
Écrit en écoutant notamment : Alignment – Close Your Eyes
- Euh… d’accord. Je crois que j’en ai aussi très envie.
- On dirait bien, ouais !
Il est en train de mater outrageusement le haut de mon pantalon.
- Je vais essayer de ne pas me mettre de pression, dis-je. Je n'ai jamais été actif jusqu'à maintenant.
- Mais aucun problème ! C’est super que tu me le dises. Et… ça me chauffe grave de te faire découvrir ce côté-là !
- Par contre, j’ai pas pensé aux capotes.
- J’ai ce qu’il faut, dit-il en fouillant dans le tiroir de sa table de nuit.
- Super, ça !
L'enthousiasme que j'affiche n’est pas tout à fait en adéquation avec mon angoisse de bien faire. Certes, s’il m’aime vraiment, il pardonnera mon inexpérience dans cette position, mais je n’ai pas envie que la soirée ressemble à un cours. Je souhaite réellement le satisfaire, comme à l’instant.
- Allonge-toi tranquillement et profite, m’intime-t-il.
Je me plie à sa demande et rajoute un deuxième coussin pour surélever ma nuque. Installé ainsi, je pourrai suivre chacun de ses mouvements. Dans un dernier effort, je l’aide à me mettre torse-nu, puis je relâche définitivement mes bras le long de mon corps.
Ses baisers démarrent entre les pointes de mes clavicules, puis parcourent la légère dépression qui sépare mes pectoraux. Il s’arrête plus longuement sur la zone des abdos, tout en enserrant mes flancs. Ses épaules anguleuses s’enroulent gracieusement au-dessus de moi et ses cheveux chutent vers l’avant, cachant ses yeux derrière un rideau blond.
Il recule d’un mouvement agile pour se positionner au-dessus de ma ceinture. Je ferme les yeux et me concentre sur l’alternance de nos souffles. Le sien, en particulier, est haché par des compliments qui aiguisent mon désir :
- Des beaux abdos… et cette ligne de poils… il faut que je descende encore plus bas ?
- Tu… peux.
Je suis ses mouvements à l’aide du tintement de la boucle de ma ceinture, ainsi que de la tension qu’il applique pour désengager la lanière. Il descend d’un coup ferme mon pantalon à mi-cuisse, mais attend un moment avant de continuer à me toucher. Il me fait me sentir comme une œuvre d’art qu’on n’admire qu’avec les yeux.
Mon érection est à son paroxysme et il me tarde de sentir ses mains me parcourir. Je suis presque surpris lorsque sa paume se referme enfin sur le haut de mon sexe. Mon corps se tend et je replie mes cuisses vers moi. Dimitri effectue de premiers allers-retours, puis ramène mon sexe en position verticale et le retient avec ses lèvres.
- Comment ça va ?
- Très bien ! Trop bien !
- Tu vas jouir ?
- Non non, pas encore !
Les quinze secondes pendant lesquelles il m’abandonne, afin de déchirer l'emballage du préservatif, me paraissent horriblement longues. Il s’occupe de dérouler attentivement le latex jusqu’à la base de mon sexe et s’assoit sur mon bassin une fois sa tâche terminée. Je mime la pénétration en coulissant pour l’instant seulement le long de sa peau. Ce contact m’enflamme déjà à tel point que je crains de ne pas résister longtemps lorsque je serai en lui.
Je lui ceinture la taille à son endroit le plus fin. En serrant fort, mes doigts se rejoignent sur ses vertèbres lombaires et un sentiment d’appartenance me traverse fugacement. Je veux l’embrasser. Je veux ses lèvres d’ange. Je veux qu’il m’aime, rien que moi.
Il pivote d’un demi-tour pour se mettre à quatre pattes en me présentant le galbe de ses fesses.
- Tu as envie de préparer mon trou ? me demande-t-il.
- Est-ce que tu en as vraiment besoin ?
- Mécaniquement, un peu de lubrifiant suffirait, mais j’aime ça autant, voire plus, que la pénétration. Ça te met mal à l’aise ?
- Pour moi, pas du tout ! Mais c’est vrai que certains mecs ne…
Je préfère ne même pas terminer ma phrase. Lui progresse déjà le long de mes jambes : les baisers sur l’intérieur de mes cuisses ont laissé place à des massages qui courent le long de mes mollets. Lorsqu’il atteint mes plantes de pieds, mes orteils se crispent vers l’avant et me rappellent que je suis extrêmement réceptif à ces stimulations.
Le sillon de ses fesses est parfaitement rasé, ce qui ne m’étonne pas au vu des standards de tournage dans les films gays. Je ne m’en plaindrai jamais, car si j’apprécie une fine couche de poils sur le devant, ici, une peau lisse à la couleur uniforme m’excite bien plus. C’est aussi plus engageant pour passer sa langue ! Je ne tarde pas à mettre mes envies à exécution, en commençant par de petits coups de pinceau sur l’extérieur de l’anus. Chaque touche provoque un infime tressaillement que seule la pointe de ma langue peut ressentir. De cette manière, j'échauffe ses désirs jusqu’à avoir des crampes dans la mâchoire.
J’approche alors mon index et le pose sur la région en forme de cercle que j’ai déjà humidifiée. Cette fois-ci, il ne peut attendre et recule avec précaution vers moi, de sorte que ma dernière phalange se retrouve captive, serrée par l’anneau de son entrée. Je continue de mon propre chef la progression dans son intimité jusqu’à la base de mon doigt, puis effectue des mouvements de crochet légers. Je suis dubitatif, car je n’y suis jamais parvenu sur moi-même, mais soi-disant, c’est la bonne manière de stimuler la prostate.
Comme cela m’arrive parfois, mon esprit se cristallise sur la scène que lui offre mes sens. Il produit une image figée, sortie de son contexte, qui me frappe par son incongruité. Comment se fait-il que ce garçon me présente ses fesses musclées ? Pourquoi suis-je en train de le caresser à cet endroit ?
- Encore ! répète Dimitri en me faisant remarquer que j’ai mis mes mouvements en pause.
Le pilote automatique se réenclenche d’un coup. Oui, Dimitri, le mec que j’aime : rien d’anormal en somme. Sa tension s’est suffisamment relâchée pour que je puisse élargir le passage. L’avantage, avec deux doigts, c’est que je peux les écarter à ma guise, soit dans l’axe de son sillon, ou plus difficilement, dans la direction perpendiculaire. Il a l’air d’apprécier.
Dimitri se ressaisit soudainement de mon sexe. Je devais être tellement concentré sur ma tâche que mon érection est retombée. De simples caresses et la promesse mentale de la pénétration à venir suffisent à lui redonner son volume maximal.
Nous comprenons en même temps que l'heure de gloire est arrivée. Je vais seulement faire en sorte que mon étendard, bien levé, ne se retrouve pas sanglant ; ce sera mieux pour lui ! Sa main appuie fort sur mon sternum pour me maintenir dans ma position couchée.
Il positionne son bassin au-dessus du mien et descend d’un seul mouvement franc, de sorte que je le possède entièrement. Il aime les préliminaires, mais quand il faut y aller, il ne traîne pas ! Mon sexe est tellement raide que j’ai besoin de reculer et de me renfoncer au maximum pour transformer cette tension en ondes de plaisir beaucoup plus satisfaisantes. Je ne peux que regretter d’avoir évité la position d’actif jusqu’à aujourd’hui. En fait, j’en suis tout à fait capable !
Je ressens à la fois mon emprise sur son corps, mais aussi le contrôle qu’il exerce sur la pénétration. Les deux sentiments me parcourent comme deux séries de vagues perpendiculaires qui se frappent et explosent en grandes gerbes d’eau.
Il se relève tout d’un coup après un round de chevauchée.
- Attends. Faut que je passe deux minutes à la salle de bain, histoire qu’on évite un désastre naturel, si tu vois ce que je veux dire.
- Ah oui… Pas de souci, je t’attends.
À l’instar de chez moi, sa chambre, et son appartement en général, sont décorés avec parcimonie. Ça ne me déplaît pas : j’ai envie de croire qu’en contrepartie, son âme recèle des trésors cachés qui demandent plus qu’un simple coup d’œil. La contraposée n’est pas forcément vraie ; en tout cas, je ne souhaite pas faire honte à Sarah, ni à sa collection de mangas et de posters représentant le Pays du Soleil Levant.
- Voilà, c’est ok ! annonce Dimitri en revenant dans la chambre.
Il a pris nettement plus de temps que prévu.
- T’es sûr que tout va bien ? demandé-je. J’ai adoré, mais je ne veux te forcer à rien, on n’est pas sur un tournage.
- Mmh, t’as raison, rien ne nous interdit de terminer de manière plus chill. Il n’empêche que tu m’as très bien fait l’amour.
Je ne peux réprimer un sourire de couillon devant ce compliment. Pourtant, c’est lui qui a fait tout le travail… Nous nous mettons à genoux, en nous faisant face, pour nous masturber l’un l’autre. Son sexe est brûlant.
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