Chapitre 48
Écrit en écoutant notamment : DJ Mad Dog x Dr. Peacock – Fade To Black
Trois minutes de ce traitement me suffisent pour atteindre un plateau d’excitation. À ce stade, je préfère reprendre la maîtrise de mon corps et laisser à Dimitri le soin de parvenir au même niveau.
- Viens au-dessus de moi, j’aime beaucoup ça, dit-il en se laissant tomber en arrière.
- Je peux terminer… sur toi ?
- Bien sûr. Évite juste les yeux et les cheveux, c’est pas pratique à nettoyer, rigole-t-il.
Ayant son accord, j’accélère mes mouvements jusqu’à la délivrance. Celle-ci prend la forme de traînées qui se croisent au-dessus et en dessous de son nombril.
Une fois les vagues de plaisir amorties, je me cale avec volupté contre son épaule pour observer l’arrivée imminente de son orgasme. Je suis surpris de constater, malgré la retombée de mon excitation, que la scène me plaît. La main posée sur sa poitrine me permet de ressentir les battements de son cœur, étonnamment lents mais vigoureux.
Contrairement à moi, Dimitri exprime sa jouissance bien plus ouvertement. Je suis émerveillé par les râles de plaisir qui accompagnent ses regards : ses yeux s’ouvrent et se referment plusieurs fois pendant son extase, comme s’il s’assurait de ma présence à chaque seconde.
Je brûle mes dernières forces afin de trouver une position confortable, enfoui contre son sternum. La chaleur de son corps encore transi par notre union charnelle me rassure.
***
J’ouvre l’œil exactement une minute avant que le réveil programmé hier soir ne sonne. Vu l'heure, j’aimerais laisser Dimitri dormir ; le train le plus abordable vers Paris part avant sept heures du matin. En plus, je dois encore repasser chez moi, car je n’avais pas prévu de passer la nuit ici. Nous nous sommes encore embrassés pendant des heures, tout en discutant de bêtises dans son lit. Je crois que c’est une de mes activités préférées : le temps est passé à une vitesse folle !
Malheureusement, mon plan « discrétion » échoue, puisqu’il s'éveille dès que je pose un pied par terre. La simple vibration dans le matelas a dû le tirer d’une phase de sommeil léger. Je me penche vers ses épaules dénudées qui dépassent de la couette et les caresse en lui intimant de se rendormir.
Après m’être habillé, je vide un grand verre d’eau et saisis ma veste au porte-manteau.
- Attends, j’arrive, chuchote Dimitri en arrivant dans mon dos.
Nous sommes dehors moins de cinq minutes plus tard ; il est bien courageux de m’aider à affronter le petit matin. Je brise le silence, bien qu’il ne soit pas embarrassant :
- En fait, ta décision est définitive, par rapport au studio ? demandé-je.
- Oui. J’y réfléchissais déjà depuis plusieurs mois. J’ai voulu attendre cette collaboration avec les Tchèques pour encore m’assurer des revenus pour les mois à venir. Et… il faudra vérifier dans le contrat, mais il est possible que je sois tenu de quelques obligations, même après la rupture.
- T’as des nouvelles de Daniel, d’ailleurs ? Parce qu’on a fait notre possible pour préparer les papiers avec Raquel, mais ça serait mieux d’avoir son accord.
J’espère naïvement qu’il m’apportera une réponse tout à fait ordinaire, malgré la visite des deux hommes dans le bureau de notre boss, jeudi soir. Je serais rassuré.
- Non, pas du tout. On pourrait demander à son mec pour avoir des infos, au pire.
- T’as raison, je ferai ça, dis-je pour ne pas m’éterniser sur le sujet.
Nous nous postons dans un silence religieux sur le rebord de la voie du tram en attendant le passage d’une rame. À notre droite, une dame âgée patiente en prenant appui sur son chariot de courses. Elle dévisage les deux lycéens emmitouflés dans leur capuche qui campent de l’autre côté du quai, une canette de 8.6 à la main. Je remarque que Dimitri sourit aussi devant la scène.
Un grondement signale la fin définitive de notre nuit ensemble. Dans trente secondes, je devrai quitter mon garçon préféré.
- Merci pour cette soirée, c’était magique, dis-je.
- Et il y en aura d’autres, répond-il en posant ses mains sur mes épaules.
Je suis obligé de l’embrasser. Il le mérite tellement.
Ses lèvres refroidies par la nuit ont un goût différent, mais tout aussi enivrant. Encore cinq secondes, peut-être six, ou sept. Il faut que je fasse des réserves jusqu’à la semaine prochaine.
Finalement, pressé par le son des portes automatiques, je monte à regret dans le tram. Je suis Dimitri du regard jusqu’au dernier moment, à travers la vitre.
***
Dès que je ferme les yeux, les contours de son visage fougueux, l’image de ses abdos tendus et de son trou qui glisse à la verticale le long de mon sexe, me reviennent en tête. J’ai déjà envie de recommencer, et pourquoi pas d’essayer de me montrer plus dominant, car même en dehors du studio, il semble aimer les pénétrations franches et appuyées. Nous ne sommes pas faits du même bois, car de mon côté, je suis vite gêné lorsqu’on me prend trop profondément.
J’ai croisé mes bras sur ma taille pour éviter que mes érections à répétition soient trop voyantes dans le train. Encore une demi-heure de voyage jusqu’à la gare Montparnasse, puis de nouveau trois quarts d’heure pour arriver jusque chez mes parents.
***
- T’es encore en train de jouer aux échecs ?
Mon frère a débarqué en trombe dans ma chambre. Le pire est que ce gros flemmard vient tout juste de se lever alors que moi, j’ai déjà trois heures de voyage dans les jambes.
- Et oui ! C’est pas toi qui vas me faire la morale là-dessus.
- D’accord, tranquille ! Je voulais juste te proposer un foot.
- Ah ouais ?
- On a réservé un terrain avec des potes, mais y en a un qui vient de nous lâcher. On se retrouve à un nombre impair.
- C’est si problématique ?
- Bah ouais, c’est moins drôle.
- Donne-moi une seule raison valable d’aller me faire chier deux heures avec eux. Non pas que je les aime pas, mais… voilà quoi.
- Hmm, tu pourras mater leurs abdos dans les vestiaires. En général, c’est bien gaulé, un footeux.
- Ils ont dix-sept ans ! Je ne veux pas passer pour ce genre d’obsédé ! C’est raté, frérot.
Il s’approche de moi et me pince méchamment les côtes, si bien que je sursaute sur ma chaise et que je clique à côté de l’endroit voulu. Moi qui croyais qu’il s’intéressait à ma partie…
- Bordel, tu m’as fait perdre ma dame !
- T’as qu’à en refaire une.
- Très drôle… Bon, c’est à quelle heure, votre foot ? me résigné-je en abandonnant la partie.
- On part d’ici dans une demi-heure.
Je crois que je suis trop facile à convaincre. En même temps, ça serait stupide de revenir sur ma décision ; ce sera toujours un pas de plus vers un physique qui plaira encore plus à Dimitri. Même si j’ai d’autres atouts, j’ai peur d’être concurrencé par un gars aux muscles plus apparents. Je le sais d’autant mieux que, comme l’immense majorité des mecs gays, un torse aux reliefs saillants me fait perdre la tête.
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